Paysage de prairie

Au mont Gerbier de Jonc, l’ONF contribue à la préservation des sources de la Loire

Situées en forêt domaniale de Bonnefoi, les sources de la Loire font face à plusieurs enjeux de conservation. L’Office national des forêts (ONF) a établi en 2019 un plan d’actions ayant pour but de conserver la biodiversité sur ce site fragile, avec le soutien de l’agence de l’eau Loire Bretagne.

Le site du mont Gerbier de Jonc (Ardèche) est célèbre pour sa forme de pain de sucre, très caractéristique de la région, mais aussi pour son extraordinaire richesse naturelle et sauvage. Ce site accueille à sa base les sources de la Loire, au nombre de quatre : la "source authentique", la "source géographique", la "source véritable" et "l’ensemble des sources des prairies tourbeuses". 

A 1 300 mètres sous un climat rude, au cœur de la forêt domaniale de Bonnefoi sur la commune de Sainte-Eulalie, au pied du mont Gerbier de Jonc, se situe un complexe de bois, landes, écoulements, prairies et milieux humides pâturés depuis des temps immémoriaux. Il correspond à la source géographique de la Loire : les sources de la Loire du Vacant de la Crémade

En 2019, grâce au soutien financier de l’agence de l’eau Loire Bretagne, l'ONF a réalisé un diagnostic sur une petite surface d’environ 7 hectares des sources de la Loire afin de mettre en place des actions de restauration et conservation de la biodiversité. Dans un contexte touristique, forestier et agricole prégnant, plusieurs enjeux ont été identifiés.

Pelouse vivace - ©Anne-Lise Gaillard / ONF

Quels sont les enjeux de conservation ?

  1. Un milieu ouvert pâturé, rare et vulnérable, riche en espèces, pauvre en éléments nutritifs (non fertilisé) : la pelouse Nardaie montagnarde acidicline ;
  2. De nombreux habitats tourbeux oligotrophes (milieu pauvre en éléments minéraux nutritifs) rares et/ou menacés, pâturés de manière extensive en été, hébergeant des espèces végétales spécifiques protégées et/ou menacées : l’Orpin pubescent, la Grassette à grande fleurs, la Droséra et la Gentiane pneumonanthe ;
  3. Une espèce de papillon protégée, en régression, attachée aux zones humides ouvertes : l’Azuré des mouillères (sa plante hôte : la Gentiane des marais) ;
  4. Un reptile menacé et vulnérable : la Vipère péliade ;
  5. Des oiseaux menacés tels que le Pie-Grièche écorcheur ;
  6. Un mammifère, la Loutre, espèce patrimoniale emblématique attachée aux ruisseaux de bonne qualité qui utilise la zone comme corridor écologique.

Des espèces végétales protégées

La gestion du site des sources de la Loire nécessite la préservation de ces milieux en une mosaïque fonctionnelle. Dans un contexte de changement climatique et de forte dynamique forestière, ces milieux fragiles évoluent. C’est pourquoi, au regard des enjeux du site, 2 grands types d’actions ont été mises en œuvre en 2020 et 2021 avec l’aide de l’agence de l’eau Loire Bretagne.

Deux actions engagées en 2020 et 2021

1/ Une gestion du pâturage

Cette dernière a été mise en place afin d’améliorer la prise en compte de la zone humide et des espèces inféodées par les 3 éleveurs du site. Une des actions a consisté à mener un travail important de concertation avec les éleveurs pour maintenir un pâturage estival extensif : il s'agit d'avoir une faible charge en bétail sur une surface précise de prairie et pendant un certain temps.

Pour ces actions, le cahier des charges est précis : adaptation des périodes de pâturage, réorganisation des parcs pour gérer la pression de pâturage, réduction voire suppression des traitements médicaux pour les bêtes, etc.

De plus, un dispositif de suivi pastoral adapté à la zone humide accompagne la démarche. Ce suivi est un outil mis en place par l’ONF qui a pour objectifs :

  • d’accompagner les éleveurs dans la gestion conservatoire du site,
  • d’impliquer et responsabiliser les éleveurs en tant qu’opérateurs directs de gestion,
  • de permettre d’adapter la gestion du site en fonction des observations sur le terrain,
  • d’avoir un aperçu des pratiques des éleveurs et permettre un dialogue,
  • de mettre en place un suivi simple, rapide, qui ne requière pas de compétences naturalistes/scientifiques.

Pour ce suivi, les éleveurs fournissent les informations suivantes :

  • un état des lieux en sortie de pâturage,
  • un suivi des pratiques tout au long de la période de pâturage,
  • un état des lieux lors de l’entrée en estive en début de saison de pâturage.

2/ Une gestion de la dynamique forestière, notamment celle du Genévrier.

Sur le site des sources de la Loire, on retrouve des milieux ouverts à forts enjeux écologique et pastoraux qui risquent de disparaître à la suite de la colonisation d’une lande à genévriers (fermeture du milieu et perte des habitats et de la flore d’intérêt).

Pour donner suite à une étude faite en 2020 des travaux expérimentaux de coupe de genévriers ont été réalisés en 2021 et vont être suivis pendant 2 ans afin d’évaluer le bénéfice pour les milieux avant d’engager plus de moyens.

Travaux expérimentaux d'une coupe de genévriers

Left: ©Valentin Lutz / ONF  –  Right: ©Valentin Lutz / ONF

Les actions en cours

En parallèle, grâce à d’autres partenaires tels que le Parc des Monts d’Ardèche, le département de l’Ardèche, l’EPAGE Loire-Lignon, d’autres actions sont en cours en 2022 :

  • l’installation d’abreuvoirs hors zone humide pour empêcher les bêtes d’aller s’abreuver sur les écoulements fragiles des sources de la Loire ;
  • le suivi de la flore patrimoniale de la zone humide (Orpin pubescent et Grassette à grandes fleur) ;
  • le suivi des reptiles de la zone et notamment la Vipère péliade. Cette espèce a fortement régressé ces dernières années ce qui a justifié l’évolution récente de son statut de conservation en étant classée "vulnérable" dans la dernière liste rouge nationale (IUCN, 2015).

Cette gestion conservatoire est un travail multi-partenarial, co-construit et partagé, en faveur de la préservation de cette mosaïque d’habitats emblématiques des sources de la Loire.

Anne-Lise Gaillard, chef de projet environnement, réseau national herpétofaune, agence études ONF Drôme-Ardèche.

Saulaie tourbeuse - ©Anne-Lise Gaillard / ONF

Et aussi :