Sacs de cônes en attente d'expédition – ©Matthieu Le Floc'h / ONF

Des vergers à graines pour repeupler les forêts françaises

Les vergers à graines productifs de l’Etat sont des plantations d’arbres dédiées à la production de semences améliorées. Explications avec Matthieu Le Floc’h, responsable des vergers à graines à l’Office national des forêts

Les arbres d'un verger à graines sont tous de la même espèce, mais ils sont issus de différentes forêts, ce qui favorise les croisements et la diversité génétique à l’intérieur du peuplement. Ces plantations sont isolées, de manière à prévenir ou réduire les pollinisations extérieures.

On distingue trois types de vergers à graines :

  • Les vergers de familles, qui sont des plantations issues du semi de graines d’arbres performants, dans lesquelles la sélection se fait directement.
  • Les vergers de clones, qui correspondent à des plantations de copies végétatives d’arbres sélectionnés en amont, réalisées à partir de bouturage ou de greffage.
  • Les vergers d’hybridation, qui visent à obtenir par fécondation croisée contrôlée un hybride entre deux espèces, dont la descendance présente une grande supériorité, aussi bien dans sa forme que dans sa vigueur. Le Mélèze hybride FH201, présent dans les vergers du Lot, est un exemple de fécondation croisée contrôlée issue d’un verger à graines.

Des semences de qualité

L’objectif de ces vergers est avant tout de produire des semences améliorées qui vont donner des arbres qui répondent à certains critères : croissance rapide, forme rectiligne avec le moins de branches possible, résistance à la sècheresse et au climat futur, etc.

Ils permettent de produire rapidement des variétés plus performantes qui vont contribuer au reboisement des forêts françaises. Les besoins sont énormes. En France, nous avons besoin de 60 millions de plants par an pour le renouvellement de nos forêts !

Matthieu Le Floc'h, responsable des vergers à graines à l'ONF

Récolte en cours dans le verger de pin Laricio de calabre (Les Barres-Sivens-VG / PLA-VG-002) - ©Matthieu Le Floc'h / ONF

L’essentiel des vergers à graines est situé dans les départements du Lot et du Tarn. Ces deux départements comprennent près de 50 parcelles, pour 32 provenances de 9 espèces. 25 de ces parcelles sont actuellement en production et fournissent plus ou moins régulièrement des graines.

On trouve également des parcelles de vergers à graines à proximité des pépinières expérimentales de l’ONF.

Les vergers à graines ont été créés par le Fonds Forestier National (FFN) dans les années 70. Le département du Lot a été choisi, à l’époque, pour des raisons climatiques, notamment pour son printemps sec et ensoleillé, sa longue saison de végétation ainsi que son régime de vent modéré. Ces conditions permettaient une bonne pollinisation, suivie d’une bonne maturation des graines. Le choix des sites a été fait au bénéfice d’opportunités foncières pour installer ces plantations.

De nombreuses espèces produites

Le Douglas est une espèce très demandée pour les plantations. L’intégralité des plants provient des graines des vergers du Lot. Mais d’autres espèces sont également produites, comme le pin laricio, l’épicéa, le mélèze, le pin sylvestre, ainsi que des sapins méditerranéens. Il y a également des vergers de feuillus, avec des espèces comme le robinier, le merisier, ou encore le Cormier.

Verger de sapins de Bornmuller chargés de cônes (Bostan - Haute Serre – VG / ABO-VG-002) - ©Matthieu Le Floc'h / ONF

La récolte

L’ONF fait appel à des grimpeurs professionnels indépendants qui vont récolter les cônes à maturité, mais encore verts, avant qu’ils ne s’ouvrent. Ces cônes sont ensuite mis en sacs de 50 litres. Les sacs sont plombés et certifiés puis expédiés vers deux sécheries : la sécherie de La Joux de l'ONF dans le Jura et celle de l’entreprise Vilmorin. Ces deux sécheries commercialisent l’année suivante les graines séchées auprès des pépiniéristes forestiers qui vont effectuer les semis et revendre les jeunes plants aux forestiers pour qu’ils puissent ensuite réaliser des plantations en forêt.

L'influence du réchauffement climatique sur les vergers à graines

On observe ces dernières années une baisse de production des vergers. La sécheresse amplifie le phénomène de rejet de greffe. Cette année, 10 arbres greffés ont dû être coupés. Par ailleurs, la fenêtre pour le ramassage des cônes se réduit, car lorsqu’il fait plus chaud, les cônes s’ouvrent plus tôt et trop vite. On est passé de 3 semaines de récolte à 15 jours.

Sur le Douglas, qui est le premier résineux à être récolté, les rendements ont baissé car la quantité de graines dans les cônes a chuté. Ceci est dû à l’effet du climat au moment de la pollinisation. En 2024, il a plu tout le printemps, il n’y a pas eu de pollinisation et le rendement a été nul.

Cette année, on a récolté près de 2800 hectolitres de cônes de Douglas, 470 hectolitres de sapin de Bornmüller, et 154 hectolitres de pin de calabre. C’est une bonne année.

Matthieu Le Floc'h, responsable des vergers à graines à l'ONF