Préserver les sols forestiers méditerranéens : un enjeu vital pour nos forêts
Cette rencontre était organisée par le Centre de ressources en information géographique en Provence-Alpes- Côte d’Azur (CRIGE PACA), la Société du Canal de Provence (SCP) et la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Provence-Alpes-Côte d’Azur (DRAAF PACA) Elle visait à faire le point sur les principaux référentiels géographiques et à partager les connaissances scientifiques et techniques pour mieux préserver les sols dans un contexte de changement climatique et d’évolutions sociétales et environnementales.
Pourquoi est-il essentiel de préserver les sols forestiers, au-delà du stockage du carbone ?
Le sol est un compartiment fondamental de l’écosystème forestier. Il constitue le support de toute vie végétale et conditionne la croissance des arbres.
Sans sol, pas de forêt. Et un sol dégradé compromet directement la santé et la productivité du peuplement forestier.
C’est un capital vivant, non renouvelable à l’échelle humaine. Sa préservation est donc indispensable, tant sur le plan écologique qu’économique.
Comment qualifier l’état de santé et la sensibilité des sols forestiers dans notre région ?
On ne peut parler de sensibilité sans préciser les menaces. Trois principales pressions s’exercent sur les sols :
- l’érosion (superficielle ou par ravinement),
- le tassement dû à la mécanisation croissante des travaux forestiers,
- la perte de fertilité chimique liée à l’export excessif de matière organique.
Les sols forestiers méditerranéens ont des caractéristiques particulières : peu évolués, peu profonds, souvent caillouteux et situés sur des reliefs. Cela les rend très sensibles à l’érosion, mais souvent plus résistants au tassement que ceux d’autres régions. Leur état de santé varie fortement selon les interventions passées et les conditions dans lesquelles elles ont été réalisées.
Quelles actions l’ONF met-il en œuvre pour mieux connaître et protéger ces sols ?
L’ONF participe à de nombreuses études en partenariat avec le CNPF-IDF, l’ADEME, le FCBA et INRAE. Les données du réseau RENECOFOR sont mobilisées. Ces travaux ont permis de définir des critères de vigilance et de produire des guides pratiques comme PROSOL et PRATIC’SOL. Ces recommandations sont intégrées dans les documents de gestion et appliquées sur le terrain : maintien d’une couverture végétale après coupe, cloisonnement pour limiter le tassement, arrêt des chantiers en cas de sol trop humide, conservation des rémanents…
Comment faciliter l’application de ces bonnes pratiques ?
Cela suppose que chaque gestionnaire forestier ait des connaissances de base en pédologie, ce qui n’est pas toujours le cas.
Des lacunes similaires à celles observées dans le domaine agricole existent aussi en forêt. Une démarche est en cours pour créer des réseaux de référents « sols » et partager les compétences nécessaires.
Dans cette optique, nous avons développé avec INRAE l'application mobile For-Eval, téléchargeable sur smartphone. Elle permet de décrire un profil de sol et d’obtenir un diagnostic de sensibilité à l’érosion, au tassement, à l’export de rémanents, ainsi que le calcul de la réserve utile.