Comment réinventer le taillis ? Des expérimentations en cours près du Pic Saint-Loup

L’Office national des forêts (ONF) expérimente différentes modalités de taillis en forêt domaniale du Pic Saint-Loup dans l’Hérault. Objectif : qualifier l’impact potentiel de ces pratiques ancestrales sur la faune, pour améliorer les techniques à employer aujourd’hui.

Pour comprendre les enjeux, quelques définitions… En sylviculture, un taillis est un peuplement feuillu majoritairement constitué par des rejets repoussant naturellement sur les souches après une coupe. Les cycles de croissance sont assez courts, de 50 à 70 ans, selon la fertilité du sol.

Traditionnellement, les coupes de taillis se font sur des surfaces de 5 hectares d’un seul tenant, pouvant aller jusqu’à plus de 20 hectares. Ce mode de traitement entraine des modifications dans le paysage forestier avec des ouvertures du milieu plus ou moins importantes. Celles-ci peuvent être favorables à certaines espèces : papillons, reptiles et petits mammifères, alors que d’autres animaux au contraire, peu mobiles, peuvent en pâtir du fait de la disparition temporaire de leur habitat.

Exemple de taillis. - ©ONF

Sylviculture alternative

Afin de comprendre l’impact des interventions sylvicoles sur la faune, l’ONF avec le projet européen CERES, étudie différents modes de traitements du taillis, en forêt domaniale du Pic Saint Loup (Hérault). Le projet CERES est financé par le Fonds européen de développement régional (FEDER), à travers le programme Interreg SUDOE.

Les actions de l'ONF consistent à comparer quatre situations :

  • des coupes de taillis classiques où l’on prélève 100% du volume de bois sur 4,5 hectares ;
  • deux types de coupes où l’on ne prélève que 75% du volume, sur une surface plus importante de 6 hectares pour obtenir le même volume exploité ;
  • des zones sans coupe servant de témoin.

Pour ce faire, deux types de coupes sont étudiées :

  1. les coupes dites en "bouquet-corridors" où l’on conserve intégralement des zones boisées agrégées, sur 25% de la coupe, en privilégiant des fonds de vallon, des bouquets ou des corridors
  2. les coupes de "balivage" (un baliveau est un brin de taillis jugé assez droit et vigoureux, que l'on souhaite privilégier), où l’on conserve également 25% des tiges mais réparties sur l’ensemble de la zone de manière homogène.
©ONF

Mesures et inventaires

En amont de ces travaux de coupe prévus début 2022, plusieurs inventaires seront effectués durant l'année 2021, sur les quatre types de zones, afin de servir d’état initial :

  • des mesures dendrométriques, pour estimer les volumes de bois vivants et de bois morts, le nombre d’arbres à cavités, ou porteurs d’autres microhabitats favorables à la faune, etc.
  • des inventaires de la faune (fourmis, araignées et carabes en priorité, mais aussi probablement chiroptères - les chauves-souris - et orthoptères), afin de disposer d’éléments concrets permettant de mesurer l’impact des coupes sur la petite faune à faible capacité de déplacement.

Ces inventaires seront réitérés immédiatement après les opérations de coupes (2023-2024), et aussi 10 à 15 ans plus tard pour établir des comparaisons.

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