Le drone à caméra thermique, nouvel allié de l’ONF face aux feux

Pour préserver la forêt de Fontainebleau, les équipes départementales de lutte contre les incendies et l’Office national des forêts font équipe. Depuis peu, deux drones ont été mis à leur disposition pour lutter contre le fléau des feux de forêt. S’ils sont minimes en surface, ils n’en restent pas moins nombreux et dévastateurs.

Chaque année, la forêt domaniale de Fontainebleau, reconnue Forêt d'exception® par l'ONF et ses partenaires, essuie une trentaine de départs de feu. Ce sont en moyenne 10 hectares par an qui partent en fumée, soit 14 terrains de football. Une situation due à des négligences de certains des 4 à 10 millions de visiteurs annuels. Les feux de bivouac sont, par exemple, très fréquents, bien qu’interdits. De plus la fréquentation du public en forêt de Fontainebleau est concentrée dans les parties rocheuses qui sont les secteurs les plus sensibles aux départs de feu. Avec l’accélération du changement climatique et l’importance des phénomènes de sécheresse, ce risque d’incendie s’intensifie.

Pour aller plus vite dans la gestion des feux de forêt, l’Office national des forêts et le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Seine-et-Marne ont trouvé un nouvel allié : le drone. Ce petit engin volant permet de couvrir de grandes zones en peu de temps et de repérer les points chauds anormaux.

Mercredi 16 octobre 2019 : inauguration et déploiement des deux drones à Fontainebleau. - ©Manon Genin / ONF

Deux drones dans la lutte contre les incendies

Mercredi 16 octobre 2019, grâce au soutien financier du Crédit Agricole de Brie Picardie, les forestiers de l’ONF ont inauguré le déploiement de deux drones à Fontainebleau. Le premier dispose d'une caméra classique. Petit et léger, il est très rapide à mettre en service. Les techniciens l’utilisent dans le cadre de missions relatives à la gestion de la forêt (suivi sanitaire des arbres et des milieux naturels par exemple).

Le second possède des caractéristiques techniques et technologiques beaucoup plus pointues. Sous ses six kilogrammes se cachent un appareil photo et une caméra vidéo et thermique qui permettent de repérer les points chauds sur les parcelles. Un outil plus qu’utile aux forestiers de l’ONF, mais également aux pompiers. Le SDIS travaille d’ailleurs en étroite collaboration avec l’ONF depuis plusieurs années pour agir sur des feux en cours, mais aussi pour conseiller, accompagner et développer les connaissances des forestiers.

Des pilotes formés

Dès le commencement du projet, six forestiers de l'ONF se sont portés volontaires pour suivre une formation afin de piloter les drones. En juin 2019, ils ont tous obtenu avec succès le diplôme qui leur délivre une autorisation de prise de vue hors spectre visible. En quelques mois, les forestiers-télépilotes ont déjà cumulé plus de cent vols.

Le projet en chiffres

100
vols effectués par les forestiers-télépilotes
3
ans de réflexions et de recherches
6
télépilotes formés et diplômés
3
partenaires engagés : ONF, SDIS, Crédit Agricole Brie Picardie
80 000
euros d'investissements.

Dans la pratique comment ça se passe ?

Lors d’un vol de drone avec caméra thermique, le forestier qui est aux commandes a une vision d’ensemble du massif. Il peut donc rapidement détecter des colonnes de fumée ou des points de chaleur anormaux, invisibles à l’œil nu, et indiquer aux pompiers où il faut agir. Une technique qui allie rapidité et efficacité. Après un incendie, le drone survole également la zone afin de relever les endroits encore chauds et éviter les couves de feu qui se trouvent 30 à 40 centimètres sous terre. Non détectées, elles peuvent causer une reprise de feu jusqu’à vingt jours après le départ initial.

Le petit drone facilite la gestion forestière (pour faire les inventaires par exemple). Ainsi à Fontainebleau, après les rondes des techniciens au sol et les vols, il a été établi que 83 hectares de pins sont morts sur les 22.000 hectares que représente le massif. Sur les images recueillies, les zones à analyser et à déboiser sont facilement reconnaissables par de grandes taches. Ils peuvent aussi faire un suivi précis de l’évolution naturels des landes, des mares, des pelouses…

Avec le drone, nous pouvons voir un foyer jusqu’à 350 mètres, alors qu’au sol, avec la végétation et les rochers, nous avons une mauvaise visibilité. Nous passions parfois à vingt mètres d’un feu sans le voir ni le sentir.

François Faucon, forestier-télépilote à l’ONF.

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