Le 21 mai a eu lieu la remise en eau du Ru des Planchettes et l’inauguration de travaux de restauration écologique d’une importante zone humide en forêt de Compiègne. En tout, ce sont plus de 11 hectares qui viendront enrichir la biodiversité de la 3e plus grande forêt de France, dessinant ainsi une forêt mosaïque plus résiliente face au changement climatique.
La remise en eau du Ru des Planchettes est l’aboutissement de travaux engagés depuis 3 ans sur ce site situé au cœur de ce massif de 14 000 hectares. Fruit d’une collaboration étroite entre le SMOA (Syndicat mixte Oise-Aronde) et l’ONF, il s’inscrit dans un plan de gestion des zones humides élaboré pour la période 2019-2029 sur 155 sites.
Historiquement, le Ru des Planchettes avait été canalisé pour assécher et boiser cette zone humide qui avait été plantée, entre autres, de peupliers, il y a plusieurs centaines d’années. Afin de maintenir l’eau en forêt et de limiter l’assèchement des milieux humides en période estivale, les travaux ont reconstitué l’ancien lit de la petite rivière identifiée grâce à un vol LiDAR en 2014.
Le changement climatique nous impose de revenir à un fonctionnement du cycle de l’eau plus naturel. L’objectif est simple, il faut garder l’eau de pluie le plus longtemps possible sur le territoire, tout en préservant la qualité de la ressource en eau.
Jean-Christophe Bullot,
technicien de rivière au SMOA
Ce reméandrage, associé au fait de boucher 2 km de fossés de drainage et de réouvrir l’espace doit favoriser l’installation et la pleine expression d’une végétation herbacée typique de marais (roselière, cariçaie, mégaphorbiaie) déjà présente sur le site. Aucun apport de terre n’a été fait, de manière à préserver l’authenticité du lieu et diversifier les habitats naturels. Les graines qui sont en train de germer étaient donc déjà présentes dans le sol ; c’est la mise en lumière du site qui a permis leur germination. Ce sont des solutions basées sur la nature, ainsi que le rappelle Sébastien Deschamps, directeur du SMOA : « Il n’y a pas eu besoin de gros engins, ni de transfert de tonnes de terre, ça s’est fait très vite et à la bonne période, et en collaboration avec tous nos partenaires ».
En quelques mois, la végétation a commencé à recoloniser le site
Pour mener à bien cette opération, les équipes de l’ONF ont collaboré également avec le Conservatoire des espaces naturels (CEN). Les peupliers ont été évacués, le ru a retrouvé un tracé sinueux sur 500 mètres linéaires, et des zones d’expansion de crues (mares) ont été aménagées. Des îlots de boisements spontanés ont été conservés pour leur rôle essentiel dans l’accueil de l’avifaune et des petits mammifères, comme le muscardin.
Ce projet n’aurait pas pu voir le jour sans le soutien financier de l’Agence de l'eau Seine-Normandie, du FEDER, de la société Dékuple et de la Fondation Crédit Agricole Pays de France via le Fonds ONF-Agir pour la forêt. Merci pour leur engagement en faveur de la protection de l’environnement.
Dans le cadre de la stratégie du Grand compiégnois élaborée avec les collectivités et les associations, nous voyons que nous œuvrons tous pour la forêt de demain, qui est une forêt en transition. Face au changement climatique, on doit façonner une forêt et un écosystème qui fonctionnent bien et ces travaux sont là pour y contribuer.
Jérôme Jaminon,
directeur de l'agence ONF de Compiègne