Réserve biologique mixte du Petit Luberon
La réserve biologique mixte du Petit Luberon couvre le sommet et le versant sud de l’extrémité occidentale du massif du Luberon, aux portes de Cavaillon.
La réserve est concernée par deux ZNIEFF de type 1, "Crêtes du Petit Luberon" et "Versants occidentaux du Petit Luberon", incluses dans une grande ZNIEFF de type 2 "Petit Luberon", et par une ZICO.
La réserve est englobée dans le vaste APPB "Grands rapaces du Luberon", qui prend tout le Petit Luberon et une partie du Grand Luberon à l'est. Elle fait partie de la ZSC consacrée aux deux massifs et de la ZPS calque sur l'APPB. Par ailleurs, les gorges de Régalon, dans la partie sud de la RBD, sont concernées par un site de l'inventaire national du patrimoine géologique (INPG) et par un des sites composant la RN géologique du Luberon (créée en 1987).
La réserve biologique et l'ensemble du massif font partie du PNR du Luberon, classé par l'UNESCO en réserve de Biosphère.
L'emprise de la forêt... de...
Histoire
L’acte le plus ancien faisant mention de ce qui allait devenir l’actuelle forêt domaniale du Luberon remonte à 1296. A cette date, la forêt appartenait à la communauté de Cavaillon. Une sentence de 1301, émanant du Recteur de Carpentras, confirme la propriété de “la montagne du Luberon” aux habitants de Cavaillon. La forêt devient bien national en 1794. La forêt domaniale est délimitée en 1859 et 1865. Son premier aménagement est approuvé en 1881.
La réserve biologique du Petit Luberon est issue d’une histoire déjà ancienne et complexe. Dès 1986 ont d'abord été créées les deux petites réserves biologiques dirigées (RBD) des Gorges de Régalon (58 ha) et des Crêtes et balcons du Luberon (71 ha). En 1995, elles ont été réunies en une nouvelle grande RBD du Petit Luberon, puis celle-ci a été une nouvelle fois agrandie et convertie en RB mixte (RBD + RBI) en 2016.
Géologie - Pédologie
Le Petit Luberon est un anticlinal versé vers le sud. Le plateau sommital est composé d'une épaisse assise de calcaires du Crétacé inférieur (Urgonien), durs, blancs, donnant un relief à formes mamelonnées et bordé de falaises caractéristiques de cet étage géologique.
Les sols sont superficiels, discontinus et particulièrement exposés à l’érosion pluviale.
Milieux naturels
L’exposition générale de la réserve au sud lui procure un caractère méditerranéen marqué, malgré l'influence montagnarde qui se fait sentir au niveau des crêtes. La réserve est riche de milieux allant de vieux peuplements forestiers à des pelouses et garrigues façonnées par les activités pastorales ancestrales.
La végétation est surtout caractéristique de l’étage mésoméditerranéen. Elle est soumise à une forte aridité en été, à des précipitations pouvant être violentes et à un mistral souvent fort. Le passage à l’étage supraméditerranéen inférieur se fait sentir au niveau de la végétation dès 650 m d’altitude quelle que soit l’exposition (rappelons que la réserve culmine à 720 m) et à partir de 450 m dans les secteurs les plus abrités (fonds de vallons, combes, ubacs).
Sur le plateau, les milieux ouverts sont associés à quelques taillis de chênes dont la dynamique est bloquée par la pression des herbivores et les incendies. On observe une riche végétation herbacée avec des pelouses sèches (CB : 34.33 - N2000 : 6210), des pelouses steppiques (34.5 - 6220*), des landes en coussinets à Genêt de Villars (31.74 - 4090). La majeure partie de l’espace est occupée par des garrigues (32.4), des buxaies (32.64, ou 31.82 - 5110) et par des matorrals à Chêne vert (32.1B), à Genévrier oxycèdre ou de Phénicie (32.13 - 5210).
Les chênaies pubescentes (41.71) et chênaies vertes (45.3 - 9340) sont surtout développées sur les versants et dans les vallons classés en RBI, où l'on trouve de vieux peuplements, avec une flore particulière dans les gorges.
Globalement, la baisse de la pression pastorale a favorisé le développement de la forêt, avec des faciès pionniers à Pin d’Alep et une extension des chênaies.
Parmi les spectaculaires milieux rocheux, certaines falaises (62.1 - 8210) abritent une flore originale, avec la Doradille de Pétrarque, la Silène saxifrage et la Doradille des sources.
Flore
La réserve biologique du Petit Luberon présente un patrimoine lichenologique particulièrement intéressant. Trois sites ont été reconnus d’intérêt majeur dans la réserve. Le cirque de Canteduc, la combe de Vidauque, et les gorges de Régalon, offrant des conditions stationnelles particulièrement favorables à des espèces rares.
Pour la flore vasculaire, les espèces les plus remarquables se concentrent dans les milieux contrastés que sont les milieux ouverts et les combes boisées. Dans les pelouses se trouvent trois orchidées rares, l’Ophrys de la Drôme (PN), l’Ophrys de Provence (PR) et l’Ophrys aurélien (PN) ; l’Ephèdre de Suisse (PR) et le Grand Ephèdre (PR) ; sur les crêtes, la Gagée des prés (PN). Dans les sous-bois, la Dauphinelle fendue (PR), la Fraxinelle blanche (PR) et le Myrrhoïde noueux (PR). Le Cléistogène tardif (PR), espèce saxicole, est présent dans les gorges de Régalon.
Faune
La réserve biologique du Petit Luberon a bénéficié de plusieurs inventaires entomologiques (papillons diurnes et nocturnes, coléoptères saproxyliques et orthoptères notamment). Ses milieux ouverts sont favorables aux papillons de jour, dont 66 espèces ont été répertoriés en 2013 (représentant 26 % de la faune de France et 43 % des celle du Vaucluse). Les milieux ouverts accueillent également 40 espèces d’orthoptères dont l’emblématique Magicienne dentelée (DH4, PN). Les vallons boisés présentent un potentiel certain pour l’entomofaune saproxylique, parmi lesquels le Grand Capricorne (PN, DH2 et 4) et le Lucane cerf-volant (DH2).
Les reptiles sont bien représentés, avec notamment le Lézard ocellé, le Psammodrome d’Edwards et le Seps strié. Parmi les amphibiens, on note la Rainette méridionale et le Crapaud commun.
La présence de falaises, la proximité de la Durance et les mesures prises pour préserver la quiétude du site font de la forêt domaniale du Luberon une zone exceptionnellement riche pour l’avifaune, qui fait l’objet d’un suivi régulier. 17 espèces d'oiseaux inscrites à l’annexe 1 de la Directive Oiseaux ont été inventoriées sur la réserve, dont huit rapaces (Aigle de Bonelli, Circaète Jean-le-Blanc, Grand-Duc, Milan noir, Milan royal, Aigle royal, Busard Saint-Martin, Vautour percnoptère), la Pie-grièche grise et la rare Fauvette à lunettes. Un couple d'aigles de Bonelli nicheur a été suivi annuellement depuis 1996 par l’ONF. Des opérations de baguage et de vaccination ont également été menées en partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle et le Conservatoire études et écosystèmes de Provence (CEEP).
Parmi les mammifères, 12 espèces de chiroptères (toutes protégées) ont été contactées, dont le Grand Rhinolophe, le Petit Murin, le Minioptère de Schreibers, le Murin à oreilles échancrées (tous les quatre DH2 et 4), le Molosse de Cestoni (DH4).
Gestion
L'objectif principal de la gestion de la réserve est la conservation d'un complexe de milieux ouverts (RBD) et de milieux forestiers placés en libre évolution (RBI).
De nombreuses études ont déjà été réalisées. Cependant, un grand nombre d’entre elles sont anciennes et des études complémentaires ont été lancées, notamment sur la faune saproxylique.
Un pâturage ovin est mené sur 800 ha de la forêt domaniale, dont 80% font partie de la réserve. Il sert à l’entretien des milieux ouverts, nécessaire au maintien d’une grande richesse biologique ainsi qu'à la prévention des incendies, et constitue un réel enjeu de suivi en lien avec la charge pastorale. Les milieux ouverts bénéficient également d’un entretien mécanique.
Le massif du Luberon présente de grandes richesses et une facilité d'accès qui attirent un important public, avec ce que cela implique de risques liés à la surfréquentation du milieu naturel. Un arrêté préfectoral a déjà été pris pour interdire la circulation des véhicules à moteur, un autre pour préserver la quiétude des rapaces. Des actions de canalisation du public sont en cours : débalisage d’accès non autorisés, fermeture d’accès, panneautage, et étude de la fréquentation.