Une récolte de glands exceptionnelle en Val de Loire
La récolte de glands dans les forêts domaniales est une étape essentielle pour préserver et régénérer la forêt française. En octobre 2024, les techniciens de l'ONF des départements du Loir-et-Cher, d'Indre-et-Loire, du Loiret et d'Eure-et-Loir, appuyés par des associations locales, ont participé activement à cette mission méconnue mais cruciale. Découvrez pourquoi ce travail saisonnier est indispensable à la forêt de demain.
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Une récolte de glands exceptionnelle en Val de Loire
Face aux impacts du changement climatique (sécheresses à répétitions, maladies, parasites), il est primordial de diversifier les essences et les provenances dans les peuplements pour les rendre plus résilients. Il faut aussi planter là où les sols ne permettent plus la régénération naturelle. Mais pour planter, il faut des graines !
À peu près tous les deux ans, les chênes de nos forêts donnent des graines connues de tous, les glands. Certaines parcelles en forêts domaniales sont réputées pour la très belle qualité génétique de leurs arbres et sont référencées pour que l’on y récolte les fruits. En France, les deux principaux acteurs de la récolte de graines sont Vilmorin-Mikado et la Sécherie de la Joux de l'ONF.
Une mission d'importance accomplie humblement, à genoux au pied des arbres, un gland après l'autre. Pour cette année de fructification exceptionnelle, les forestiers ont notamment pu compter sur le soutien des associations locales pour une récolte record !
41 associations et un lycée ont répondu à l'appel de la forêt cet automne dans les quatre départements ligériens. Un partenariat où tout le monde gagne, les humains et la planète ! Gilet jaune sur le dos et seau à la main, les volontaires ont été nombreux et particulièrement impliqués, heureux de dégager des revenus pour leurs projets tout en soutenant une noble cause.
« Le travail n'est pas très physique, on profite de la nature et du grand air, toutefois il ne faut pas craindre de se baisser et de porter des seaux de 5 kilos » explique Yohann Jaumouillé, référent renouvellement forestier, graines, plants et plantations, qui pilote l'activité pour l'ONF Centre Ouest Aquitaine.
Rémunéré au litre de glands collectés, à raison d'une trentaine de litres par personne et par jour en moyenne, la tâche est encadrée par les forestiers locaux de l'ONF. Chaque matin durant ces week-ends d'octobre, ils étaient sur le terrain pour accompagner les courageux glandeurs, leur expliquer l'utilité de leur travail et la méthode à suivre.
Une fois sur la parcelle, la forestière briefe les 3 associations de son groupe.
Ce jour-là, 6 associations se sont mobilisées à Blois : APE Saint Joseph, APEL d’Herbault, AS du Lycée Dessaignes, APE de Chailles, CJNA de Marolles et ASJ Athlétisme.
Issus de peuplements classés, ces chênes sont reconnus pour la rectitude de leur tronc, l'équilibre de leurs branches et l'absence de défaut dans leur bois.
Un patrimoine génétique transmis aux glands que l'on ramasse. Pour chaque essence de chêne un code est attribué selon la provenance. Ici la carte des provenances pour le chêne sessile.
La sélection des parcelles de chênes récoltées est très encadrée et fait l’objet d’une validation de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) qui dépend du ministère en charge des forêts. On parle de peuplements classés. La provenance des glands et leurs qualités génétiques sont tracées, soumises à la réglementation européenne sur les matériels forestiers de reproduction et certifiées par les agents de l’ONF.
Un bilan record en 2024
Au total plus de 37 000 litres de glands ont été récoltés par l'ONF dans les forêts domaniales de Blois, Boulogne, Orléans, Montargis, Loches et Senonches en 2024. Soit 17% de la récolte ONF nationale ! Une réussite rendue possible grâce à la participation enthousiaste des associations locales, portées par des forestiers pleinement investis dans cette démarche d'avenir.
Suivie avec attention chaque année, nous avons décelé les signes de cette glandée record dès le mois d'août et avons pu prévoir la logistique en s’appuyant sur des associations du département, des chantiers d’insertion, de l’intérim et des professionnels du secteur. De nombreux forestiers se sont impliqués dans cette récolte stratégique, et cela nous a permis de sensibiliser le public à ce défi d’ampleur. On peut se satisfaire d’avoir brassé tant de seaux de glands, convaincus de n’avoir pas brassé d’air !
Sébastien Buferne,
responsable ONF Indre-et-Loire
Un suivi contrôlé
Les glands ramassés sont mis dans des sacs de 25 litres qui sont ensuite scellés, étiquetés et dotés d’un certificat maître pour assurer la traçabilité des graines, puis ils sont envoyés à la Sécherie de La Joux dans le Jura. Maillon essentiel de la reconstitution et de la diversification en espèces d’arbres des massifs forestiers soumis aux impacts des changements climatiques, la sécherie est l'un des deux principaux fournisseurs français de semences forestières. Les semences y sont nettoyées, triées, analysées, conditionnées et conservées, avant d’être expédiées en pépinières.
Des échantillons sont analysés par le laboratoire de la Sécherie de la Joux pour vérifier qu'ils ne sont pas contaminés par le champignon Ciboria batschiana.
Il se développe par temps humide et frais, cause des nécroses et détruit les glands.
Les plants grandiront en pépinières et, une fois prêts, seront répartis dans les forêts françaises qui en ont besoin, pour améliorer l’équilibre de leurs peuplements et permettre aux forêts de s'adapter au changement climatique.
Pour les forêts de demain
En effet, le dérèglement accélère le fait que certaines essences ne se trouvent plus adaptées à leur contexte local. Dans ces circonstances, les arbres migrent naturellement vers des zones plus adaptées. Mais ne pouvant se déplacer qu'à portée de glands, ces mouvements sont très lents et se font sur plusieurs générations. Le patrimoine génétique des arbres peut aussi se modifier en réponse à leur environnement. Mais le changement climatique est aujourd'hui trop rapide par rapport à ces adaptations naturelles.
La régénération naturelle ne suffit plus et les forestiers sont contraints de l’accompagner par la plantation de nouvelles essences mieux adaptées, dont le contexte d’origine est plus en adéquation avec les prévisions météorologiques futures (basées entre autres sur les données du GIEC). Ils procèdent ainsi à ce que l’on appelle une migration assistée, c'est à dire qu'ils importent des essences forestières déjà présentes dans des régions dont le climat est proche des évolutions climatiques à venir, et les implantent dans les zones touchées par des crises sanitaires.
Cette stratégie repose néanmoins sur la capacité de la filière pépinière à produire des plants en quantités suffisantes. La récolte de semences devient de ce fait un enjeu majeur pour l'avenir des forêts.
Avec une fructification et une participation remarquables dans la région cet automne, ces récoltes contribueront assurément aux forêts de demain.
Voir autant de monde se mobiliser pour participer à cette migration assistée de nos chênes et préserver la forêt, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à un forestier !
Luce Parret,
technicienne forestière et référente peuplements classés en forêt domaniale de Blois.
Découvrez aussi la récolte des arbres fruitiers dans la région