Un observatoire des écosystèmes forestiers

RENECOFOR est un réseau national de suivi à long terme des écosystèmes forestiers. Sa création en 1992 par l’ONF fait suite aux engagements de la France pour contribuer au suivi international des impacts des pollutions atmosphériques sur les forêts.
Sa mission est de détecter d’éventuels changements dans le fonctionnement des écosystèmes forestiers et de mieux comprendre les raisons de ces changements. Il est constitué d’une centaine de sites permanents où la forêt est observée dans ses différentes composantes : les arbres, le sol, l’atmosphère et la diversité végétale.
Les composantes de l'écosystème forestier observées dans le réseau RENECOFOR
Les composantes de l'écosystème forestier observées dans le réseau RENECOFOR - ©ONF


3 phénomènes suivis à la loupe :

  • la réaction des écosystèmes forestiers aux évolutions du climat ;
  • l'équilibre des éléments nutritifs sous l'effet notamment des pollutions atmosphériques ;
  • l'évolution de la diversité des espèces végétales.

Pourquoi observer les écosystèmes forestiers ?

Pluies acides, changement climatique, évolution de la biodiversité : depuis plusieurs décennies, des changements globaux de diverses natures menacent notre environnement.

La forêt est un écosystème important par l'espace qu'elle occupe (environ 30% du territoire) et les multiples services qu'elle offre à la société.

Mais le long cycle de vie des arbres (de 50 ans à 200 ans) les rend particulièrement vulnérables aux changements des conditions environnementales (acidification ou eutrophisation progressive des sols, migration d'insectes ravageurs...) et aux événements extrêmes (sécheresses, tempêtes...).

Face aux incertitudes qui pèsent sur l'avenir, l'observation sur le long terme est un acte de gestion permettant de :

  • détecter d'éventuelles évolutions dans le fonctionnement des écosystèmes ;
  • mieux comprendre les effets des changements globaux sur les écosystèmes, dans le but de pouvoir les prévoir et s'y adapter.

Pluies acides : la prise de conscience

Au début des années 1980, des retombées pluvieuses de polluants acidifiants font craindre un dépérissement massif et rapide des forêts des pays industrialisés. Des symptômes inquiétants de jaunissement et de perte de feuillage, voire de mortalité des arbres, s'étendent de manière inédite dans les forêts d'Europe centrale.

Cependant, le manque d'informations objectives ne permet pas d'évaluer l'ampleur du phénomène et d'en prédire l'issue.

Pour l'essentiel, la forêt n'a finalement pas dépéri, mais cette crise des pluies acides a marqué l'opinion. Elle a contribué à la prise de conscience de l'impact des activités humaines sur l'ensemble de l'environnement, bien au-delà des centres urbains. Son retentissement a motivé la signature d'engagements internationaux pour réduire les émissions de polluants atmosphériques et suivre leur impact sur l'environnement.

C'est dans ce contexte que plusieurs dispositifs d'observation des forêts ont été mis en place, dont RENECOFOR.

Comment RENECOFOR est il conçu ?

102 sites répartis en France métropolitaine

La répartition de ces sites d'observation permet de représenter une gamme de contextes écologiques contrastés. Chacun d'entre eux occupe une surface fixe de deux hectares. Leur implantation est conçue de manière à accueillir l'ensemble des mesures et des prélèvements nécessaires, tout en permettant la poursuite d'une gestion forestière normale.


La localisation des sites RENECOFOR

La localisation des sites RENECOFOR
©Luc Croisé / ONF

Une approche unique

RENECOFOR répond à une approche originale et complémentaire de celle d'autres dispositifs. Ce réseau national constitue un pont entre :

  • des dispositifs extensifs qui offrent une représentation statistique du territoire, mais où les paramètres observés sont peu nombreux ;
  • des sites ateliers de recherche, dont la forte instrumentation permet d'explorer plus en détail les processus écologiques, mais dont la faible densité ne permet de couvrir qu'une gamme réduite de contextes forestiers.

Une organisation rigoureuse

Chaque type de mesure est mené de manière comparable d'un site à l'autre et sur le long terme.

Cette exigence implique :

  • des protocoles détaillés et cohérents avec les procédures définies au plan international ;
  • des opérateurs formés et rigoureux ;
  • un calendrier de mesure planifié et synchrone entre les sites ;
  • un travail d'amélioration continue des procédures, par l'évaluation des incertitudes qui leur sont associées.

A mesure qu'elles sont collectées, les informations sont intégrées, vérifiées et sauvegardées dans une même base de données nationale.

Audition des menbres du centre de coordination par la commission d'évaluation
Audition des menbres du centre de coordination par la commission d'évaluation - ©Erwin Ulrich / ONF

Une évaluation régulière

Depuis 2006, le réseau fait l'objet d'évaluations régulières. Le travail d'évaluation a pour but de dresser le bilan scientifique des activités du réseau et de fournir à ses bailleurs de fonds une analyse et des suggestions pour ses orientations futures.

La première évaluation s'est déroulée en 2006 et la deuxième en 2013.

A la suite de cette deuxième évaluation, le réseau s'est doté d'un Comité de pilotage scientifique, composé de chercheurs et de représentants de ses bailleurs de fonds. Ce comité a pour but de suivre les activités du réseau d'année en année et de lui apporter expertise et appui dans ses orientations.

Pour en savoir plus

Des observations, pour qui et pour quoi ?

Circuit de collecte des données et utilisation des connaissance aquises
Circuit de collecte des données et utilisation des connaissance aquises - ©ONF

Pour éclairer les politiques publiques

Les données recueillies par RENECOFOR permettent de produire des indicateurs quantitatifs et constituent des repères précieux pour éclairer les politiques publiques à l'échelle nationale et internationale (par exemple, pour l'aide à la définition des plafonds européens d'émission de polluants atmosphériques).

Pour nourrir la recherche et l'enseignement 

Ces observations permettent également d'apporter des connaissances inédites au monde de la recherche et de l'enseignement pour mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes forestiers et leur réponse aux changements environnementaux :

  • quantification de paramètres écologiques clefs et de leurs variations à l'échelle nationale ;
  • mise en évidence d'évolutions au cours du temps ;
  • données de référence pour tester la capacité de modèles théoriques à reproduire les phénomènes et asseoir leur pertinence pour établir des projections futures ;
  • source de riches enseignements méthodologiques, quant à notre capacité même à détecter des changements dans notre environnement.

Au-delà même des missions initiales du réseau RENECOFOR, les sites et les échantillons conservés au fil des ans sont également mis à disposition des chercheurs dans le cadre d'autres études.

Pour informer le grand public 

Les résultats du réseau servent aussi pour des communications grand public lors de salons, de visites sur le terrain et de présentations orales.

Quelles activités en 2021 ?

L'année 2021 a été marquée notamment (outre les activités de suivi et de maintenance annuelles des sites du réseau) par :

  • la reconnaissance du réseau par l’Etat comme une Mission d’intérêt général, marquant la volonté d’inscrire le suivi des écosystèmes forestier dans le très long terme;
  • les premiers travaux d’adaptation du dispositif aux besoins d’un suivi de très long terme, afin de faire face aux risques d’aléas naturels (initiation du bornage et de la cartographie des placettes pour sécuriser l’emplacement précis des observations), et aux échéances de récolte des peuplements (avec le déplacement à prévoir de certaines placettes pour maintenir l’effort d’observation dans des conditions propices à l’étude des effets des changements globaux);
  • la réalisation de la campagne quinquennale d’inventaires floristiques, après son report d’une année dû à la crise du Covid-19 et aux restrictions qui ont empêché les équipes de botanistes de se déplacer au printemps 2020;
  • de nouvelles contributions aux travaux des chercheurs, à travers le support de nouvelles prises de mesures ainsi que la publication d'articles et d'ouvrages scientifiques.

Pour en savoir plus