L’ONF et l’Agence de l’eau Adour Garonne prolongent leur collaboration en Nouvelle-Aquitaine

A l’occasion du Salon international de l’agriculture 2025, l’ONF et l’Agence de l’eau Adour Garonne ont prolongé la convention qui les liait déjà par le passé. Par cette signature, ils s’engagent ensemble à poursuivre leurs travaux et leurs actions pour la préservation de l’eau en forêt, cette ressource naturelle si précieuse. Retour sur un projet emblématique mené par l’ONF et l’Agence de l’eau Adour-Garonne en Nouvelle-Aquitaine.

Un partenariat solide et des projets pour restaurer la nature

Depuis de nombreuses années, la prise en compte de l’eau et des diverses zones humides est au cœur de nombreuses actions mises en place par l’ONF. Cela se traduit notamment par des partenariats, comme celui qui vient d’être renouvelé avec l’Agence de l’eau Adour Garonne lors du Salon international de l’agriculture 2025.

Cette convention 2025-20230 réaffirme le rôle positif et majeur joué par la forêt dans la préservation de la ressource en eau. Afin d’assurer le bon fonctionnement du cycle de l’eau en forêt, d’en préserver le potentiel d’approvisionnement et d’améliorer l’état de conservation des milieux humides, l’ONF et l’Agence de l’eau Adour Garonne mènent divers projets sur des territoires forestiers significativement impactés par le réchauffement climatique.

Cette collaboration est porteuse d’un message fort ! Celui de mettre en lumière les synergies et les bénéfices réciproques entre le fonctionnement des zones humides et les peuplements forestiers. Elle nous permet de nous engager en faveur de la préservation de l’eau et de rappeler tous les services écosystémiques immenses et gratuits que rend la forêt. Le changement climatique impacte déjà fortement la ressource en eau et la forêt, il est donc urgent d’agir ! Espérons que ce projet très fort mené avec l’Agence de l’eau Adour-Garonne et la Région Nouvelle-Aquitaine inspire d’autres initiatives.

Emily Le Rouzic, cheffe de projet Services Ecosystémiques à l’ONF Landes-Nord-Aquitaine

La région Nouvelle-Aquitaine, l’une des zones les plus touristiques de France est aussi l’un des endroits les plus impactés par le réchauffement climatique en territoire hexagonal. Le bassin d’Arcachon, grand secteur touristique et réservoir de biodiversité, est alimenté en eaux douces par des fleuves côtiers prenant leur source dans le massif forestier des Landes de Gascogne. Ce massif, fortement drainé par des « crastes », ou fossés rectilignes creusés par l’homme lors de l’assèchement des landes, connaît des épisodes de sécheresse majeurs. Dans le contexte de changement climatique, il arrive que le bassin soit aussi touché par des épisodes de précipitations extrêmes, comme à la fin de l’année 2023 lorsque les productions ostréicoles du bassin d’Arcachon avaient été contaminées.

En réaction, la région Nouvelle-Aquitaine a impulsé une réflexion forte autour de l’importance de l’eau et de l’amélioration de sa gestion.

Vue sur le Bassin Arcachon
©Giada Connestari / ONF

Dans ce contexte, l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, partenaire et co-financeur de ce projet, a proposé aux acteurs des bassins versants (dont l’exutoire est le bassin d’Arcachon) la mise en place d’un contrat de territoire de six ans basé sur des solutions fondées sur la nature avec un double objectif : réduire fortement les débordements des réseaux d’eaux usées baissant ainsi la pollution arrivant sur le bassin et ralentir le cycle de l’eau en forêt lui permettant d’assurer sa fonction d’éponge et de filtre à eau de façon optimale, sans pour autant noyer les arbres.

En effet, en temps normal, la forêt joue ce rôle et permet la circulation d’une eau de qualité, débarrassée d’un certain nombre de polluants et de bactéries.

Les zones humides tampon se situant majoritairement en forêt (à l’interface entre les zones agricoles en amont et le Bassin d’Arcachon et les lacs en aval), l’ONF a naturellement été désigné comme maître d’ouvrage ainsi que comme ressource technique et d’ingénierie. L’objectif à atteindre étant d’optimiser conjointement la gestion de l’eau et la gestion forestière par des approches expérimentales réplicables sur des sites pilotes en Nouvelle-Aquitaine.

Pour obtenir ce résultat et prévenir les prochains épisodes d’extrêmes précipitations, les partenaires ont établi un programme de travaux de restauration de lagunes, de ripisylves et de reméandrage des fossés forestiers existants. Autrement dit, ces « crastes » bien connues des girondins pour être très droites sont actuellement reprofilées et rendues plus larges, moins profondes et plus sinueuses grâce à des travaux réalisés à la pelle mécanique dans les forêts communales d’Hourtin et de Carcans. Ainsi la circulation et le débit d’eau seront ralentis.

A l’automne 2025, les travaux se poursuivront sur la craste de Pipeyrous. 

Ce projet ambitieux de restauration de la fonctionnalité des écosystèmes a pour objectif d’adapter le territoire forestier landais au changement climatique en faisant évoluer les pratiques de gestion qui le rendront, sur le long terme, plus résilient et moins vulnérable.

Maître d’œuvre sur ce chantier, l’ONF et les forestiers apportent d’ailleurs une expertise déjà mise en application lors de travaux de restauration de zones humides dans les forêts publiques. Tout au long du chantier, ils veilleront à ce que les sols forestiers ne soient pas endommagés par ces retenues, indispensable à une gestion plus adaptée et raisonnée de l’eau. S’ils constatent qu’ils sont trop engorgés, ils ne réalisent tout simplement pas les travaux et attendent que l’eau se soit écoulée.

De la même façon, les forestiers s’assurent que la biodiversité et les écosystèmes environnants ne soient pas perturbés et réalisent donc les travaux en fin d’été et en début d’automne. Aux belles saisons en effet, certaines espèces d’oiseaux nicheurs se trouvent encore en forêt, leurs œufs sont au sol et une intervention les menacerait. Dans ces cas-là, les forestiers attendent des moments plus propices.

Garder l’eau en forêt et assurer sa protection ne devait pas venir entraver l’activité de production de bois ni la bonne évolution de la forêt. Pour nous, ce partenariat est exemplaire et unique. Il nous permet de travailler sur de grands territoires, de chercher des solutions fondées sur la nature et de réfléchir à l’adaptation au changement climatique.

Nicolas Ilbert, directeur de la délégation Atlantique - Dordogne à l’Agence de l'Eau Adour-Garonne