Sécurité et chasse ne sont pas incompatibles !

Découvrez le temps d’une journée de chasse comment l’Office national des forêts s’organise pour assurer et veiller à la sécurité des riverains et des personnes participant à une battue. La multiplication des ongulés à proximité des zones urbanisées génère de nombreux problèmes liés aux dégâts (cultures, jardins, terrains de sport, …), à la sécurité des usagers (collisions routières). Ce qui conduit l’ONF à organiser des opérations de régulation du grand gibier dans les massifs dont il a la gestion. Lors de ces journées, la sécurité des promeneurs et des chasseurs est la priorité.

En forêt publique, il existe différents types de chasse :

  • location par l’ONF du droit de chasse à une association
  • organisation directe par l’ONF de jours de battue

Toutes ont un même but : réduire les populations de sanglier, de chevreuil et de cerf pour protéger la population, la forêt et les cultures environnantes.

Equilibre "forêt/gibier"

L’équilibre « forêt/gibier » consiste à limiter la population de grand gibier à ce qu’un écosystème peut supporter. Cet équilibre s’évalue à travers des indicateurs récoltés annuellement par les forestiers.

Le déséquilibre forêt/gibier a des répercussions multiples. En Ile-de-France, beaucoup de massifs boisés connaissent une telle surpopulation que la forêt ne se régénère plus assez : les glands sont consommés par le sanglier, et les semis par le chevreuil et le cerf. Le forestier est alors contraint de planter. Ces plants doivent à leur tour être protégés individuellement par des tonnes de plastique, qui devront ensuite être retirées et recyclées, engendrant un coût et des émissions de carbone dont tout le monde se serait passé ! 

Des actions multiples pour garantir la sécurité

Exemple d'affiche mise en forêt - ©YN/ONF

La forêt domaniale de Saint-Germain est une forêt très fréquentée et traversée par des grands axes routiers. Pour garantir la sécurité des automobilistes, des réunions présidées par la Préfecture sont organisées chaque année pour coordonner la saison à venir. Lors des battues, certaines routes sont ainsi fermées ou ralenties grâce à la coopération de la DIRIF, du Département des Yvelines et des forces de l’ordre.

Les forestiers informent également le public des journées de chasse par des affiches en forêt, des communications auprès de chaque commune, le site Internet de l’ONF et enfin l’application Melckone qui peut signaler aux promeneurs qu’une battue est en cours à proximité. Le jour J, des panneaux installés en forêt délimitent les zones concernées par la chasse. L’ensemble des tireurs qui pour cette forêt ne sont que des professionnels choisis par l’ONF, restent extrêmement vigilants en cas de présence d’un promeneur dans la zone de battue.

Autre action qui doit être préparée et mise en place avant les jours de chasse : la mise à jour des zones de chasse via l’application Melckone. Les forestiers rentrent les jours de chasses associés aux zones concernées sur l’application. Le jour venu, les promeneurs ayant l’application et se rapprochant de la zone seront prévenus qu’une chasse est en cours. L’utilisation de cette application a véritablement vocation à maximiser la sécurité des promeneurs.

©ONF

Melckone vient en complémentarité de la pose de panneau qui s’effectue depuis plusieurs années. Le matin même, les équipes de terrain posent des affiches et des panneaux indiquant les zones de « Chasse en cours » et informant les promeneurs que la zone est interdite d’accès par arrêté préfectoral durant toute la période de chasse. Des panneaux pérennes, posés durant toute la saison de chasse informe les riverains des jours de chasses.

La communication aux usagers est une priorité afin de limiter les promeneurs, sportifs et autres personnes dans les zones qui seront chassées. Au vu de la forte fréquentation de la forêt, plusieurs solutions sont mises en place afin d’éviter toute intrusion en zone battue. Le jour de la chasse, tout le personnel est aussi très vigilant aux usagers qui pourraient se trouver sur la zone.

Afin de mieux comprendre comment se déroule une chasse, suivez le temps d'une journée, lors d'une battue en forêt domaniale de Saint-Germain, les actions des forestiers.

Ces battues de régulation sont menées à la demande de la Préfecture. Le contexte urbain de la forêt domaniale de Saint-Germain, cernée par la ville et traversée par de nombreuses routes et voies ferrées, impose la plus grande vigilance.

Le jour de la chasse

©JP/ONF

8h00 : Consignes et mise en place

8 heures du matin, heure du rendez-vous pour toutes les personnes qui participent à la chasse. L’ONF accueille et contrôle l’assurance et le permis de chasser de tous les chasseurs convoqués, qui ont reçu une formation à la sécurité. Le personnel encadrant de l’ONF a lui-même suivi des formations spécifiques pour organiser une battue.

Après la vérification, le directeur de chasse donne les consignes lors du « rond » qui réunit autour de lui tous les participants. Il commence par évoquer le plan de chasse à réaliser pour la forêt cette année en indiquant quelles espèces d’animaux peuvent être prélevées et quelles espèces ne doivent pas l’être. Il explique sur un plan l’organisation de traques qui seront réalisées dans la journée.

Elaboration du plan de chasse

Le plan de chasse est demandé par l’Office national des forêts pour chaque massif forestier à la FICIF (Fédération interdépartementale des chasseurs d’Ile-de-France). Pour déterminer le nombre de chevreuils et de cervidés à prélever, des indices sont récoltés, des indicateurs relevés annuellement par les forestiers :

  • Performance : effectué sur plusieurs années, ce suivi permet d’élaborer une courbe de poids des ongulés prélevés. Par exemple, des animaux amaigris, malades, ou qui se reproduisent peu, indiquent une surpopulation.
  • Pression sur la flore : la proportion de jeunes arbres et arbustes endommagés (une forêt dont les semis ne peuvent pas grandir s’appauvrit d’un point de vue botanique).
  • Abondance : déterminer si la population augmente ou diminue grâce à des comptages nocturnes par exemple pour les cervidés.

Le directeur de chasse continue par l’importance de la sécurité lors de la journée de chasse : « La sécurité avant tout ! ». Les premières règles énoncées sont celles autour des différents coups de trompes donnés afin que la communication soit claire entre traqueur et chasseur. Les différents signaux sont :

  • Un coup long : Début de la battue
  • Deux coups longs : Les postés ne tirent plus en direction de la zone traquée mais uniquement au rembuché
  • Trois coups longs : Fin de la battue

Le directeur énonce ensuite les règles de sécurité, comme le port obligatoire du gilet fluo, l’obligation de désarmer son arme lors des transports, la distance maximale de tir autorisée, ou encore l’interdiction de la pointer en direction d’un autre participant. Les tireurs sont prévenus que la moindre erreur vaut une exclusion immédiate des chasses ONF.

9H00 : Un départ groupé

Avant le début de la battue, les équipes de l’ONF vérifient que les équipes routières et les forces de l’ordre sont en place avec les routes barrées et les voies ralenties. Tant que les installations ne sont pas terminées, la battue ne peut commencer.

Le coup de trompe indiquant le début de la battue est sonné.

10H00 : Suivi de la traque

Les traqueurs s’alignent en gardant un contact visuel avec leur voisin. Ils avancent au même rythme, en suivant les consignes du chef de traque ONF : départ, pause, changement de direction....  Ils sont particulièrement vigilants au mouvement des animaux et signalent si un animal (chien ou gibier) s’approche d’une route.

Suivi de la traque

14H00 : Posté près d’un mirador

Pendant que les rabatteurs enchaînent les traques, allons voir ce qui se passe du côté des tireurs.

Chaque chasseur reçoit les consignes du responsable ONF de sa ligne de tir, le « chef de ligne ». Il leur indique de quelle direction les traqueurs arriveront. Il leur demande aussi de mettre en place des piquets fluo de chaque côté du mirador pour définir un angle à l’intérieur duquel le tireur a le droit d’épauler son arme. Cet angle de 30° vise à maintenir une distance de sécurité vis-à-vis du mirador voisin. Tout tir en dehors de l’angle de sécurité sera sanctionné d’une exclusion.

Les miradors permettent au chasseur de ne plus être à hauteur d’homme. Cette disposition permet d’effectuer des tirs « fichants », dirigés vers le sol. La balle ne risque alors pas d’être perdue, ni de ricocher.

Posté près d'un mirador

16H00 : Bilan de la journée

La fin de la chasse est annoncée. Les miradors sont rangés, les animaux prélevés sont rassemblés. Certains indicateurs sont relevés afin de pouvoir établir le plan de chasse de l’année suivante : poids, fertilité… Un compte rendu de la journée est effectué et communiqué à la Préfecture le lendemain.

 

L’Office national des forêts met un point d’honneur à ce que la sécurité soit le maître mot lors de ces journées de battue. Les forestiers restent attentifs aux nouveaux dispositifs qui pourraient venir compléter celui mis en place actuellement. Comme le disait le directeur de chasse ce jour-là : « la sécurité avant tout ! ».