©Catherine Biache / ONF

Boscodon, Forêt d'Exception® : une forêt emblématique des Alpes du Sud

Site emblématique de l’héritage monastique des forêts domaniales et de l’histoire de la Restauration des terrains en montagne, Boscodon exerce un fort pouvoir d’attraction sur les nombreux visiteurs. Si les sentiers de randonnée qui sillonnent la forêt, la beauté de l’abbaye restaurée et les impressionnants torrents expliquent cet engouement pour Boscodon, c’est l’esprit des lieux qui distingue cette forêt de ses semblables. Découvrez ce qui anime les partenaires du label.

Le contexte

Le forêt domaniale de Boscodon présente une sapinière majestueuse, qui produit du bois de qualité et héberge une formidable biodiversité. D’une surface de 878 hectares, elle est la plus petite forêt du réseau Forêt d’Exception®. Elle s’inscrit dans un territoire de montagne, entre 980 et 2400 m d'altitude.

Fruit de l’œuvre de la nature et de l’homme, son histoire est également remarquable. Elle est constituée par l’ancienne forêt monastique et par les surfaces acquises et reboisées dans le cadre de la Restauration des terrains en montagne (RTM) à la fin du XIXe siècle.

L'abbaye de Boscodon vue dans son écrin - ©Christèle Gernigon / ONF

Histoire de l'abbaye

L'abbaye de Boscodon - ©Agathe Mériaux / ONF

Les destins de l'abbaye et de la forêt domaniale de Boscodon ont toujours été mêlés.

Cédée en 1132 par Guillaume de Montmirail aux fondateurs de l'abbaye de Boscodon, la forêt monastique devient propriété de l'État à la suite de la Révolution française. En 1972, l'Association des amis de l'abbaye de Boscodon, composée de six laïcs et six religieux à l'époque, se porte acquéreur de l'abbaye. L'abbaye est peu à peu restaurée et classée monument historique en 1974 pour son architecture remarquable, proche de l'origine romane, et parce qu'elle est l'un des rares édifices religieux de l'ordre de Chalais.

De nos jours, l'abbaye représente la porte d'entrée principale de la forêt domaniale. Les randonneurs font d'ailleurs très souvent une halte culturelle à l'abbaye, tandis que les visiteurs de l'abbaye en profitent pour découvrir la forêt. Le parking de l'abbaye est par ailleurs situé en forêt domaniale.

Un lien historique et symbolique entre la forêt et l'abbaye a été rétabli en 2012, lorsque les forestiers de l'Office national des forêts ont retrouvé la source permettant d'alimenter à nouveau la fontaine du cloître.

La forêt étroitement liée au torrent

Le torrent de Boscodon est un affluent rive gauche de la Durance qui se jette dans la retenue de Serre-Ponçon en aval d'Embrun sur la commune de Crots. Il est formé par la réunion de trois torrents majeurs :

  • le torrent du Colombier (3,8 km² de bassin versant) ;
  • le torrent du Bragousse (5,6 km² de bassin versant) ;
  • le torrent de l'Infernet (15,9 km² de bassin versant).

Après les crues majeures liées notamment au déboisement extrême des montagnes au milieu du XIXe siècle, le gouvernement français entreprend de gigantesques travaux de reboisement ainsi que de correction torrentielle. Le massif de Boscodon a bénéficié de ces deux mesures de "restauration des terrains de montagne".

Un bloc de 250 m3 transporté dans le torrent de Bragousse en juin 1998 !

Les dernières crues de grande ampleur ont eu lieu les 4 et 10 juin 1998. Le 4 juin 1998, un dépôt de 10.000 m³ environ a été observé sur le cône de déjection. Le 10 juin 1998, un bloc de 250 m³ a été transporté par le torrent de Bragousse et cette crue a entraîné des débordements et des dépôts sur le cône de déjection.

Ouvrages RTM - ©Laurène Théard / ONF

Le torrent de Boscodon compte aujourd'hui quatorze ouvrages de correction torrentielle, l'Infernet dix-huit, le Bragousse dix et un sur le Colombier.

L'Infernet présente en outre onze dispositifs de lutte contre le ravinement et l'érosion (dispositifs de revégétalisation), et le Bragousse huit. Soit un total de 62 ouvrages en forêt domaniale, auxquels viennent s'ajouter trois digues sur les terrains communaux en aval.

Une gestion forestière de longue date

Le sentier des Moines, en forêt de Boscodon - ©Catherine Biache / ONF

Le premier aménagement forestier de la forêt domaniale de Boscodon date de 1858. Il fixe les règles de gestion forestière sur une durée de 20 ans. Le dernier a été rédigé pour la période 2014-2033. Il a été élaboré après une étude de terrain adaptée aux enjeux de la forêt. Il constitue une garantie de gestion durable de la forêt.

La forêt, boisée à 69 %, est très majoritairement composée de Sapin pectiné, d'origine naturelle. Seuls 349 hectares, soit 40% de la forêt domaniale sont exploités. Le Mélèze représente la deuxième essence de la forêt, d'origine naturelle pour les peuplements des parties supérieures de la forêt et issu de boisements RTM de la fin du XIXe siècle pour la partie issue de l'ancienne série domaniale RTM de Crots. Le Pin noir est aussi issu des boisements RTM, de même qu'une partie du Pin sylvestre. Les autres essences sont d'origine naturelle.

Le bois de sapin de Boscodon est très recherché, il est notamment utilisé pour la charpente. Le mélèze est quant à lui valorisé sous forme de charpente, de parquet, de bardage et pour la construction d'ouvrages bois RTM ou d'aménagements extérieurs.

Boscodon présente aussi la dernière station de Hêtre en remontant la Durance, marquant sa limite d'aire de répartition naturelle.

Une faune et une flore riches

L'Epipogon sans feuilles, orchidée très rare présente à Boscodon et protégée au niveau national - ©K. Pouet

La forêt de Boscodon abrite une biodiversité exceptionnelle en faune et en flore.

La faune y est représentée par le Casse-noix moucheté, le Tétras-lyre, le Chamois, la Marmotte et les petites chouettes de montagne. La flore s'illustre également par sa diversité. Sur la seule placette Renecofor (Réseau National de suivi à long terme des ECOsystèmes FORestiers), ce sont 134 espèces de plantes qui ont été recensées en 2000, faisant de Boscodon la placette la plus riche en espèces de flore de tout le réseau Renecofor. On y trouve le Sabot de Vénus, orchidée protégée, la Bérardie laineuse ou la Buxbaumie verte, une petite mousse discrète.

La forêt de Boscodon est intégralement comprise dans la zone d'adhésion du Parc national des Écrins. Elle est aussi concernée par un site Natura 2000 et par une ZNIEFF de type 1. Ces zonages attestent de la présence d'une biodiversité exceptionnelle et constituent autant d'outils mobilisés pour la préserver.

Le territoire est aussi en partie protégé par la loi Montagne et la loi Littoral. Le Département a par ailleurs retenu dans son schéma directeur un projet d'espace naturel sensible (ENS) "Bragousse / Forêt de Boscodon" qui couvrirait une grande partie de la forêt domaniale.

©Catherine Biache / ONF

Les orientations stratégiques

C'est autour du patrimoine et du fort potentiel de Boscodon que les acteurs locaux ont souhaité se réunir pour mener des actions de valorisation et porter la candidature au label Forêt d'Exception®.

Vue d'ensemble du massif de Boscodon - ©Agathe Mériaux / ONF

L'ensemble des partenaires de la démarche haut-alpine a signé le protocole d'accord Boscodon, Forêt d'Exception® en 2010, s'engageant ainsi à conjuguer leurs efforts autour des orientations stratégiques suivantes :

  • renouer le lien entre la forêt et l'abbaye de Boscodon
  • inscrire "Boscodon, Forêt d'Exception®" dans les projets des acteurs du territoire
  • accueillir tous les publics pour une forêt à partager
  • préserver la biodiversité en maintenant les fonctions traditionnelles de la forêt
  • favoriser une vision partagée du projet pour intégrer l'ensemble des fonctions et des usages.

Le choix a été fait de conserver ces cinq orientations pour guider le contrat de projet. Ce contrat validé par le comité de pilotage en 2017 a constitué une étape majeure du projet commun porté par les membres du comité de pilotage depuis le début de la démarche.

La production de bois est une des fonctions traditionnelles de la forêt de Boscodon - ©Catherine Biache / ONF

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