Les ouvertures de cloisonnement en forêt domaniale de Meudon

La multifonctionnalité des forêts comprend la préservation de la biodiversité, l’accueil du public et la production de bois : trois missions à concilier au quotidien dans toutes les forêts gérées par l’Office national des forêts. La production de bois est issue des coupes et exploitations forestières qui font partie intégrante de la gestion pratiquée par l’ONF, tout simplement pour assurer le renouvellement forestier.

En Île de France, bien que 74% des franciliens trouvent que les forêts domaniales sont bien gérées, les coupes de bois sont souvent incomprises et font parfois l’objet de pétition par des riverains ou associations voisines. La coupe d’arbres est un sujet sensible. La volonté de communiquer et de sensibiliser autour des différents types de coupe existant est primordiale pour l’ONF. L’ouverture de chemins d’exploitation (ou cloisonnement) est un des travaux méconnus qui heurtent certains promeneurs ou voisins de la forêt.

La forêt domaniale de Meudon est la plus grande forêt du département des Hauts-de-Seine. Elle se situe aussi partiellement sur celui des Yvelines. Elle est un véritable poumon vert pour les villes voisines. Près de 4 millions de visiteurs s’y promènent chaque année. Elle produit aussi du bois, de façon durable et certifiée, en utilisant des méthodes qui préservent le couvert boisé (voir plus bas). Il n'y a pas de coupe rase en forêt de Meudon.

Qu’est-ce qu’un cloisonnement ? Quel est son utilité ?

L’ouverture de cloisonnements est une pratique ancienne ! Elle est utilisée en gestion forestière depuis des décennies, tout particulièrement depuis la seconde guerre mondiale. Cette technique est pratiquée dans toutes les forêts publiques mais aussi privées où les cloisonnements font partie intégrante de la gestion. Les cloisonnements sont des chemins d’exploitations ouverts tous les 24 mètres, sur une largeur de 4 mètres. C’est par ces ouvertures techniques que passeront ensuite les engins forestiers, mais également les ouvriers sylviculteurs, lors des travaux d’entretien et de gestion de la forêt. Leur intérêt est multiple :

  1. Les engins circulent uniquement sur ces chemins d’exploitation ; le sol des parcelles desservies par ces chemins est ainsi préservé du passage des machines et de fait demeure intact.
  2. Les cloisonnements sont fixes dans le temps. Aucun autre ne sera créé par la suite dans la même parcelle.
  3. Ils ne sont utilisés par les engins que tous les 8 ou 10 ans. Entre temps, une végétation herbacée et arbustive s’y installe souvent, créant ainsi des micro-habitats diversifiés.
  4. Quelques années après les coupes et les travaux qui ont permis leur ouverture, les cloisonnements sont souvent invisibles lorsqu’on se promène en forêt : la régénération naturelle est apparue, la végétation a repris le dessus.

Ces chemins d’exploitation sont implantés par les forestiers de terrain selon des critères techniques :

  • topographie de lieux
  • densité des grandes allées forestières
  • type de peuplements

Enfin, dans plusieurs années l’ONF procédera à une coupe jardinatoire dans certaines de ces parcelles desservies par les cloisonnements. Ces coupes sont faites en futaie irrégulière permettant d'éviter les modifications paysagères trop brutales pour le public et également d’apporter la lumière nécessaire aux peuplements, à l’implantation et au développement naturel des semis, assurant ainsi la régénération naturelle de la forêt et son renouvellement. Cette action vise à préparer la forêt de demain pour les générations futures comme ont pu le faire des générations de forestiers depuis plusieurs siècles.

La mécanisation des travaux forestiers a progressé au fil des années, notamment avec les progrès de la technologie, tout comme dans le monde agricole. Le métier de bûcheron manuel est l’un des plus accidentogènes qui soit, avec celui de marin pêcheur. Il n’y a plus de vocation, ni de main d’œuvre locale. La mécanisation est devenue indispensable. Les cloisonnements permettent de mieux gérer la présence de ces engins en forêt.

Exploitation en forêt

Une gestion forestière raisonnée en forêt domaniale

Depuis 5 ans, comme dans toutes les autres forêts domaniales d’Ile-de-France, pour répondre à la demande sociale qui ne voulait plus de « coupe rase », l’ONF a décidé d’y pratiquer la sylviculture mélangée à couvert continu appelée gestion en « futaie irrégulière ». Dans le Jura, elle est aussi appelée « futaie jardinée ». Cette gestion forestière consiste à créer une forêt mosaïque : un ensemble de peuplements avec différents âges mais aussi différentes essences. Dans une futaie irrégulière, les choix sylvicoles se font arbre par arbre, et non plus à l’échelle de la parcelle comme c’est le cas pour une gestion en futaie régulière. Dans une parcelle donnée, toutes les classes d’âge sont représentées avec un mélange intime. Ce travail vise à maintenir des bois de bonne qualité, et ceux présentant un intérêt pour la biodiversité ou paysager. L’aspect boisé de la forêt se trouve maintenu en permanence. Cette sylviculture évite les modifications paysagères trop brutales pour le public.

Plusieurs types de coupes découlent de cette gestion : coupe d’ouverture de cloisonnement, coupe en futaie irrégulière, coupe de sécurité et coupe sanitaire. Les coupes ne sont pas de la déforestation même si certains arbres disparaissent. A l’ONF, la gestion du bois est raisonnée, lorsqu’un arbre est prélevé, c’est toujours pour une raison technique issue d’une réflexion menée par les techniciens forestiers de terrain. Ce n’est qu’après ce choix technique que la question de la valorisation économique est posée.

Une communication renforcée

Actuellement en forêt domaniale de Meudon, des coupes d’ouverture de chemins d’exploitation ont lieu afin de pouvoir entretenir et gérer les futurs chantiers tout en préservant les sols. Ces coupes ont fait l’objet d’une communication en amont du début des travaux afin que les usagers puissent être prévenus. Le but de cette information est aussi de sensibiliser sur le type de coupe qui va avoir lieu. Plusieurs informations peuvent y être retrouvées : volume de bois prélevé, parcelles concernées, explications sur la coupe… L’ONF souhaite être transparent sur les chantiers qui ont lieu en forêt (leur utilité, leur nécessité, leur durée d’exploitation).

Ces « infocoupes » sont envoyées aux communes et aux associations locales. Une affiche contenant les mêmes informations sera affichée en forêt par le technicien forestier territorial.

©Justine Parmentier/ONF

Une gestion forestière certifiée PEFC

©PEFC

Sur le territoire français, l’ensemble des forêts domaniales sont certifiées PEFC (programme de reconnaissance des certifications forestières). Créé en 1999, ce dernier rassemble aujourd’hui les acteurs de la filière bois de près de 50 pays, désireux de s’engager en faveur d’une gestion raisonnée et durable de la forêt. Les standards de la gestion durables exigés par PEFC prônent la mise en place d’un réseau de cloisonnement d’exploitation pour protéger les tassements du sol. La forêt de Meudon est une forêt certifiée PEFC.