La protection d'un patrimoine exceptionnel en Guyane
La préservation du rôle écologique des forêts est un des enjeux essentiels de la politique de gestion durable. Afin d'appréhender les différents types de diversité biologique (gène, espèce, population, écosystème), la démarche d'aménagement mise en œuvre consiste en un ensemble de dispositions à trois échelles différentes :
- au niveau de la région biogéographique par une coordination des actions entre les différents aménagements forestiers à l'échelle de la « Région Nord Guyane » permettant le maintien d'unités géo-morphologiques forestières intactes en continuité sur plusieurs milliers d'hectares ;
- au niveau de l'aménagement de la forêt par la mise en place de séries d'intérêt écologique ;
- au niveau de la parcelle d'exploitation par la possibilité d'actions conservatoires (réserve de semenciers, d'arbres ressources clés, préservation de sites d'intérêt écologique).
Un enjeu de taille...
L'enjeu est, tout en développant le territoire et en aménageant la forêt, de préserver les différents éléments qui la composent et donc de préserver les rôles et services de chacun d'eux :
- la conservation de la biodiversité dans toutes ses formes : écosystèmes, habitats, espèces, gène ;
- l'importance des forêts dans le cycle global de carbone (préservation de la capacité des forêts à stocker du carbone) rend les stocks de carbone aussi important que la biodiversité dans les décisions du gestionnaire ;
- la préservation des sols est un élément essentiel du maintien des processus de dynamique naturelle mais également en raison de l'important stock de carbone que ceux-ci renferment ;
- la préservation des milieux aquatiques en raison de la patrimonialité contenue dans les forêts marécageuses et ripicoles et du potentiel touristique que les fleuves et rivières de Guyane possèdent.
Cette protection et cette conservation des écosystèmes forestiers sont prises en compte dans l'aménagement des forêts relevant du régime forestier. Les zones à protéger et conserver sont classées en séries d'intérêt écologique ou séries de protection physique et générale des milieux et des paysages. Certains espaces peuvent aussi faire l'objet de demande de création de réserve biologique, présentant un statut de protection plus élevé.
Les séries d'intérêt écologique
Les séries d'intérêt écologique (SIE) sont choisies de manière à prendre en compte systématiquement la protection des zones identifiées contenant des espèces protégées ou déterminantes et les habitats patrimoniaux reconnus.
- on recherche la préservation d'un maximum d'habitats selon la répartition des différentes unités géo-morphologiques (échantillon exhaustif et représentatif de tous les habitats naturels présents en forêt aménagée - protection d'une diversité de biotopes et d'écosystèmes), en essayant de constituer des blocs les plus vastes possibles afin de maintenir l'intégrité fonctionnelle de ces habitats ;
- leur fonction est de conserver toute la diversité écologique recensée dans les forêts aménagées, de servir de zone refuge pour la faune, ainsi que de lien physique (corridor) avec les zones forestières non soumises à des perturbations humaines, à partir desquelles pourra se faire une recolonisation après exploitation ;
- les secteurs forestiers sélectionnés en SIE sont exempts de perturbations récentes et si possible éloignés des principaux axes de pénétration du massif pour conserver une dynamique de fonctionnement totalement naturelle.
A noter que l'activité minière est incompatible avec les objectifs et critères des SIE à cause des impacts qu'elle génère : ouverture de pistes, destruction des milieux et perturbation de la dynamique naturelle.
Les séries de protection physique et générale des milieux et des paysages
Les séries de protection physique et générale des milieux et des paysages sont définies à partir de caractéristiques retenues en vue d'assurer :
- la protection des zones de captages d'eau potable ainsi que la protection des têtes des bassins versants des criques concernées ;
- la protection des berges des principaux fleuves permettant de lutter contre l'érosion et de préserver les zones de transition entre les deux rives facilitant le passage des animaux ;
- la protection des paysages et notamment des principaux sauts qui participent à la mise en place de zones d'intérêt touristique et constituent de ce fait des zones d'installation privilégiées ;
- la recherche d'un continuum écologique (zone d'un seul tenant le plus vaste possible) de façon à maintenir l'aspect fonctionnel des habitats préservés.
Pour une meilleure protection de la biodiversité
La continuité entre les zones d'intérêt écologique, de protection physique et générale des milieux et des paysages, les espaces protégés (réserves naturelles nationales et réserves biologiques intégrales existantes notamment) et les zones de forêts non exploitées, est recherchée. Elle permettrai d'atteindre les objectifs souhaités, notamment, le maintien d'un continuum forestier (corridors) ouest/est mais également nord/sud, de réduire l'accessibilité et donc les perturbations humaines et ainsi, optimiser leur efficacité vis-à-vis de la préservation de la faune sauvage.
La préservation de l'intégrité de ces zones de conservation est indispensable afin qu'elles jouent pleinement leur rôle.