©Fiona Farrell / ONF

Branche & Ciné : « Une invitation au voyage, à l'aventure et au rêve »

Une ode aux forêts du monde. Marie-Noëlle Tranchant, présidente du comité scientifique de Branche & Ciné, résume ainsi le festival organisé par l'ONF du 28 juin au 20 juillet 2019. Avec profondeur et sensibilité, la journaliste et critique de cinéma au Figaro, revient sur les liens qui unissent la forêt et le 7e art, deux univers indissociables selon elle.
Entretien avec Marie-Noëlle Tranchant
Le festival de cinéma de l'ONF Branche et Ciné se tiendra du 28 juin au 20 juillet 2019. - ©ONF

Journaliste culturelle et critique de cinéma au Figaro depuis 1981, Marie-Noëlle Tranchant intervient comme chroniqueuse pour l'émission « Ecrans et Toiles » de Victor Loupan sur Radio Notre-Dame. Elle a co-écrit avec l'acteur Laurent Terzieff l'ouvrage « Seul avec tous » (Presses de la Renaissance) et fait partie du jury du prix Louis-Delluc, le prestigieux « Prix Goncourt » du cinéma français.

Vous êtes la présidente du comité de sélection des films de la deuxième édition du festival Branche & Ciné. Qu'est-ce qui vous a séduit à la découverte de ce projet ?

Ce festival est une merveilleuse alliance du cinéma et de la forêt. Je trouve remarquable que l'ONF, qui fait un travail considérable de préservation des forêts, ait eu cette idée. En tant que journaliste et critique cinéma, j'ai tout de suite souhaité participer à ce projet. Quand j'étais enfant, la forêt faisait partie de mon environnement quotidien. Je n'avais qu'une petite route à traverser pour rejoindre la forêt de Fontainebleau, immense et majestueuse. Visuellement, c'est un monde d'une richesse et d'une profondeur sans égale. La forêt est pour moi un espace merveilleux de rêve, de songe, de symbole et de poésie.

Le festival se conçoit cette année comme une échappée cinématographique à travers les « forêts du monde ». Qu'évoque cette thématique à la passionnée de cinéma et de nature que vous êtes ?

Ce thème permet aux spectateurs de parcourir le monde et de traverser des paysages et des cultures de toutes sortes. On traverse les forêts européennes avec le documentaire Les Saisons de Jacques Perrin. On découvre les dernières forêts primaires de la Baltique derrière la caméra du réalisateur lituanien Mindaugas Survila avec Dans les bois. Mais aussi, les forêts africaines ou encore japonaises, dans tout ce qu'elles ont de spirituel et de sacré, avec notamment La forêt de Mogari de Naomi Kawase.

Ce voyage à travers le monde nous permet aussi de prendre conscience que la forêt, pourtant vitale pour notre planète, est menacée dans beaucoup d'endroits du globe. À ce sujet, le film-documentaire Le Grain et l'ivraie du grand réalisateur Fernando Solanas offre un récit militant qui dénonce la déforestation terrible en Argentine, au profit de la culture intensive du soja, du colza, et autres céréales.

Comment avez-vous arbitré le choix des œuvres à l'affiche du festival ?

La sélection a été faite par un comité d'experts, composé d'universitaires, de professeurs de cinéma, de journalistes et de forestiers. Tous les genres cinématographiques sont représentés. Il y a des films d'auteur (Passe Montagne de Jean-François Stevenin), d'aventure (The Lost City of Z de James Gray), de patrimoine (La Fille de l'eau de Jean Renoir ), des fictions et des documentaires sur les questions écologiques et environnementales, qui sont d'ailleurs de plus en plus nombreux aujourd'hui.

Que les films puissent être projetés en forêt est une spécificité merveilleuse du festival. Le public sera plongé dans un environnement de lumière et de vie, bercé par des sonorités diverses, du craquement des feuilles au bruissement du vent.

Les films seront projetés au cœur de sites forestiers, à la tombée de la nuit. À quelle expérience de cinéma le public peut-il s'attendre ?

Que les films puissent être projetés en forêt est une spécificité merveilleuse du festival. Plus qu'un évènement, c'est une invitation au voyage, à l'aventure, au rêve et à l'observation. Il faudra ouvrir grand ses yeux et ses oreilles, pour se mettre aux aguets de la vie de la forêt et des animaux. Ces salles de cinéma grandeur nature ajoutent une troisième dimension aux films. Le public sera plongé dans un environnement de lumière et de vie, bercé par des sonorités diverses, du craquement des feuilles au bruissement du vent.

Au-delà de la projection de films, ce festival est aussi l'occasion de (re)découvrir le rôle et la richesse des forêts...

Aujourd'hui, tout le monde se préoccupe de l'écologie, du développement durable, mais parfois de manière abstraite. Le fait de se rendre en forêt de manière concrète permettra peut-être à certains de comprendre que la nature est une présence riche et vivante. Aussi, cela rapproche la forêt et le travail de l'ONF du grand public. Les missions des forestiers sont techniques et de haut niveau, qui mobilisent de nombreux corps de métier. Ce festival sera sûrement l'occasion de sensibiliser le plus grand nombre à la gestion des forêts publiques en France.

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