©Ilhame Abouhnaïk / ONF

La forêt des Avant-Monts, une balade sensorielle

Avec ses nombreux vallonnements et ses parcours aménagés, la forêt des Avant-Monts dans l’Hérault attire chaque année de nombreux amateurs de sport : randonnées, VTT, simples promenades en montagne… Près de 40 000 usagers parcourent ses sentiers chaque année.

Perchée dans les montagnes de l’Hérault, sur les premiers contreforts sud du massif central, la forêt des Avant-Monts se remarque de loin. Elle donne presque le vertige, simplement en la contemplant d’en bas. Mais ce qu’on remarque avant tout, c’est la prestance qu’elle dégage. Armand Aninat, forestier de l’Office national des forêts (ONF), se concentre au volant tandis que nous traversons les villages de la région par des petites routes sinueuses. Ces villages, comme en flottaison sur la roche, sont tous aussi pittoresques les uns que les autres. 

Au fur et à mesure de la route, il présente la forêt : partie intégrante du Parc naturel régional du Haut-Languedoc, cette forêt domaniale de 3 400 hectares offre de multiples sites à visiter. Depuis les Verreries de Moussans jusqu’à Olargues en passant par les communes de Courniou, St-Pons-de-Thomières, Riols, Pardailhan et Ferrières-Poussarou, elle s’étale d’ouest en est essentiellement sur le versant nord de la crête des Avant-Monts. Moitié feuillus, moitié résineux, elle paraît comme laissée à l’état sauvage, comme si l’Homme n’y avait jamais posé sa main.

L’une des particularités de cette forêt : ses arbres gigantesques. "Les gens sont souvent surpris de voir des forêts aussi grandes dans l’Hérault, ils ne s’y attendent pas", explique Armand. Et ce n’est pas qu'un heureux hasard. Si les arbres y poussent si bien, c’est parce que la forêt se situe à la croisée de trois climats bien distincts : méditerranéen, atlantique et continental.

Ce mélange de beau temps, de pluie et d’un sol idéal forme un ensemble favorable à la pousse. Il n’est donc pas rare d’apercevoir des séquoias, des cèdres de l’Atlas ou encore des douglas de plus de 50 mètres de haut. La forêt respire la santé, et cela se voit ! Dès le premier coup d’œil, la densité de la végétation et la vivacité des couleurs dégagent une sensation de bien-être intense.

Au loin, deux antennes dressées dans la brume nous indiquent le premier point de visite : le pic du Naudech. Ce lieu est particulier pour la région, car il réunit beaucoup de sportifs toute l’année. Randonnée, trail, courses et VTT… C’est également le lieu d’accueil de plusieurs compétitions nationales et internationales, ce qui permet aux forestiers de rencontrer des personnes du monde entier.

"En tant que locaux et forestiers, c’est passionnant de pouvoir communiquer sur la gestion forestière, la fragilité de la forêt, la lutte contre les incendies, etc. Pour nous, c’est vraiment l’occasion de parler de notre travail" confirme Armand. Arrivés au sommet du pic, nous profitons d’une vue imprenable sur l’ensemble de la forêt, debout à côté d’une tour de guet.

Le saviez-vous ? Du verre en forêt...

Aux XVIIe-XVIIIe siècles, la forêt des Avant-Monts était particulièrement entretenue pour servir l’industrie du verre. En effet, de nombreuses maisons munies de fours étaient installées à cet endroit pour fabriquer le verre. Aujourd’hui, si vous vous promenez dans la partie ouest de la forêt des Avant-Monts, vous tomberez peut-être sur des vestiges de cette époque importante pour la verrerie !

La forêt se divise en deux parties distinctes. D’un côté, la partie est où la végétation typique du maquis méditerranéen nous rappelle les paysages corses. De l’autre, la partie ouest, où la végétation et la fréquentation sont différentes.

Ici, on retrouve par exemple beaucoup de personnes en itinérance. Des promeneurs qui empruntent le Réseau Vert de la région (un sentier de randonnée) traversant ainsi tout le département. Ces marcheurs s’engagent parfois dans un véritable pèlerinage, car leur randonnée peut durer plusieurs mois. De quoi changer drastiquement de cadre, se recentrer sur soi et profiter de paysages apaisants.

Une expérience sensorielle complète

En entrant dans la forêt des Avant-Monts, attendez-vous à ce que tous vos sens soient sollicités. Une vue surprenante sur les arbres vertigineux qui surplombent les alentours ; une odeur sucrée dégagée par le douglas qui ne laisse pas indifférent ; un concert musical en nature avec le chant des oiseaux qui se fait entendre au loin ; un vent marin qui glisse sur la peau et vient vous rafraîchir lors de fortes chaleurs…

Si vous levez les yeux au ciel, peut-être apercevrez-vous un aigle royal survolant les flancs de montagne, ou encore un Pic noir, oiseau particulièrement rencontré en forêt puisqu’il se nourrit des insectes présents dans les arbres.

Au fur et à mesure de votre balade dans la forêt des Avant-Monts, il est impossible de ne pas remarquer l’incroyable diversité présente. Qu’il s’agisse de ses essences, de ses paysages ou de ses sols, la forêt des Avant-Monts offre un festival de couleurs au fil des saisons, où le vert foncé s’éclaircit jusqu’à laisser place au rouge orangé d’automne. Car c’est en automne que les paysages sont les plus intéressants à observer, nous dit Armand : "je me régale à toutes les saisons, mais c’est vrai que l’automne a un goût particulier pour moi". Cela dit, même en été, les paysages sont loin de laisser de marbre. Au loin, il semble qu’une mosaïque se dessine entre les vignes et la forêt, donnant l’impression d’un puzzle grandeur nature.

La montagne des Avant-Monts est également un véritable terrain de jeu pour les spéléologues. De nombreuses veines calcaires mènent à des grottes et des galeries à explorer, pour les plus aventuriers. En revanche, si vous cherchez simplement à vous balader, de nombreux sentiers balisés sont également présents : sentiers de petite randonnée, sentiers de grande randonnée ou encore le Réseau vert. De nombreuses autres pistes existent et n’attendent qu’à être arpentées, à pied, à vélo ou même à cheval.

Prévention contre les incendies

Lorsque l’on se promène dans la forêt des Avant-Monts, le vert enchanté et flamboyant de la végétation ferait presque douter de l’existence de sécheresses dans la région. Pourtant, c’est bel et bien le cas : la Défense de la forêt contre les incendies (DFCI) travaille au quotidien pour surveiller les risques de départ de feu. Citernes présentes sur le site, panneaux de prévention, entretien régulier des pistes pour les pompiers… Tout est pensé pour la lutte contre les incendies. Mais pour autant, Armand n'est pas pessimiste.

Dès mon arrivée, j’ai dû réfléchir à comment reboiser une partie de la forêt ayant subi des sécheresses particulièrement fortes et une hausse des températures liée au changement climatique. Aujourd’hui, la plantation est finie et s’est bien adaptée. Même si on subit le changement climatique, il y a des solutions. On fait confiance aux collègues, on se fait confiance et puis on se rend compte que c’est faisable !

Armand Aninat, forestier DFCI de l'ONF à l'unité territoriale de Piémont.

Découvrez l'interview d'Armand Aninat, technicien forestier territorial à l'ONF, pour Sud Radio

D’autant plus qu’une grosse partie de cette stratégie repose également sur l’information transmise au public, car il faut savoir que la quasi-totalité des feux de forêt sont d’origine humaine. Mais, même si des sanctions existent lorsque les règles ne sont pas respectées, les forestiers misent davantage sur la prévention et l’éducation, et ce dès que possible. "Lors de nos patrouilles, nous discutons avec les promeneurs pour les avertir des dangers et risques d’incendies. Pour nous, c’est plus important de faire de la prévention que de sévir."

De nombreux éléments sont donc pensés pour la lutte contre les incendies. Mais pour la partie ouest de la forêt, la thématique n’est pas autant présente, étant donné le climat atlantique et son humidité ambiante qui vient naturellement ralentir les risques.

Que faire dans cette forêt ?

Si l’envie vous prend de découvrir la forêt des Avant-Monts et ses nombreux sentiers, Armand vous a dressé la liste des points les plus importants à ne pas rater lors de votre visite. L'ONF vous propose un parcours tout tracé.

  • Le Pic du Naudech

Le pic du Naudech à l’extrémité est de la forêt domaniale des Avant-Monts, culmine à 750 mètres d’altitude et présente un panorama sur l’ensemble des paysages de cette région, du littoral méditerranéen, en passant par les coteaux viticoles, jusqu’aux contreforts rocailleux du Massif Central et de la Montagne Noire. Cette partie de la forêt, accidentée, rocailleuse et peuplée de résineux méditerranéens offre un terrain de jeux très apprécié des sportifs "outdoor" notamment les VTTistes qui s’engagent dans les pentes raides de ce territoire.

  • Les Escampats

Cette partie de la forêt, plus jeune et plus résineuse que le reste, présente plusieurs aspects intéressants de la gestion forestière locale. D’une part la gestion du risque incendie caractérisée par un grand pare feu de crête, entretenu tous les ans, il permet de créer une coupure végétale au feu. L’entretien de cette zone végétale permet aussi la présence d’espèces intéressantes (Orchidées, Busard Saint-Martin…). Enfin cette ligne de crête débroussaillée chaque année est aussi un formidable point de vue sur la mer, les coteaux viticoles et les Pyrénées, que les pratiquants du Réseau-vert Héraultais peuvent contempler.

  • Les Hêtres des Contentes

Peuplement classé, les Hêtres des Contentes attestent de la bonne gestion des forêts des Avant-Monts. Grands, élancés, et pour beaucoup occupés par des loges de Pic-noir, ce peuplement en phase de régénération naturelle est particulièrement intéressant si l’on veut comprendre la sylviculture locale.

Les Hêtres des Contentes, le coin préféré d'Armand Aninat

©ONF
  • Les Cèdres de Lucarnis

Témoin du passé et protagoniste du futur des forêts, ces grands cèdres aux fûts rectilignes, ont été plantés à l’époque où les Harkis ont grandement participé à la reforestation des forêts locales. Ces cèdres font actuellement partie d’un peuplement classé et fournissent les graines qui serviront à adapter les forêts aux changements du climat.

  • Placette d’expérimentation Renecofor – Douglas

Cette placette d’expérimentation située aux abords d’une aire d’accueil du public permet de mettre en avant la richesse des peuplements de Douglas sur ce secteur. Avec des hauteurs dépassant les 50 mètres, ces Douglas ajoutent de la hauteur à cette route sinueuse empruntée par de nombreux touristes durant la saison estivale. Mais son rôle principal est de comprendre l’évolution des écosystèmes forestiers, en l’occurrence celui du Douglas, par le biais d’un réseau européen (Renecofor).

En images, ce qu'il ne faut pas rater

  • Le Roc de Saint-Bauzille

Chargé d’histoire, le roc St-Bauzille témoigne d’un lieu d’échange important depuis des temps immémoriaux (néolithique). En effet ce lieu mystique a dévoilé après la tempête Klauss de 2009 certains de ses secrets, notamment deux statues-menhir, d’autres objets comme des amphores romaines, trois tombes à incinération (580 av-JC)… Aujourd’hui, les versants de ce roc solitaire sont peuplés par de belles futaies de Hêtres.

  • Les Sequoias des Verreries de Moussans

Dernière particularité de cette forêt, un peuplement mature de Sequoias en mélange avec des Douglas donne une allure de parc national nord-américain à ce secteur de la forêt domaniale des Avant-Monts. A cela s’ajoute, face à la maison forestière Saint Alexandre, une immense cépée de trois Sequoias coupés en 1920 et datant d’au moins 150 ans.

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