Moins de chasse en forêt domaniale de Cerisy
Plus de sécurité : limiter le nombre de jours chassés et privilégier la hauteur
14 novembre, 9h00 : Quentin Canuet, technicien forestier et directeur de chasse sur Cerisy, ainsi que Florian Lemaire, responsable chasse à l’ONF sur les départements de l’Orne, de la Manche et du Calvados et directeur adjoint de chasse sur Cerisy brieffent les chasseurs avant de démarrer leur journée de chasse. Un type de chasse pas ordinaire : la traque affût !
Ce mode de chasse déjà pratiqué dans certaines forêts domaniales de France hexagonale, y compris en Normandie, nous vient d’Allemagne. Les postés (les chasseurs en poste de tir) situés à l’intérieur des peuplements sont disposés en hauteur, sur des miradors ou à la faveur du relief, à l’affût des animaux de passage. Cela permet un tir fichant vers le sol, plus sécurisant. C'est là également une chasse plus discrète pour les autres usagers. La traque composée de rabatteurs et de chiens, dont des chiens courants, parcourt le périmètre où sont implantés les postés.
Retour en image sur la traque-affût du 14 novembre 2024
Avant toutes choses, Quentin Canuet, directeur de chasse sur Cerisy remet et fait signer les consignes à chaque chasseur.
©Sonia Bourgouin / ONFAvant d'aller chasser, Florian Lemaire, responsable chasse ONF passe en revue, avec conviction, chacune des consignes étiques, techniques et sécuritaires. Un temps important pour passer une bonne journée de chasse.
©Sonia Bourgouin / ONFDans les mois qui ont précédé la saison de chasse, il aura fallu une 20aine de journées dédiées à la prospection des 2 100 hectares de Cerisy, pour identifier les coulées de gibier. C'est à proximité de ces passages d'animaux que sont installés les postes de tir (carabine ou arc).
©Marie Fernandez / ONF
Les chasseurs en poste de tir s'installent sur des miradors. Ces derniers permettent un tir fichant, gage d'une plus grande sécurité.
Il est interdit de tirer à plus de 40 m. Cette distance est préalablement mesurée au pas avant de monter dans le mirador.
3 postes de tir étaient prévus à l'arc. Cela répond à une volonté d'augmenter encore un peu plus le niveau de sécurité. En effet, dans le cas où les coulées de gibier se situent près d'une zone d'accueil du public (parking, chemins de randonnée...), le tir à l'arc est privilégié.
Pour les archers, pas besoin de miradors, ils s'installent en haut des arbres!
Une fois tous les postés installés sur leur mirador ou arbre, les 7 traqueurs peuvent se mettre en place et progresser en ligne dans la zone à chasser, pour faire sortir les animaux : chevreuils, grands cervidés et sangliers.
Le tableau de chasse de cette première journée de la saison affiche 7 animaux pour 13 balles tirées. Une belle journée donc pour les chasseurs et surtout un gage d'une saison où la réalisation des prélèvements d'ongulés permettra de rétablir l'équilibre entre ces populations et la forêt : un pré-requis pour une forêt qui pousse bien!
La traque-affût offre ainsi des opportunités de tirs dans de meilleures conditions. Le nombre de balles tirées pour chaque animal prélevé est faible : en moyenne 2 ; elle est de 8 pour la battue traditionnelle. Aujourd'hui, pour cette première journée de chasse de la saison à Cerisy, cela s'est encore vérifié : 7 animaux tirés avec 13 balles.
L'efficacité de ce mode de chasse permet également de limiter le nombre de jours chassés dans la saison : 7 dates seulement, entre novembre et février. Avant, en battue classique, il fallait compter entre 16 et 20 jours pour réaliser le plan de chasse.
Moins de balles, moins de jours, les risques en sont statistiquement réduits, et cela laisse plus de latitude aux autres usagers de la forêt.
Des chasseurs encadrés par l’ONF
Jusqu’à présent, en forêt domaniale de Cerisy, le lot de chasse était loué à un adjudicataire qui faisait ensuite appel à des chasseurs. A compter de cette saison 2024-2025, en profitant du terme de la location précédente, l’ONF a décidé de ne pas relouer mais d’assurer directement la réalisation du plan de chasse de cette forêt, en encadrant une équipe de chasseurs.
Cette façon de procéder permettait par ailleurs de pouvoir mettre en place plus facilement la traque-affût, dont le cahier des charges est plus spécifique et technique que pour une chasse en battue.
C’est ainsi, qu’après une publicité réalisée auprès de chasseurs, et des entretiens individuels, l’ONF a recruté 27 d’entre eux pour cette saison.
Sur ces 27 chasseurs, 3 sont des archers. Là encore il s’agit d’une première sur le territoire. Ce choix de tir à l’arc s’est avéré pertinent en certains endroits de la forêt jugés plus délicats en tir à arme à feu (proximité de routes, parking etc…).
Se charger directement de la mise en œuvre et de l’organisation de la chasse, en encadrant les chasseurs, est une première sur notre territoire Normand. L’autre spécificité ici sur Cerisy est que les chasseurs ont été présents dès le départ de notre projet de traque-affût, y compris sur le plan opérationnel (pose des miradors, etc…). Une façon de les impliquer et de les engager dans cette nouvelle technique de chasse
1/3 du territoire Bas-Normand géré par l’ONF est chassé en traque-affût
Aujourd’hui, en France, la chasse des grands animaux se pratique, dans une immense majorité des cas, en battue. Elle est confrontée avec un peu plus d’intensité chaque saison à une double problématique : celle de l’efficacité (la réalisation des plans de chasse) et de la sécurité. Une situation qui a conduit l’ONF à engager une réflexion, depuis 20 ans, sur les pratiques de chasse en forêt domaniale, notamment en développant la traque-affût. Dans l’Orne, la Manche et le Calvados, cette chasse est développée depuis 4 ans.
Avec la forêt de Cerisy, la traque-affût est désormais pratiquée dans 10 000 ha de forêts domaniales des départements de l’Orne, de la Manche et du Calvados, gérés pas l’ONF soit environ 1/3 de son territoire. Les autres forêts concernées sont Ecouves (sur une partie), Bellême, Le Pin au Haras et Gouffern.
Une « chasse-école » a également été mise en place, en partenariat avec l’Association nationale des jeunes chasseurs (ANJC), en forêt domaniale de Pin-au-Haras pour permettre de former une nouvelle génération de chasseurs à cette technique de chasse.