Projet SANA SILVA : échanges transfrontaliers autour des dépérissements forestiers
Observer les dépérissements sur le terrain
Deux jours de visite ont permis aux participants d’observer plusieurs peuplements de résineux autour de Vitoria-Gasteiz, âgés de 1 à 80 ans. Ces forêts sont composées principalement de pin de Monterey (Pinus radiata), mais aussi de Cyprès de Lawson (Chamaecyparis lawsoniana), Douglas, Épicéa de Sitka et Pin laricio (Pinus nigra var. corsicana).
Partout, le constat est le même : des dépérissements importants liés à des champignons pathogènes, en particulier Lecanosticta acicola (maladie des taches brunes) et Dothistroma spp. (maladie des bandes rouges).
©ONF
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Un modèle forestier en question
Au Pays Basque, le Pinus radiata est au cœur de la filière bois. Il structure depuis des décennies une économie locale dynamique : scieries spécialisées, sylviculture active, plantations régulières.
Mais depuis 2019, l’ampleur des maladies remet en cause la pérennité de ce modèle fondé sur une essence unique. Les pertes économiques sont déjà sensibles pour de nombreux propriétaires forestiers.
Recherche et innovation au rendez-vous
Pour répondre à ces menaces, l’institut Neiker et la fondation Hazi mènent plusieurs programmes de recherche :
- suivi des foyers infectieux,
- analyses génétiques des souches fongiques,
- expérimentation de clones résistants, notamment à partir de Pinus pinaster.
Les participants ont pu visiter une parcelle expérimentale située en zone à forte pression fongique. Elle permet de tester la résistance de différentes essences dans des conditions sévères.
Partage d’expérience scientifique
Cette rencontre a permis un partage approfondi des connaissances entre les partenaires espagnols et français sur les pathologies émergentes affectant les peuplements de résineux. Une présentation croisée des observations a mis en évidence la similarité des symptômes et des essences touchées des deux côtés de la frontière, ainsi que les dynamiques de propagation fongique en lien avec les conditions climatiques locales.
L'Office national des forêts (ONF) est intervenu à travers Dominique Micaux, expert forestier, accompagné d'Eva Arevalo-Roca pour la traduction. L'équipe a présenté les données issues du réseau RENECOFOR, qui assure depuis plus de trente ans un suivi rigoureux des écosystèmes forestiers. En s’appuyant notamment sur les résultats de la placette SP11, située en forêt domaniale de Callong-Mirailles (Aude), les intervenants ont montré la tendance de l'évolution du climat local.
Deux périodes marquantes ont été identifiées : les années 2003 et 2022, correspondant à des pics de dépérissement corrélés à des épisodes de fortes chaleurs et des sécheresses estivales. Ces constats soulignent le rôle amplificateur du changement climatique, qui favorise les stress physiologiques chez les arbres et affaiblit leur résistance naturelle face aux agents pathogènes.
Ces échanges ont permis de croiser les approches méthodologiques et de confirmer la nécessité de disposer de données long-terme pour anticiper les crises sanitaires à venir. Ils constituent également une base solide pour renforcer la coopération scientifique autour d’outils communs de suivi et de diagnostic.
Une volonté commune d’agir ensemble
À l’issue de ces échanges, tous les partenaires ont exprimé leur volonté de :
- mieux coordonner leurs efforts,
- harmoniser les protocoles de suivi sanitaire,
- mettre en place une stratégie transfrontalière de veille et de lutte contre les maladies émergentes.
La visite s’est conclue par la découverte des installations de Neiker à Arkaute, implantées dans une ancienne ferme expérimentale de 1851 : laboratoires de niveau 3 et serres expérimentales de niveau 2.