Les réserves biologiques de Tarentaise fêtent leurs 20 ans

Situées en Savoie, au sein de la vallée de la Tarentaise, les réserves biologiques de la Dent du Villard et du Petit Mont Blanc célèbrent cette année leur vingtième anniversaire. Ces zones comportent des spécificités naturelles rares qu’il convient de préserver. Partez à la découverte de ces joyaux verts...

La Dent du Villard et le Petit Mont Blanc font partie des 260 réserves biologiques françaises. Ce statut apporte un supplément de protection et de gestion spécifique aux espaces les plus remarquables des forêts publiques. En dehors des études, les activités humaines (sylviculture, circulation du public, chasse, etc.) y sont interdites ou restreintes en fonction de leur compatibilité avec les objectifs de la réserve. Elles ont un rôle essentiel dans le maintien de la biodiversité en abritant des espèces et habitats naturels rares et vulnérables.

La dent du Villard, une des rares forêt de pins à crochets sur gypse en Europe

La Dent du Villard héberge des peuplements forestiers d’intérêt communautaire rares au niveau européen composés de pins à crochets sur gypse, une pierre blanche très friable peu courante en Europe. Ces pins ont été plantés au 19e siècle par l’Homme avec pour but de protéger le village de Bozel des coulées de boue. Les plantations ont été par la suite victimes de surpâturage, c’est à dire de l’exploitation trop intensive des ressources par le bétail. L’Homme a donc planté une seconde fois cette forêt rare, s'étant ensuite développée naturellement sans aucune coupe forestière. Elle abrite depuis de nombreuses espèces : le tétras lyre, des chamois, des mouflons ainsi qu’une flore remarquable comme le sabot de vénus ou la bruyère des neiges.

Le Petit Mont Blanc est une mosaïque de paysages : les espaces boisés côtoient des alpages fleuris, dans un univers minéral. Si l’homme a tenté de le reboiser, la nature ne l’a pas permis : les avalanches successives ont laissé peu de chances aux jeunes arbres. Au printemps, les papillons se régalent d’un tapis de fleurs. Parmi elles, certaines sont emblématiques, comme le lys martagon et l’edelweiss. Insectes pollinisateurs, micromammifères, marmottes, bouquetins, des espèces de toute taille trouvent abri et nourriture dans ce site à la biodiversité exceptionnelle. Le sommet du Petit Mont Blanc est recouvert d’entonnoirs de dissolution du gypse lui donnant un aspect lunaire.

Des espaces de découverte scientifique

Le suivi des écosystèmes - ©Lacombat Benoît / ONF

Ces deux réserves sont pour les scientifiques et forestiers des lieux exceptionnels pour observer la biodiversité et l’évolution naturelle de la forêt. Des études y sont menées pour mieux comprendre leur fonctionnement, et la résilience des forêts vis-à-vis du changement climatique. Si ce statut de protection est réservé à des sites en forêt publique hébergeant une biodiversité particulièrement riche et rare, il répond également à un besoin exprimé par la société de disposer d’espaces où la nature peut se déployer librement, avec une intervention humaine limitée. Les seules actions envisageables dans ces réserves de Tarentaise sont celles étant utiles pour assurer la préservation des biens et des personnes à l’aval (vis-à-vis des chutes de pierres ou des crues torrentielles, par exemple). Toutefois, depuis la création des deux réserves, aucun travaux de sécurisation n’ont été mis en œuvre.

Les réserves biologiques ont un statut de protection de même niveau que les réserves naturelles et les parcs nationaux. En Auvergne-Rhône-Alpes elles sont par ailleurs les joyaux d’un vaste réseau de forêts en évolution naturelle distribué sur l’ensemble du territoire : le réseau FRENE.

La préservation de surfaces forestières en libre évolution s’inscrit dans une approche multifonctionnelle de la forêt, qui consiste à la protéger mais aussi à mettre en valeur les services qu’elle nous rend, comme lieu d’accueil du public, infrastructure de protection contre les risques naturels et de préservation de la ressource en eau. La forêt produit aussi le bois dont nous avons besoin, et qui sera amené à jouer un rôle croissant comme matériau écologique, renouvelable et local pour construire une économie plus verte et décarbonée.

Fabrice Coq, responsable aménagement / environnement ONF en Auvergne-Rhône-Alpes

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