Les discrètes écailles des forêts d'Ile-de-France : découvrez la Vipère péliade
Vipère péliade, une espèce vulnérable
La Vipère péliade (Vipera berus) vit dans des régions fraîches et humides, notamment en forêts, landes et tourbières.
Sous les broussailles et les hautes herbes, la Vipère péliade est une reine du camouflage. Redoutant notamment les sangliers, les blaireaux et les rapaces, elle passe la majeure partie de son temps cachée. Son motif en zigzag gravé sur ses écailles dorsales lui offre un camouflage parfait pour son environnement. Mais ce n’est pas son seul atout ! Ornée de ces majestueuses écailles, la Vipère péliade est une chasseuse efficace. Dans sa gueule, elle dissimule deux crochets venimeux capables de paralyser ses proies, principalement des petits mammifères et des insectes. Cet atout majeur est une caractéristique exclusive des vipères en France.
Carte d'identité
Ordre : Squamata
Famille : Viperidae
Genre : Vipera
Espèce : Vipera berus
Poids : 50 à 180 g
Longueur : 45 à 70 cm
Elle régule les populations de petits mammifères et d’autres proies.
C'est une indicatrice du réchauffement climatique !
Les serpents sont des animaux protégés. Il ne faut donc pas les manipuler, cependant si, un jour en vous baladant, vous avez la chance d’en croiser un, ne paniquez pas et profitez-en pour l’observer discrètement ; ou passez votre chemin. Curieux ou plutôt effrayé par cette rencontre ? Dans tous les cas, ils ne vous feront aucun mal.
Recensement des populations franciliennes
Bien qu’elle soit parfaitement adaptée à son environnement, la Vipère péliade connaît aujourd’hui un déclin alarmant. Les équipes de forestiers et d’herpétologues de l’ONF ont décidé de faire un inventaire de cette espèce afin d’évaluer la présence de ses populations et établir un plan d’actions favorables à sa protection et son développement. Cette étude a notamment été menée dans les forêts de Montmorency et de Dourdan, en Ile-de-France.
Les équipes de forestiers et naturalistes de l’agence ONF Ile-de-France Ouest, en lien avec le réseau herpétofaune de l’ONF, ont inventorié la présence de l’espèce pendant 2 ans, en déployant le protocole POPReptile.
Le protocole POPReptile
Pour surveiller les espèces de reptiles, la société herpétologique, en partenariat avec de nombreux autres acteurs tels que l’ONF et l’UNCPIE, ont créé le protocole POPReptile (suivi des populations de reptiles). Celui-ci s’inscrit dans le cadre du « programme de surveillance de la biodiversité terrestre » porté par PatriNat et l’OFB.
Déploiement de l’inventaire
Les forestiers ont choisi des zones sur lesquelles ont été placées plusieurs plaques à reptile. En PVC noir, elles absorbent la chaleur du soleil et deviennent ainsi des cachettes très attrayantes pour les serpents qui viennent s’y réfugier. Cela favorise les rencontres !
Les serpents sont des animaux ectothermes, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas maintenir une température corporelle constante et ont toujours besoin du climat extérieur pour réguler leur chaleur corporelle. Ils se déplacent vers des endroits chauds (au soleil par exemple) pour augmenter leur température, ou à l'ombre pour se refroidir. A titre de comparaison, l’Homme est endotherme. Il peut maintenir une température corporelle relativement constante en régulant sa température grâce à des mécanismes physiologiques comme la transpiration ou le frisson.
Une fois l’installation en place, les herpétologues devront réaliser six passages par an, de mars à juin, pour relever ces plaques. Une fois la plaque relevée, chaque reptile est observé sans manipulation, photographié et noté.
Les plaques ne sont pas toujours utilisées, on nomme alors cette technique la détection à vue. Néanmoins elles permettent d'optimiser la rencontre. Chaque espèce rencontrée est alors saisie via une application et les données transmises à la Société herpétologique de France (SHF).
Une espèce méconnue qui est fragilisée
L’une des premières causes du déclin de la Vipère péliade est la destruction et la fragmentation de ses habitats. Son lieu d’habitation favori ? Le bocage, qui a subi une forte régression sur le sol français. Depuis le XIXe siècle, le territoire français a vu s’évaporer 70% de ses haies, soit 1,4 million de kilomètres (presque 35 fois le tour du monde).
Les vipères finissent isolées en petit groupe dans différents endroits enclavés.
Mais ce phénomène n’est pas la seule cause : un faible taux de reproduction, une impopularité auprès du public qui entraîne des mauvais comportements, et le réchauffement climatique sont des facteurs qui nuisent à cette espèce.
Discrète mais essentielle, la Vipère péliade joue un rôle-clé dans l’équilibre des écosystèmes forestiers en évitant la prolifération des micromammifères. Pourtant, elle fait face à de nombreuses menaces qui fragilisent sa présence sur notre territoire.
Heureusement, avec les actions déployées pour mieux comprendre et protéger cette espèce fascinante grâce aux efforts des chercheurs, naturalistes et citoyens engagés, il est encore possible d’inverser la tendance et de préserver la Vipère péliade pour les générations futures. En apprenant à mieux cohabiter avec elle, nous participons à sa sauvegarde. Alors, la prochaine fois que vous croiserez une Vipère péliade, souvenez-vous qu’elle est bien plus qu’un simple serpent : elle est une actrice précieuse de nos forêts.