©Dominique Amon-Moreau / ONF

Réserve biologique intégrale de la Vallée Jauberton

La réserve biologique intégrale (RBI) de la Vallée Jauberton se trouve en forêt domaniale de Fontainebleau (77).

Localisation

  • forêt : forêt domaniale de Fontainebleau
  • communes : Fontainebleau, Bourron-Marlotte
  • département : Seine-et-Marne (77)
  • région : Ile-de-France

Identité

  • date de création : 28/01/2014
  • surface : 242,53 ha
  • catégorie UICN d'aire protégée : 1a
  • code national INPN : FR2400243
  • code international Protected planet : 555561976

Gestion

  • direction territoriale ONF : Seine-Nord
  • agence territoriale : Ile-de-France Est

La Vallée Jauberton est une des sept réserves biologiques intégrales de la forêt domaniale de Fontainebleau. Elle fait partie des trois RBI créées en 2014 pour compléter les toutes premières RBI de 1953, elles-mêmes issues des séries artistiques créées en 1861.

La RBI de la Vallée Jauberton est concernée par la vaste ZNIEFF de type 1 "Massif de Fontainebleau", qui englobe toute la forêt domaniale et à laquelle sont superposées une ZSC et une ZPS.

Depuis 1965, la forêt de Fontainebleau est un site classé au titre de la loi sur les sites et paysages de 1930. Les forêts domaniales de Fontainebleau, des Trois Pignons et de la Commanderie constituent la plus grande partie de la zone centrale de la réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais créée en 1998. Pour une protection maximale contre diverses pressions foncières, le massif a été classé en forêt de protection en 2002. Enfin, il a reçu le label Forêt d'Exception en 2012.

Histoire

La RBI de la Vallée Jauberton, comme toute la forêt de Fontainebleau, est majoritairement constituée de forêt ancienne, dont l'état boisé est multiséculaire mais qui a connu un long historique d'activités humaines diverses.

Ainsi, la réserve comporte des vestiges de places de charbonnage et de fours de charbonniers. En parcelle 576, on note la présence d'une tranchée dont l'une des parois est en pente douce et l'autre verticale. Autrefois, cette fosse aurait servi à piéger les loups qui étaient traqués vers l'ouest puis tirés par des chasseurs postés à l'aplomb de la paroi verticale par laquelle les animaux étaient bloqués.

Le canton historique de la Vallée Jauberton, correspondant aux parcelles 566, 567, 568, 569, 571, 572, 573, avait été proposé pour un classement en RBI par l'aménagement forestier de 1996. Il est entièrement composé de forêt ancienne.

En 2003, le projet a été étendu aux acquisitions récentes réalisées dans cette partie sud de la forêt de Fontainebleau. Les parcelles 574, 575, 576, 577 n'ont été rattachées à la forêt domaniale qu'en 1989 à la suite de l'acquisition par l'Etat de 88 ha appartenant auparavant à une société d'exploitation de sables sur la commune voisine de Bourron-Marlotte. Ce terrain, en partie exploité précédemment comme sablière, a été cédé en compensation de l'autorisation de défrichement accordée à l'exploitant pour permettre l'extension de la carrière de sable dans les bois dont il reste propriétaire. Après cet agrandissement de la forêt domaniale et avant son ajout au projet de RBI, la parcelle 574 avait fait l'objet d'une remise en état de la partie d'ancienne carrière, qui a consisté à adoucir les reliefs puis à reboiser sur environ 18 ha. Par son historique particulier, cette partie de la RBI présente donc un net contraste avec la partie Nord qui est partie intégrante de la forêt de Fontainebleau depuis des siècles.

Géologie - Pédologie

Le substrat géologique de la réserve est constitué principalement par les sables et les grès de Fontainebleau (Stampien moyen). Les sables, siliceux et très purs, sont les mêmes qui sont exploités depuis très longtemps dans la carrière voisine. Les grès, qui surmontent les sables et procèdent de leur induration, forment des platières ainsi que des chaos de blocs éboulés sur les versants sableux.

Au-dessus du grès vient le calcaire d'Etampes (Stampien supérieur).

Plus récents encore, des placages plus ou moins limoneux ou sableux de matériaux remaniés par le vent au quaternaire, qui font que l'influence du calcaire sur la végétation est surtout perceptible en rebord de plateau, où cette couverture est érodée.

Au niveau de la parcelle 574, le substrat a été considérablement modifié par l'extraction de sables et par les opérations de remblaiement. L'ancienne carrière a été rebouchée avec des blocs de grès et des matériaux dits stériles issus de l'exploitation.

Selon les matériaux parentaux, les sols sont également variés : rendzine sur les rares zones de calcaire superficiel, sols podzolisés sur sable, sols bruns et sols lessivés sur limons des plateaux, sols très jeunes et peu évolués dans la zone remaniée. 

Milieux naturels

La RBI de la Vallée Jauberton est principalement composée de milieux boisés. Les rares milieux ouverts sont associés à la zone d'ancienne carrière renaturée mais sur laquelle la reconquête par la végétation en est encore à ses débuts : les plantations d'aulnes de Corse et de pins noirs faites dans les années 1970 à 90 ont eu peu de réussite, laissant apparaître des trouées colonisées par des habitats de pelouses sur sable.

Les habitats forestiers de la réserve sont la hêtraie-chênaie atlantique acidiphile à Houx (CB : 41.12 - N2000 : 9120) ou neutrophile à Fragon sur sol moins acide (41.13 - 9130). On en trouve une variante de chênaie-hêtraie-charmaie, faciès peu commun en forêt de Fontainebleau.

Marginaux à l'échelle de la réserve, les habitats de pelouses sont présents en mosaïque à l'est de la parcelle 571, en bordure de chemins, ou dans les trouées des plantations de la 574 : pelouses pionnières sur sables (CB : 34.12 - N2000 : 6120), pelouses calcicoles subatlantiques semi-sèches à sèches (34.32 et 33 - 6210).

Les milieux humides sont très rares dans la réserve. Ainsi, la Vallée Jauberton, enfoncée d'une cinquantaine de mètres dans le plateau, ne comporte aucun ruisseau. Quatre mares plus ou moins temporaires sont présentes dans la réserve, dont la mare Marcou située à la limite ouest de la parcelle 574, sur une platière gréseuse. Ces mares possèdent une végétation aquatique assez pauvre en nombre d'espèces mais qui sont souvent patrimoniales, notamment la mare Marcou qui est ceinturée par des tapis diversifiés de sphaignes.

Flore et fonge

La flore vasculaire de la RBI de la Vallée Jauberton est principalement composée d'espèces forestières communes, à l'exception des espèces se trouvant dans les mares ou leur périphérie (Renoncule aquatique, sphaignes) ou dans les trouées occupées par des pelouses. Il a ainsi été trouvé une importante population d'Epipactis pourpre-noirâtre, d'Orchis militaire et d'Ophrys abeille, espèces non protégées mais ici en nombre très important pour l'Ile-de-France.

Les champignons des 7 RBI de Fontainebleau ont été étudiés par le réseau Mycologie de l'ONF de 2018 à 2020. La Vallée Jauberton a été la deuxième plus riche en nombre d'espèces (532) et il a été mis en évidence qu'elle apportait une des plus riches contributions à la qualité globale du réseau avec les RBI "historiques" de la Tillaie, du Gros fouteau - Hauteurs de la Solle et du Chêne brûlé.

Faune

La faune de la RBI de la Vallée Jauberton a été encore peu étudiée, surtout en comparaison des plus anciennes réserves de la forêt de Fontainebleau.

On dispose principalement de données sur l'avifaune, obtenues dans la cadre de l'étude globale sur le massif de Fontainebleau conduite entre 2018 et 2021 par le réseau Avifaune de l'ONF. Ont notamment été trouvées comme espèces nicheuses dans la réserve : le Gobemouche noir et le Gobemouche gris, le Pic mar, le Pouillot de Bonelli, le Pouillot siffleur, le Rouge queue à front blanc. Ainsi, le site est riche en espèces cavicoles profitant des boisement en libre évolution.

Gestion

Les peuplements forestiers et l'ensemble de la RBI (milieux ouverts compris) sont laissés en libre évolution. Seules des opérations de sécurisation des peuplements sont conduites le long de la RD 607 (qui borde la réserve à l'Est) et des chemins périmétraux, notamment le sentier de randonnée (à la fois GR®13 et sentier bleu n°20) qui longe la réserve à l'Ouest, venant du village de Recloses. Les bois coupés sont laissés sur place dans la réserve.

L'accès à l'intérieur de la réserve est interdit, principalement pour des raisons de sécurité du fait de l'abondance d'arbres morts et du risque de chute de branches. 

En dehors des actions de sécurisation, importantes dans le contexte d'un massif fréquenté, la gestion de la RBI consiste essentiellement en études : suivi des peuplements forestiers, inventaires naturalistes. 

La chasse au petit gibier est interdite mais la régulation des ongulés est maintenue, en l'absence de prédateurs. Quelques chemins sont entretenus pour ce motif, les autres sont abandonnés.

Ressources