Réserve biologique intégrale de Lagarde-d’Apt

La réserve biologique intégrale (RBI) de Lagarde-d’Apt se trouve en forêt communale de Lagarde-d'Apt (84).

Localisation

  • forêt : forêt communale de Lagarde-d’Apt
  • commune : Lagarde-d'Apt
  • département : Vaucluse (84)
  • région : Provence-Alpes-Côte-d’Azur

Identité

  • date de création : 17/04/2018
  • surface : 124,15 ha
  • catégorie UICN d'aire protégée : 1a
  • code national INPN : FR2400264
  • code international Protected planet : 555597357

Gestion

  • direction territoriale ONF : Midi-Méditerranée
  • agence territoriale : Bouches-du-Rhône / Vaucluse

Située au sud du plateau d'Albion, à la retombée des Monts de Vaucluse sur le bassin d'Apt qu'ils dominent de 800 mètres, la forêt communale de Lagarde-d'Apt présente un relief de collines calcaires entrecoupées de vallons, typique de cette région karstique. 

La réserve biologique intégrale, située dans le canton forestier de la Grioulette, abrite plusieurs centaines d'arbres remarquables par leurs dimensions ou leur grand âge. Le site est inclus dans la ZNIEFF de type 1 "Hauts plateaux des Monts de Vaucluse", elle-même englobée dans une vaste ZNIEFF de type 2. La réserve fait également partie du Parc naturel régional du Luberon. Elle forme un de sites constituant la zone centrale de la réserve de biosphère Luberon–Lure.

Histoire

La forêt communale de Lagarde-d'Apt relève du régime forestier depuis 1848, mais fait partie du patrimoine de la commune depuis des temps immémoriaux. Deux cantons acquis en 2013 sont venus doubler la surface de la forêt, qui atteint désormais 323,30 ha.

Si la forêt communale et en particulier la RBI sont en partie constituées de forêt ancienne (dont l'état boisé est avéré depuis au moins le début du XIXe siècle), le massif a néanmoins été longtemps exploité pour le bois de feu et le charbonnage, tout en ayant subi une exploitation pastorale.

Essentiellement constituée de taillis et de taillis sous futaie, la réserve abrite de nombreux arbres de grande taille, certains âgés de 120 à 180 ans, constituant des réservoirs de biodiversité. Environ 13 ha n'ont pas fait l'objet d'exploitation depuis au moins 1873, ce qui est très rare. Sur 61 ha, les dernières coupes ont eu lieu entre 1898 et 1960, ce qui est également remarquable. Tous ces peuplements présentent donc un niveau de maturité écologique et de naturalité très intéressant.

La richesse écologique du site, confirmée par les inventaires ZNIEFF et la charte du PNR du Luberon, qui classe de manière générale les hêtraies comme "milieux exceptionnels", a poussé la commune à envisager une protection et une mise en valeur renforcées sur les parcelles les plus remarquables de sa forêt. En collaboration avec l’ONF, la municipalité a opté pour une évolution naturelle des habitats forestiers, visant à favoriser les stades matures, ce qui a conduit à la création de la réserve en 2018.

Géologie - Pédologie

La réserve biologique de Lagarde-d'Apt est située au sud du plateau d'Albion, proche de sa rupture de pente dominant le bassin d'Apt. Le substrat géologique est constitué de calcaires du Bédoulien, sous-étage de l'Aptien (étage du Crétacé inférieur).

Ce calcaire, de faciès urgonien, est dur et difficilement altérable. Les sols qui sont issus de cette roche mère sont globalement peu évolués, caillouteux, avec une réserve en eau faible. Les sols les plus profonds, propices à la hêtraie, sont situés en position topographique favorable, sur des bas de pentes dans les fonds de vallons.

Milieux naturels

Comprise entre 949 m et 1 170 m d’altitude, la RBI de Lagarde d'Apt est située à la limite entre l'étage supraméditerranéen et l'étage montagnard inférieur.

Cette situation, combinée aux variations induites par la variété d'expositions et de conditions édaphiques, est à l'origine d'une mosaïque d'habitats de hêtraie calcicole montagnarde à Buis (CB : 41.16 – N2000 : 9150) et de chênaies pubescentes à Buis ou à Erable à feuille d'obier (41.71).

Ces habitats forestiers sont largement majoritaires, composant plus de 95% de la surface de la réserve. Le reste est occupé par quelques hectares de buxaies (31.82), de maquis à Genêt cendré (32.6) et de pelouses sèches méditerranéennes (34.5 - 6220).

Flore et fonge

La flore vasculaire comporte près de 200 espèces, essentiellement communes. La flore forestière est typique des habitats de hêtraie sèche et de chênaie pubescente. Les milieux ouverts apportent un supplément de diversité. 

Les champignons,  bryophytes et les lichens n'ont pas été inventoriés mais ces groupes semblent d'ores et déjà avoir bénéficié de la maturation progressive des peuplements forestiers. Ainsi, de nombreux polypores sont observés sur les arbres et sur le bois mort au sol.

Faune

Les connaissances acquises sur la faune mettent en évidence la richesse en espèces liées aux vieux peuplements et aux arbres réservoirs de biodiversité. Ainsi, plus d’une centaine d’espèces de coléoptères saproxyliques ont été inventoriées. 18 appartiennent à la liste des espèces indicatrices de la valeur biologique des forêts françaises.

De nombreuses espèces d'oiseaux protégés sont présentes dans la réserve. Plusieurs sont liés à la hêtraie et plus particulièrement à la présence de cavités dans les arbres, telles que le Pic noir (DO1), la Chouette de Tengmalm (DO1) qui occupe les cavités creusées par les pics , le Torcol fourmilier, la Sittelle torchepot et le Pic épeiche. L’Autour des palombes (DO1) est un rapace nichant en forêt. L’Engoulevent d’Europe (DO1) niche pour sa part dans les clairières et lisières.

Les populations de chiroptères comptent au moins 12 espèces dont 5 sont exclusivement forestières : Barbastelle d'Europe (PN, DH2 et 4), Murin de Natterer (PN, DH4), Noctule de Leisler (PN, DH4), Oreillard gris (PN, DH4), Pipistrelle de Nathusius (PN, DH4).

Les petits murets de limites ou les anciens clapas (tas d'épierrement), bien que très limités dans l'espace, peuvent constituer des habitats favorables pour plusieurs espèces de reptiles : Lézard des murailles, Lézard vert occidental, Coronelle lisse,  Vipère aspic.

Le Sanglier, le Chevreuil et le Cerf sont présents dans la réserve. A noter également, le Loup (PN, DH2 et 4), de passage dans le massif.

Gestion

L'objectif principal de la réserve de Lagarde-d'Apt, en matière de conservation du patrimoine naturel, est de permettre le développement de la naturalité forestière par la libre-évolution des peuplements, et de favoriser ainsi la biodiversité associée aux stades de maturité avancés des cycles forestiers (fonge, faune et flore).

Conformément au statut de RBI, il n’y a pas d’intervention sur les peuplements forestiers, à l’exception de travaux de sécurisation des abords de routes traversant la forêt de la desserte et de l’éventuelle élimination d’espèces exotiques.

Dans le but de préserver un équilibre faune-flore proche des conditions naturelles, la régulation des ongulés par la chasse est prévue dans le plan de gestion. 

La défense de la forêt contre les incendies (DFCI) reste également partie intégrante de la gestion de la réserve, même sil les risques sont modérés dans cette partie de la forêt. 

La fréquentation du site de la réserve par le public est autorisée mais est très modeste et n’a pas vocation à être développée, la priorité étant la préservation du patrimoine naturel.

La réserve a bénéficié de plusieurs études en vue de sa création, concernant l’inventaire et la cartographie des habitats naturels, l’avifaune, les chiroptères, et les coléoptères saproxyliques. Ces inventaires sont réalisé par les réseaux naturalistes de l'ONF mais peuvent aussi associer des partenaires locaux (associations, PNR…).

Au sein du PNR du Luberon, la RBI de Lagarde-d'Apt constitue un "cœur de nature" sous protection réglementaire renforcée, et un objet privilégié de partenariat entre la commune, l'ONF et le parc. 

Ressources