Un étrange organisme que l’on peut rencontrer en forêt : le “Blob”

Ni animal, ni végétal, ni champignon, cet organisme monocellulaire apparu il y a un milliard d’année sur Terre intrigue autant qu’il fascine. Quel est son fonctionnement ? Comment se reproduit-il ? Comment se nourrit-il ? L’Office national des forêts (ONF) vous présente Physarum polycephalum, le "blob" que vous pouvez croiser en forêt.

Apparu sur Terre il y a un milliard d’années, le blob ou Physarum polycephalum est une créature intriguante qui fascine les scientifiques. Cet organisme composé d’une seule cellule est quasiment immortel. En effet, cette petite bête ne craint que la lumière et la sécheresse, et peut entrer dans un état d’hibernation dès que les conditions deviennent défavorables à son développement.

En laboratoire, on peut le rendre immortel. En effet, le blob a un système d’automédication qui lui permet de supprimer toute la toxicité lorsqu’il sèche ; si on l’arrose de quelques gouttes d’eau, tout son système "renaît" à nouveau. De plus, son mode de reproduction est tout aussi extraordinaire que son cycle de vie. Le blob a 3 modes de reproduction : sexuée, asexuée ou par clonage.

Le blob se développe en formant des excroissances. - ©LeBernemi / Wikimédia

Son allure est comparable à de la gelée. La plupart du temps, cet organisme primitif est de couleur jaune orangé, de texture gélatineuse et couvert de membranes gluantes. Mais il peut aussi être blanc, rose ou gris. Il en existe plus de mille espèces différentes de toutes tailles et formes.

Généralement plat, il peut pousser en hauteur ou former des excroissances en forme d’étoile que l’on appelle des "pseudopieds" lorsqu’il a "faim". On dit alors qu’il "rampe derrière la nourriture".

Le saviez-vous ?

Le blob doit son surnom au film américain The Blob. Sorti en 1958, le film nous dépeint un scenario catastrophe dans lequel une gelée extraterrestre colonise la planète en avalant les habitants...

Un mode de vie hors norme

Pour se nourrir, le blob absorbe sa nourriture qui est composée de bactéries et de champignons. Puis il la digère grâce à des substances chimiques. Nourri, le blob double de taille chaque jour. Lorsqu’il est affamé, le blob peut se déplacer jusqu’à 4 cm par heure grâce à ses pseudopieds.

Quand il trouve de la nourriture, il communique avec ses congères à l’aide de ses récepteurs chimiques. Il sécrète du calcium lorsqu’il défèque, ce qui attire les autres qui viennent ainsi fusionner avec lui.

Deux blobs génétiquement identiques sont alors capables de fusionner pour n’en créer qu’un, à l’inverse, le blob peut se rediviser en plusieurs clones. S’il évolue jusqu’à maturité dans un environnement extérieur, le blob se transforme en millions de spores qui se répandent dans l’environnement où peu se développeront.

Le blob en forêt

Il est possible de le croiser sur notre territoire dans des forêts humides sur les écorces, dans la litière mais également dans le compost de votre jardin !

Le blob est présent sur toute la planète, il peut vivre sous des températures très froides comme très chaudes s’il est à l’abri de la lumière et de la sécheresse. Les forêts constituent alors le terrain de jeux idéal pour cet être unicellulaire.

Adepte des vieux tas de bois dans les zones humides, le blob se développe sous les troncs au sol à l’abri de la lumière. Son alimentation se constitue de bactéries et de champignons forestiers dont il raffole. Il est capable d’engloutir un bolet en quelques heures !

Physarum polycephalum se développe sur le tronc d’un arbre dans une forêt humide à l’abri de la lumière. - ©Frankenstoen / Wikimédia

Incroyable !

En laboratoire il peut mesurer jusqu’à 10 m². Le plus grand blob a été observé aux États-Unis, dans les Appalaches, en Virginie-Occidentale : il mesurait 1 km² !

Un organisme intelligent

Physarum polycephalum présente une intelligence bien qu’il soit dépourvu de cerveau. Il est capable de communiquer et de résoudre des problèmes complexes comme trouver le chemin le plus court entre 60 000 pour sortir d’un labyrinthe...

Il peut également anticiper des changements dans son environnement climatique ou s’habituer à un répulsif. Or, ces réflexes sont des attributs généralement associés à des vertébrés avec un cerveau complexe.

Des expériences scientifiques ont même prouvé que le blob était capable de transmettre son savoir. Il suffit d’un seul blob possédant une information afin de la diffuser à trois autres. Le blob sait se connecter aux autres grâce à une veine qui se forme en 3 heures à l’endroit de la jonction entre deux organismes. C’est comme cela que transite l’information.

Au vu de son intelligence et de sa capacité à se renouveler éternellement, il fait l’objet de nombreuses recherches pour des applications thérapeutiques.

Le blob dans une boîte de Petri en laboratoire. - ©TimTim / Wikimédia

Carte d'identité du blob

©Alexis / Wikimédia
  • Nom : Physarum polycephalum.
  • Ordre : Physarales.
  • Famille : Physaraceae.
  • Genre : Physarum.
  • Espèce : Physarum polycephalum.
  • Son poids et sa longueur ne sont jamais les mêmes selon chaque spécimen.
  • Plus d’un millier d’espèces dans le monde.

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