Construction : les immeubles en bois gagnent du terrain

Et si la ville de demain se construisait en bois ? Le matériau vedette des JO 2024, plébiscité pour la construction du village olympique, séduit de plus en plus les promoteurs et constructeurs pour ses propriétés écologiques et thermiques. L’occasion pour l'ONF de décrypter une tendance pour les « bâtiments bas-carbone » qui décolle en France.

Vous n'avez pas pu y échapper. Peut-être en avez-vous même la fibre ? C'est un fait : la côte de popularité du bois grimpe en flèche. Selon une étude réalisée en 2016 par l'Association pour le Développement des Immeubles à Vivres en bois (ADIVbois), la population française est à plus de 90 % favorable à une architecture et à un design qui utilisent le bois, matériau écologique et renouvelable par excellence.

Au-delà des particuliers, les vertus étonnantes de ce matériau naturel séduisent de plus en plus les promoteurs, constructeurs et architectes, à en juger par la progression des immeubles en bois dans l'Hexagone. Dans des villes telles que Strasbourg, Bordeaux ou Toulouse, des bâtiments bois de moyenne à grande hauteur se dessinent dans le paysage urbain. À Paris également, une tour en bois de 50 mètres fleurira bientôt dans le XIIIe arrondissement. Baptisée Wood Up, elle accueillera près de 107 logements sur 17 étages d’ici à 2020.

Le bois et la construction : un couple bas-carbone

Les qualités esthétiques et écologiques du bois sont indéniables. Cet engouement de plus en plus perceptible pour le « tout-bois » va de pair avec une conception moderne de l’habitat, pensée en adéquation avec les besoins des usagers dont la conscience écologique ne cesse de croître. Ainsi, cette nouvelle génération d’immeubles à ossature bois répond parfaitement aux défis du 21e siècle, en phase avec les objectifs de neutralité carbone prévus par le projet de loi relatif au climat et à l'énergie en 2050.

Pour lutter contre le réchauffement climatique, le bois présente deux atouts majeurs : le stockage du carbone et la substitution aux énergies fossiles. Saviez-vous par exemple que lors de sa croissance, un arbre absorbe du carbone, qui restera stocké dans le matériau pour toute la durée de vie du produit bois ? Selon les produits (charpente ou menuiserie), ces durées de vie peuvent s'étendre à plus d'un siècle ! Le carbone ainsi stocké dans le bois n'est donc pas présent dans l'atmosphère sous forme de CO2 et ne participe pas à la hausse des températures.

Un rapport publié en 2018 par le Groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (GIEC), confirme l'enjeu de l’utilisation du bois dans la construction. Une alternative non négligeable puisqu’actuellement le secteur du bâtiment émet plus de 123 millions de tonnes de C02 en France (18% des émissions nationales), selon les chiffres du ministère de la Transition écologique et solidaire.

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JO 2024 : le bois dans les starting-blocks

En mars 2019, la société de livraison des ouvrages olympiques Solideo a officialisé sa volonté de construire le village olympique et paralympique en bois. Ainsi, les athlètes seront hébergés dans 3 500 logements chaleureux, mobilisant près de 100 000 m3 de bois certifiés et issus, en grande partie, des forêts françaises.

Pour les organisateurs des Jeux Olympiques, l’objectif est de réduire de 55 % l’empreinte carbone de cette nouvelle édition par rapport aux JO de Londres en 2012. Une vitrine d'exception pour la filière bois et ses entreprises, qui donneront à voir aux spectateurs du monde entier toutes les compétences et les qualités d'un matériau renouvelable et performant.

Dans les années à venir, l'impact environnemental des futures constructions fera l'objet d'investigations plus poussées. C'est le sens du projet de loi Elan sur l’évolution du logement, l’aménagement et le numérique qui prépare la nouvelle réglementation thermique et environnementale (RE) des bâtiments neufs à compter de 2020. En clair, ce nouveau RE 2020 « permettra d'évaluer et de limiter les émissions de gaz à effet de serre sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment et d'encourager le stockage du carbone dans les constructions », comme le souligne le Conseil supérieur de la construction et de l'efficacité énergétique (CSCEE) dans un communiqué.

Des projets constitutifs d’une économie décarbonnée

Le développement de la construction bois est au coeur du contrat stratégique de filière mis en place par le gouvernement." Il faut développer la construction de logements, d’écoles et d’immeubles de bureaux en bois pour permettre de réduire l’empreinte carbone des bâtiments, réduire les coûts de construction et valoriser la ressource forestière française », indique Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, dans un communiqué.

©Giada Connestari / ONF

Pour accompagner cette évolution et atteindre la neutralité carbone prévue par le Plan climat, les forêts françaises et leur matière première sont mises à contribution. D’’ici à 2026, un objectif de mobilisation supplémentaire de bois de 12 millions de m3 annuels issus des forêts françaises gérées durablement a été établi par le Programme National Forêt Bois 2016-2026 (PNFB). À la question : « la forêt est-elle capable de supporter un tel effort ? » La réponse est oui. En effet, d'après une étude conduite par l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), l’Institut technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement (FBCA) et de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), on estime qu'en France, 19,8 millions de mètres cubes de bois supplémentaires pourraient être mobilisés annuellement, sans pour autant nuire à la pérennité de la forêt.

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La forêt française aussi, gagne du terrain

La forêt française métropolitaine va bien. Placé au quatrième rang de la surface forestière européenne, elle continue, selon l'inventaire forestier IGN 2018, de s'accroître à un rythme moyen de 85 000 hectares par an depuis 1985, ce qui correspond à l'équivalent de trois forêts de Fontainebleau. En moins d’un siècle, la forêt est passée de 10 millions d'hectares en 1908 à 16,9 millions d'hectares aujourd'hui.

Chaque année, sur les 91,5 millions de m3 produits par la forêt, seuls 50% sont récoltés pour les besoins de la société. - ©Giada Connestari / ONF

L’ONF, garant d’une gestion solidaire et durable de la ressource en bois

Acteur majeur de la transition énergétique et de la filière bois, l'ONF commercialise 40 % du bois d'œuvre des forêts publiques mis sur le marché en France. Une gestion durable et raisonnée de la ressource en bois, encadrée dans chaque forêt publique par un « aménagement forestier » (lire notre article Gérer les forêts)

Conscient des nombreuses potentialités du bois, l’ONF aussi développe des projets ambitieux et innovants en matière de construction. En témoigne la réalisation d’un bâtiment en bois commun entre l’ONF et la Chambre d’agriculture à Epinal (Vosges). Cet immeuble de trois étages, d’une surface de 3 000 m2, défend des produits de qualité dans le respect des circuits-courts, tout en privilégiant des emplois non délocalisables et des services de proximité (lire à ce sujet notre interview de Denis Dagneaux, directeur d'agence à l'ONF).

Nous souhaitions disposer d’un bâtiment à énergie positive et à faible bilan carbone qui nous ressemble, avec du bois français prélevé en forêts publiques et transformé par les entreprises du secteur, favorisant ainsi la main d’œuvre locale.

Denis Dagneaux, directeur de l'agence ONF Vosges-Ouest

Ce projet commun, qui regroupe près d'une quinzaine d'essences différentes, est le premier bâtiment de France certifié PEFC. Un label qui atteste de la gestion durable des forêts et d'un juste équilibre entre production de bois et préservation de la biodiversité. De même, cette certification garantie une complète traçabilité des produits récoltés en forêt jusqu'aux produits finis (lire l'interview en intégralité).

Des panneaux photovoltaïques permettront d'alimenter en éléctricité 100% des bureaux communs. - ©ONF

Autre projet à Maison-Alfort (Val-de-Marne), où l'ONF s'apprête à construire son nouveau siège en bois. Le nouvel immeuble, d'une surface de 7 500 m2, permettra de regrouper en un lien unique les équipes des services de la direction générale de l'ONF, celles de ses filiales et un incubateur d'entreprises de la filière bois. Conçu à partir des dernières technologiques en matière de construction bois, ce bâtiment innovant, pensé pour limiter au maximum les dépenses énergétiques, sera une vitrine et participera à la promotion de la filière bois en France.

Pour moi, c'est le bois

Depuis 2017, l’ONF se mobilise aux côtés de l’interprofession France Bois Forêt dans le cadre de la campagne « Pour moi, c’est le bois ». Prévue jusqu’en 2020, elle a pour but de démontrer l’élégance des nouvelles constructions en bois, les innovations liées à la filière ou encore l’authenticité de ce matériau végétal.

©boiscom

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