A Nieppe, le Bois des Huit Rues entre (à nouveau) dans l'Histoire

La forêt de Nieppe, dans le Nord, concentre un grand nombre de richesses historiques et patrimoniales. Elle était le lieu idéal pour proposer une action qui combine pédagogie, préservation de la biodiversité et enjeux forestiers. C’est chose faite avec le projet de restauration du Bois des Huit Rues qui vient d’être inauguré.

Véritable "poumon vert" de la plaine de la Lys, secteur du Nord-Pas-de-Calais le moins boisé, la forêt domaniale de Nieppe est très prisée des habitants. La partie la plus fréquentée de la forêt est sans conteste le Bois des Huit Rues, situé près d’Hazebrouck et Morbecque.

Au sein de ce petit bois de 65 hectares, le Sentier de la mémoire, en forme de boucle de 2,2 km, inscrit au Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée (PDIPR), est exclusivement pédestre. Il accueille quelques dizaines de milliers de personnes chaque année, en toute saison : promeneurs, randonneurs, sportifs et touristes, même étrangers (Anglais, Belges, Allemands, Néerlandais…).

En 2018, un projet de réaménagement du bois est initié en partenariat avec l’ONF et la Communauté de communes de Flandre intérieur. Ainsi le site s’est vu doté de mobiliers en bois (tables, bancs, barrières…) et de panneaux pédagogiques et historiques répartis sur le Sentier de la mémoire composant un circuit de découverte historique et écologique.

En complément, des bornes botaniques et des flèches ont été installées dans le bois permettant de découvrir l’histoire du site au travers de sa botanique et sensibiliser les visiteurs. Ces nouveaux équipements ont été inaugurés officiellement les 2 & 3 avril 2022 devant un public qui a pu bénéficier du rallye forestier proposé par l'ONF et de visites guidées.

Inauguration des Aménagements du Bois des Huits Rues

La valeur patrimoniale et historique de ce site ainsi que la richesse de sa biodiversité peuvent enfin être mises en avant grâce à ces équipements d’une grande qualité. Nous en sommes très fiers.

Jean Ayello, technicien forestier sur la forêt de Nieppe

Pour compléter l’intérêt du lieu, chaque année des chantiers nature sont mis en place qui visent à restaurer et entretenir une clairière qui accueille la Callune, une espèce rare sur le territoire

De la guerre à la biodiversité

Certaines dépressions créées par les bombardements sont encore visibles aujourd’hui et sont venues compléter l’important réseau de mares intra-forestières qui, isolées ou en réseau, abritent une faune et une flore à fort intérêt patrimonial.

De même, on trouve une douzaine de blockhaus construits par les Allemands dont certains abritent aujourd’hui une population riche de chiroptères (murins, pipistrelle, oreillard) et d’amphibiens qui utilisent ces édifices comme sites d’hibernation.

A l’intérieur, des gîtes ont été installés pour diversifier les offres de refuge (briques creuses par exemple). Certains papillons utilisent également ces sites pendant l’hiver (Ornéode du chèvrefeuille, Grande tortue…).

De nombreux partenaires impliqués

Outre le financement des travaux et l’entretien du bois par la CCFI et l’ONF, de nombreux partenaires associatifs sont impliqués dans la restauration. Les panneaux historiques ont été rédigés par Laurent Bailleul, président de l’association Histoire et Mémoire.

Le Conservatoire Botanique National de Bailleul (CBNB), le Groupe ornithologique et naturaliste (GON) et la Coordination Mammalogique du Nord de la France (CMNF) se sont associés pour rédiger le contenu des panneaux écologiques. Ces derniers ont été mis en image par l’illustratrice naturaliste, Carole Pillore.

Des traces de la guerre au cœur de la forêt

©La Voix du Nord

Située en plein cœur du front des Flandres, la forêt domaniale de Nieppe a été le théâtre de plusieurs batailles lors de la première guerre mondiale, puis de la seconde avec l’implantation, au Bois des Huit Rues, d’une base allemande de lancement de fusées V1 ayant pour cible Londres. Ce vestige est aujourd’hui inscrit au titre des Monuments Historiques. Au cours des deux conflits mondiaux, le massif a donc été une cible de choix pour les bombardements alliés. Il résulte de cette histoire militaire que le couvert forestier a été fortement mis à mal par les échanges de tirs et les bombardements. Certains secteurs (notamment au bois des Huit Rues et au Bois d’Amont) ont eu leur sol criblé de cratères d’obus.

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