Nouvelle-Aquitaine : des expérimentations contre l'embroussaillement des dunes grises

Exemple d’évolution de la limite de frange forestière entre 1985 (trait rouge) et 2014 (Orthophoto).

La dune grise est considérée comme prioritaire par la directive européenne Habitats. Elle possède une diversité spécifique très importante aussi bien en flore qu'en faune. Le problème aujourd'hui est que la forêt, grâce à l’abri que forme la dune, colonise progressivement les espaces d’arrière-dune.

Les boisements réalisés au XIXe siècle pour stabiliser les champs de dunes littorales représentent aujourd’hui une menace pour certains secteurs de dunes grises (zone de transition entre cordon bordier mobile et frange forestière à forte couverture végétale).

Le constat est sans appel : sur les quelques sites étudiés (Lège et Hourtin notamment), la réduction des surfaces de dunes grises (photo-interprétation des habitats entre 1985 et 2015) est de 40 à 50 %. Le phénomène est dû en très grande partie à la colonisation par les ligneux et non par le recul de la dune mobile.

Si l’on considère ces milieux de dune fixée comme "à maintenir", il est nécessaire d’entreprendre dès maintenant des expérimentations de restauration. Plusieurs essais de coupe de pins ont été réalisés entre 2014 et 2017 en forêt d'Arcay (17) et de Lège (33).

L’expérimentation la plus poussée a lieu à Hourtin dans la réserve naturelle nationale. Depuis 2015, plusieurs parcelles de dunes fixées et de frange forestière ont été travaillées pour étudier l’influence des modalités de restaurations sur la reprise végétale (Dune Pk 37 et 38.5, P 159 et P 165).

Sur les secteurs à faible colonisation, en 2015 et 2017 la technique a été identique à celle des autres sites antérieurs, à savoir une coupe des ligneux (pins et brande) et un export des rémanents et de la litière. Ces matériaux ont été mis en tas ou en andains sur site, ou ont servi à la réalisation de couvertures sur la dune dans des zones perturbées. Découvrez en images les effets de cette expérimentation : 

Comparatif avant / après

Gauche : ©David Robert / ONF  –  Droite : ©David Robert / ONF
2018 : décapage du sol sur 15 centimètres de profondeur.

Sur les secteurs fortement colonisés (ambiance forestière marquée), en plus de cette modalité, il a été testé en 2018 un décapage superficiel du sol (15 cm). Les sables ont été disposés en andains longitudinaux sur site.

Les résultats sur les zones en voie de colonisation sont encourageants : les espèces végétales de dune grise réapparaissent progressivement (corynephore, immortelle, carex, lotier). Sur certains secteurs, en 2018, l’Erigeron du Canada est apparu même si cette espèce reste transitoire et ne devrait pas s'établir durablement, cela reste un bon signe.

2018 : reprise de la végétation sur une placette de suivi. - ©David Robert / ONF

Sur les zones forestières, la reprise végétale est faible. Les espèces qui apparaissent sont essentiellement forestières avec une dominance de ronce, mais les travaux n’ont qu’un an et il est important d’attendre la saison prochaine pour avoir un premier avis.

Néanmoins, on peut déjà apercevoir sur les zones décapées une reprise (faible) d’espèces dunaires, en particulier du carex et du polygonom.

En octobre 2019, une expérimentation complémentaire sur de la régénération assistée par semis de graines d’espèces structurantes a été réalisée dans la zone décapée. Des inflorescences d’immortelle et des épis de corynephore ont été récoltés durant le mois de Juillet et séchés puis tamisés.

Cinq sillons et 4 placettes en plein (avec ratissage superficiel) ont été ainsi créés pour suivre la reprise végétale et savoir la plus-value que ces techniques peuvent apporter à la recolonisation par les espèces de dune fixée.

Quelques expérimentations en images...

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