Exploitation au câble-mât : une première en plaine dans l’Ain
Extraire les arbres par les airs pour ne pas abîmer le sol. Voilà un des objectifs de l’extraction au câble-mât. Cette technique d’exploitation forestière a été utilisée pour la première fois en plaine dans l’Ain en forêt domaniale de Seillon en février 2025.
Un câble, soutenu par des arbres servant de pylônes, a été tiré sur 350 mètres au-dessus de la parcelle concernée. Les bois abattus ont ensuite été attachés, soulevés dans les airs et déplacés le long du câble. Ils ont enfin été déposés en bord de routes forestières accessibles aux grumiers qui viendront les chercher une fois vendus.
©Louise Ducatez-Miclo / ONF
©Louise Ducatez-Miclo / ONF
©Violette Patoz / ONF
La multifonctionnalité de la forêt de Seillon
Aménagée pour l’accueil du public, cette forêt périurbaine possède aussi de forts enjeux environnementaux et économiques : le captage d’eau de l’agglomération se trouve à sa lisière, son sol très humide est impraticable aux engins motorisés une grosse partie de l’année et la chênaie possède des arbres à forte valeur économique.
De la montagne à la plaine
Plus souvent utilisé en forêt de montagne aux fortes pentes impraticables pour les engins motorisés, le câble-mât a été testé en plaine de l’Ain pour pallier l’humidité des sols. Le terrain limoneux est très sensible aux tassements en période humide ce qui rend impossible l’extraction des bois. « Faire entrer des engins motorisés sur les parcelles pour débarder en période hivernale occasionnerait des dégâts importants et irrémédiables sur les arbres et les sols », explique Fabien Benacchio, responsable de l’unité territoriale ONF Bugey-Bresse-Dombes. Les exploitations traditionnelles par débardage s’effectuent donc, selon la météo, des mois de mai-juin à octobre-novembre. « C’est un défi chaque année de réussir à extraire l’ensemble des arbres abattus et de terminer tous les chantiers d'exploitation prévus en si peu de temps. Le câble-mât était donc la solution pour exploiter même en période humide sans dégrader les sols » continue Fabien.
Les étapes du chantier
L’idée d’utiliser le câble-mât en forêt de Seillon a été évoquée pour la première fois début 2024. Une première réunion avec le responsable câble-mât de l’ONF a été organisée pour confirmer la possibilité de mettre en place cette technique et pour identifier les contraintes, les avantages, la sécurisation à mettre en place ainsi que les conditions techniques (tonnage maximum, etc.).
À la suite d’un appel d’offre national, l’entreprise Lafaye, spécialisée dans l’exploitation par câble-mât, est venue faire un premier repérage des lieux à la fin de l’été 2024 pour déterminer où allaient être positionnés les câbles et le sens dans lequel les bois allaient être tirés. Les ouvriers de l'ONF sont également venus ouvrir les dessous de la ligne de câble pour permettre de tirer les arbres.
En décembre, un bûcheron externe est venu abattre et découper les arbres martelés par les agents de l’ONF.
« Le câble-mât pouvait soulever 4 tonnes maximum alors que certains bois en pesaient 10. Il y a donc eu un important travail de découpe pour arriver au bon tonnage, » explique Fabien Benacchio.
Le montage de la ligne (deux jours), l’extraction des bois (cinq jours) et le démontage (un jour) ont eu lieu mi-février 2025. Le chantier était fermé au public et la zone sécurisée. « Le périmètre de sécurisation était important, on a mis en place un système de double balisage » précise le responsable.
©Clément Malin / ONF
©Clément Malin / ONF
Au total, 450 m³ de grumes et 250 m³ de houppiers de chênes ont été prélevés. Les plus beaux bois seront vendus pour un usage en ébénisterie ou en tonnellerie. Les autres seront ajoutés dans les contrats d’approvisionnement pour un usage en bois énergie, en parqueterie, en charpente ou en bois de chauffage (plaquettes forestières). La parcelle sera ensuite laissée en régénération naturelle, c'est-à-dire que la nature se renouvellera seule sans intervention de l'homme.
de câbles tirés
de grumes et de houppiers de chêne extraits par câble
Coût d'une exploitation traditionnelle
Coût d'une exploitation au câble-mât
Financée par l’ONF, l’exploitation par câble-mât a un coût plus élevé qu’une exploitation traditionnelle mais la haute qualité des bois permet de compenser cette différence. Un retour d'expérience en fin de chantier permettra de définir si le câble-mât pourra de nouveau être utilisé les années suivantes.