Réserve biologique dirigée des Falaises d'Orival
La réserve biologique dirigée des Falaises d'Orival se trouve en lisière de la forêt domaniale de La Londe Rouvray, sur un côteau crayeux dominant d'une centaine de mètres un méandre de la Seine entre les agglomérations d'Elbeuf et de Rouen.
Elle est concernée par la ZNIEFF de type 1 "Côteau d'Orival", incluse dans la ZNIEFF de type 2 "Forêt de La Londe Rouvray". Les falaises sont également concernées par l'inventaire national du patrimoine géologique en tant que "Géosite des roches d'Orival".
Au titre du réseau Natura 2000, elle fait partie de la ZSC " Boucles de la Seine amont, Côteaux d'Orival". Mais la protection du site, pour des motifs d'abord paysagers, est beaucoup plus ancienne : la quasi-totalité de la RBD est site classé depuis 1926 sous le nom de la Roche Fouet, et les falaises d'Orival et le début du plateau sont plus largement site inscrit depuis 1934.
Depuis 2015, la forêt de La Londe-Rouvray, avec deux forêts domaniales voisines, la forêt Verte et la forêt de Roumare, bénéficie du label Forêt d'Exception®.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
Histoire
La forêt de La Londe-Rouvray est issue de la réunion, en 1987, de deux forêts domaniales d'origine royale ou seigneuriale. Il s'agit donc globalement d'une forêt ancienne, même si des activités agro-pastorales ont été menées jusque dans les années 1960 sur le côteau et ses abords.
Outre son patrimoine naturel, la réserve abrite les ruines du château de la Roche Fouet, édifié en 1195 par Richard Cœur de Lion et détruit en 1204 par Jean sans Terre.
Des ruines d'un fanum gallo-romain et des restes de fours à briques utilisés jusqu'au XIXe siècle sont également présents.
Le site de la RBD se trouve en arrière des cheminées
©Archives départementales de Seine-MaritimeGéologie - Pédologie
Les falaises calcaires sont nées de l’érosion du plateau crayeux par la Seine, qui a taillé des côteaux abrupts sur le côté extérieur de ses méandres. La craie, plus ou moins riche en rognons de silex, date du Crétacé supérieur : étage du Coniacien à la base, et du Santonien ou du Campanien dans la partie supérieure.
Une couche d’argile à silex, formation résiduelle issue de la dissolution de la craie, recouvre le plateau crayeux et affleure au sommet des côteaux, dans les secteurs de moindre pente. Des rognons de silex affleurent ici où là en sous-bois.
L'argile à silex permet le développement de sols plus ou moins acides. Sur le talus abrupt au-dessus de la falaise, c'est en revanche la craie qui affleure. Les sols y sont superficiels, filtrants, riches en calcaire actif, et peuvent être particulièrement chauds et secs quand ils sont exposés plein sud comme dans la RBD.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
Milieux naturels
Dans un contexte biogéographique général nord atlantique, la vallée de la Seine et ses variations d'orientation permettent l’expression d'influences continentales ou d'influences méridionales comme c'est le cas dans la RBD.
La chaleur et la xéricité des pentes du côteau exposées au sud ajoutent une originalité supplémentaire aux habitats naturels calcicoles présents, dont les plus remarquables sont des pelouses sèches à Fétuque de Léman et Seslérie bleuâtre (CB : 34.3 – N2000 : 6210). Toutefois, ces pelouses ne sont pas stables et l’absence du pâturage conduit à leur embroussaillement, avec le développement d'ourlets à Géranium sanguin et Garance voyageuse (34.3 – 6210). Accrochés aux vires rocheuses, les fourrés à If et à Amélanchier commun, également riches en Cerisier de Saint Lucie, complètent le tableau.
Sur le haut du côteau, sur sol encore mince et carbonaté, la forêt commence par une bande étroite de hêtraie-chênaie calcicole sèche à laîches (41.16 - 9150). Puis à mesure que l'on gagne le plateau et que le sol devient plus épais et décarbonaté sur une profondeur plus ou moins importante, on passe à une hêtraie-chênaie plus mésophile avec faciès de chênaie-charmaie, puis à une hêtraie-chênaie acidiphile.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
©Dominique Amon-Moreau / ONF
Flore
La RBD des Falaises d’Orival est surtout riche d'une flore typique des pelouses et ourlets calcicoles, avec des espèces telles que l'Anémone pulsatille, le Géranium sanguin, le Rosier pimprenelle.
Grâce à ces mêmes milieux ouverts, la réserve figure parmi les sites hauts-normands les plus riches en orchidées. Plus de 20 espèces ont été inventoriées, dont 9 sont protégées au niveau régional : Aceras homme-pendu, Céphalanthère rouge, Epipactis brun rouge, Gymnadénie odorante, Ophrys litigieux, Orchis grenouille, Orchis musc, Orchis singe - soit la quasi-totalité des d'orchidées de pelouses sèches protégées en Normandie.
©Dominique Amon-Moreau / ONF
©Dominique Amon-Moreau / ONF
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©Dominique Amon-Moreau / ONF
Faune
La mosaïque de formations arbustives, de pelouses et d'ourlets offre une composition et une structure verticale et horizontale très favorables à l’avifaune et aux insectes.
38 espèces d’oiseaux ont été observées dont le rare Faucon hobereau.
Parmi les insectes, on a pu dénombrer au moins 48 espèces de lépidoptères dont 11 considérées sont remarquables, 15 espèces d’orthoptères, ainsi que la petite Cigale montagnarde.
Les milieux ouverts secs et chauds sont également favorables aux reptiles : 7 espèces sont présentes, dont trois protégées (PN, DH4) : la Coronelle lisse, le Lézard des souches et le Lézard des Murailles.
©ONF
Gestion
Depuis la création de la RBD des Falaises d'Orival, divers types d'actions de gestion se sont succédés pour la restauration et l'entretien des milieux ouverts, afin de limiter la dynamique naturelle d'embroussaillement.
Entre 1984 et 1985 (dès avant la création de la réserve), l’ONF a procédé à l’arrachage de ligneux sur les pelouses et à la réduction de l'emprise des fourrés. Un pâturage caprin a été réalisé en complément. Des travaux pour limiter la colonisation par les ligneux se sont poursuivis avec la coupe des rejets, l'élimination des souches et l'exportation des produits de coupe pour dégager les pelouses et éviter l'eutrophisation. A partir de 1989, sur une végétation redevenue plus herbacée, de la fauche a pu être réalisée. Depuis 1998, un pâturage ovin permet l'entretien des pelouses et leur maintien dans un état de conservation favorable, en lien avec la Conservatoire d'espaces naturels.
Le site de la RBD des Falaises d'Orival est fréquenté, avec en particulier la Roche Fouet et son point de vue. La réserve est traversée par le GR®2 et par un autre sentier balisé montant du bourg d'Orival.
©©Dominique Amon-Moreau / ONF