Forêt domaniale de Rennes : 10 pins ont perdu la tête pour le Balbuzard pêcheur

Des pins perdent la tête pour un bel oiseau ! Le Balbuzard pêcheur a nidifié pour la première fois en Bretagne en forêt de Rennes en 2022. 3 petits sont nés et tous se sont envolés. L’ONF prépare le terrain pour leur retour de migration en étêtant une dizaine de pins pour sécuriser leur nidification.

10 pins étêtés pour un oiseau extraordinaire

Pour édifier son nid en toute sécurité, le Balbuzard pêcheur privilégie la cime d’arbres hauts et robustes. Vue panoramique, tranquillité et larges branches pour un habitat digne de l’envergure du rapace. Des critères de choix que les forestiers de l’ONF Bretagne entendent offrir à l’hôte majestueux, dès son retour de migration, pour favoriser la nidification. « Un mètre quatre-vingt ailes déployées, le nid qu’il construit, en plateforme, est tout aussi imposant » précise Mickaël Monvoisin, correspondant environnement de l’ONF Bretagne.

Dès février, les équipes bretonnes de l’ONF, assistées d'Antoine Beautemps, éhouppeur, étaient à l’œuvre pour réaliser cette opération exceptionnelle. 10 pins sylvestre ont été sélectionnés avec soin. « Des arbres bien spécifiques car ils présentent, à leur sommet, des charpentières en verticille (branches partant directement du tronc), des branches solides développées à l’horizontale. Reste à affiner la taille pour dégager la plateforme et en faire une cime dite tabulaire, favorable à l’installation d’un nouveau nid » ajoute le naturaliste.

Le nid découvert en 2022 par Olivier Hillairet, technicien forestier, est bâti sur un arbre mort bien trop fragile, qui se disloque rapidement. Autour de celui-ci, c’est aujourd’hui une vaste zone sanctuarisée, préservée de toute exploitation qui a été définie par l’ONF. « On souhaite se donner cette chance d’accueillir chez nous le retour d’une espèce rare » affirme Franck Muratet, responsable de l’unité territoriale d’Ille et Vilaine.  Car l’oiseau, en couple, revient en général fidèlement se reproduire dans son nid.

Nid de Balbuzard pêcheur - ©Guy-Luc CHOQUENE

Le retour du Balbuzard pêcheur est une excellente nouvelle

Aussi rare que sublime, le retour de l’espèce dans notre région est un signal très positif. Il est le témoin du bénéfice des mesures de protection engagées pour les rapaces depuis plus de 40 ans. C’est une excellente nouvelle pour la biodiversité et pour cette espèce, protégée par la loi, qui bénéficie d’un plan national d’actions (PNA) pour améliorer sa conservation en France.

Les conditions de son retour semblent donc satisfaisantes. Rapace piscivore, son alimentation exclusive est riche de poissons de surface. Le bon état de ses zones de pêche de prédilection ainsi qu’un habitat en zone préservée, loin du tumulte, semblent favoriser sa venue.

Mais le Balbuzard pêcheur est aussi sensible que craintif. 

Afin de ne pas compromettre sa reproduction, il ne faut en aucun cas le déranger. C’est donc en tant que gestionnaire des forêts domaniales que l’ONF assure la protection et la préservation de l’espèce.

Marie Dubois, directrice de l'Agence Bretagne

Des partenariats locaux pour préserver le Balbuzard pêcheur

La préservation de la biodiversité est l’un des 5 axes prioritaires de la politique environnementale de l’ONF.

La présence d’un nid de rapace comme le Balbuzard pêcheur impose des prescriptions environnementales fortes au gestionnaire forestier. Les équipes de l’Agence régionale de Bretagne, accompagnés par un membre du réseau naturaliste Avifaune de l’ONF, se mobilisent durant tout le printemps pour suivre assidument la reproduction de l’oiseau mais également pour assurer la quiétude autour de l’aire.

Ce suivi sera aussi l’occasion de valoriser les partenariats avec les associations locales de protection de la nature (comme Bretagne vivante) et de contribuer à la préservation du site Natura 2000 dont la forêt domaniale de Rennes est partie intégrante.

Les naturalistes locaux scrutent désormais de près le ciel à la recherche du moindre indice de retour de l’oiseau tant attendu.

Le Balbuzard pêcheur s'est installé en forêt de Rennes en 2022 - ©Guy-Luc CHOQUENE