Couper du bois ou pas : quels impacts ? L’étude de l’avifaune donne quelques pistes

La forêt domaniale de Chizé (Deux-Sèvres) fait l'objet d'inventaires réguliers sur les oiseaux depuis 2005. En comparant l'évolution des espèces entre la réserve biologique, où les boisements sont laissés en libre évolution, et la forêt gérée avec coupes et travaux, les forestiers pourront à terme mesurer l’impact de la gestion sylvicoles sur ces espèces.

L’Office Français de la biodiversité (OFB), en collaboration avec le CEBC/CNRS et l’ONF, conduit des recherches sur l’évolution de l’avifaune à Chizé depuis 2005, année de création de la réserve. Sur le long terme, cela permettra d’étudier l’évolution des oiseaux sur l’ensemble du massif (diversité, abondance….) et de comparer cette évolution entre la partie classée en Réserve Biologique, où les boisements sont laissés en évolution libre, et la partie gérée avec des travaux forestiers réguliers. On pourra ainsi mesurer l’impact des modes de gestion sylvicoles (avec ou sans…) sur la communauté avifaunistique.

Ce suivi permet de visualiser par exemple la colonisation progressive du massif par le pic noir à l’intérieur de la réserve. Ce dernier y trouve un cadre de plus en plus favorable à son développement avec de plus gros arbres, des peuplements vieilissants, offrant une quantité croissante de gites potentiels et une source d’alimentation. La partie gérée de la forêt de Chizé est encore très jeune, et profondément marquée par la tempête de 1999. Ces jeunes boisements présentent pour le moment un intérêt secondaire pour le pic noir. C’est ce qu’illustre bien le schéma ci-dessous.

Les points rouges notent les contacts avec le Pic noir

À l’inverse le Pipit des arbres s’épanouit plutôt dans les milieux de transition entre prairie et forêt. La fermeture progressive du couvert forestier par l’arrêt des coupes et par cicatrisation des micro clairières vestiges de la tempête de 1999 lui sont plutôt défavorables dans la réserve.

Ces deux exemples illustrent très bien le fait qu’il ne peut pas y avoir une stratégie unique de conservation de la biodiversité, mais que l’on doit adapter nos actions de gestion suivant les exigences des espèces et le but recherché.

Hervé Lormée, ingénieur de recherche à l’Office français de la biodiversité (OFB), direction de la Recherche et de l’appui scientifique, unité Avifaune migratrice - Station de Chizé.

A contrario, la présence du pipit dans la partie gérée de la forêt de Chizé est facilitée par les actions sylvicoles sur le milieu. Celles-ci génèrent des ouvertures et l’apparition de jeunes peuplements forestiers suite à des coupes. Elles créent des effets lisières forts avec des boisements plus anciens non encore exploités, créant un habitat qu’affectionne cette espèce.

Et aussi