Chantier de plantation de Fontgillarde 2025 – ©Amélie Da Costa / ONF

Forêt domaniale du Toulourenc : un chantier de plantation exceptionnel pour renouveler la forêt

En ce mois d’octobre 2025, sur le secteur de Fontgillarde, les ouvriers sylviculteurs de l’ONF s’activent sur les pentes abruptes du Mont Ventoux pour renouveler la forêt. Une plantation réalisée dans des conditions difficiles, à plus de 1000 mètres d’altitude, avec des moyens exceptionnels.

Une forêt historique entre la Drôme et le Vaucluse

Située dans le département du Vaucluse et à la frontière de la Drôme, la forêt domaniale du Toulourenc s’étend sur plus de 2 400 hectares. Elle est composée en majorité de pins noirs d’Autriche, plantés au XIXe siècle lors des reboisements RTM. Si le terrain accidenté du site est un atout pour les promeneurs qui apprécient la beauté du paysage, cela complique en revanche la réalisation de chantiers. Sur ces fortes pentes, la forêt n’avait bénéficié d’aucuns travaux et n’avait jamais été éclaircie. Son renouvellement était alors compromis.

En 2019, grâce à l’utilisation du câble-mat, il a été possible d’accéder aux secteurs les plus pentus de la forêt pour y ouvrir des trouées. Ce chantier qui s’est déroulé sur plusieurs années, a permis de récolter 4 730 m3 de bois qui ont ensuite été valorisés en sciage pour l’emballage, en trituration pour la pâte à papier, en perches, en poteaux, ou encore en piquets. La vente de ces bois a permis de financer en partie l’utilisation du câble-mat, une technique très coûteuse qui a également bénéficié du soutien financier de la région Sud-PACA à travers le programme de « soutien à la mobilisation des bois par câble ».

Débardage par câble-mât

Préparer la forêt de demain

Les ouvertures réalisées ont favorisé la régénération naturelle en permettant à la lumière d’atteindre le sol. Cependant, la pente importante, la situation ombragée du secteur (ubac) et surtout la présence de nombreux ongulés sauvages (cerf/chevreuil/chamois…) ralentissent l’apparition des semis de pin noir d’Autriche, essence forestière qui pourrait à terme être moins bien adaptée au secteur en raison des modifications climatiques attendues.

C’est pourquoi, en 2025, dans le cadre du Programme France Nation Verte, l’ONF a choisi de réaliser une plantation d’enrichissement en introduisant des essences mieux adaptées au changement climatique. Trois essences ont été sélectionnées en raison de leur résistance à la sècheresse :

  • Le cèdre de l’Atlas (60%)
  • Le sapin de Céphalonie (20%)
  • Le pin de Salzmann (20)

Le cèdre pousse en basse altitude sur le versant sud du Ventoux. Il est testé ici afin de savoir s'il peut s'adapter entre 1 000 et 1 200 mètres d'altitude, en versant nord. 

Plants en godet sur le chantier de Fontgillarde 2025 - ©Amélie Da Costa / ONF

Au total, 3 800 plants viendront enrichir la forêt, aux côtés des feuillus déjà présents (érable, hêtre, aulne de Corse). Cette diversification vise à créer une forêt plus robuste face aux aléas climatiques.

Cet automne, six ouvriers ont été mobilisés sur le chantier : trois ouvriers sylviculteurs de l'ONF et trois prestataires extérieurs. Nous avons planté 1540 plants. Les 2260 restants seront plantés à l'automne 2026.

Damien Massot, conducteur de travaux à l'ONF

Un chantier très technique

Les pentes très prononcées ont nécessité le recours à des moyens exceptionnels lors de la préparation du chantier, afin de limiter la pénibilité de la plantation :

  • L’utilisation d’une pelle araignée pour broyer la végétation arbustive présente (buis et amélanchiers) et creuser les potets qui servent ensuite à accueillir les plants.
  • L’héliportage du matériel de protection des plants et les plants eux-mêmes. 1540 plants en godet ont ainsi été acheminés.

La pente du secteur a nécessité l'héliportage du matériel nécessaire aux plantations

Si l'hélicoptère n’avait pas été là, ça aurait été un chantier difficilement réalisable.

Quentin Torrès, ouvrier sylviculteur à l'ONF

Une autre difficulté à résoudre est la forte pression de la faune sauvage sur ce secteur qui peut compromettre la survie des plants. Afin d’empêcher que ces derniers ne servent à nourrir le gibier, les ouvriers les protègent à l’aide de filets de protection en grillage.

Cette plantation, financée par France Nation Verte, devrait s’achever en automne 2026. Elle permettra, grâce au travail des forestiers de l’ONF, d’enrichir la forêt domaniale du Toulourenc pour lui permettre de faire face au changement climatique.

La pression du gibier requiert la pose de filets de protection

ZOOM SUR… Le métier d’ouvrier sylviculteur à l’ONF

Si Quentin Torres est mobilisé sur le chantier de plantation dans la forêt domaniale du Toulourenc, ses missions sont loin de se limiter à la plantation !

A l’ONF, un ouvrier sylviculteur est amené à effectuer des missions très variées. Quentin Torres réalise en effet de nombreux autres travaux :  limites forestières, pose de mobilier bois, broyage, construction de murs en pierres sèches, création et restauration de sentiers, entretien de voiries, ou encore restauration de terrains en montagne (RTM).

[Ce qui me motive dans mon métier] : le travail en équipe, d’autant plus quand on fait venir des intervenants extérieurs parce qu’on les sensibilise en même temps sur l’avenir de nos forêts, donc on fait passer un message.

Quentin Torrès, ouvrier sylviculteur à l'ONF