Dans le Jura, une restauration de cours d'eau en milieu forestier

En Forêt domaniale de Chaux, l’ONF et ses partenaires réalisent depuis 2015 des travaux afin de reconstituer la capacité de rétention en eau, restaurer les habitats et rétablir la biodiversité des ruisseaux. Explications.
La Clauge avant travaux - ©ONF Jura

Restauration de ruisseaux en cours… Depuis 2015, l’ONF et ses partenaires réalisent d’importants travaux dans la forêt de Chaux (Jura) pour rétablir les cours d’eau en milieu forestier. Objectif : restaurer l'habitat, la biodiversité et la capacité de rétention en eau sur près de 45 kilomètres de ruisseaux. 

Dans le massif de chaux, ces travaux devenaient nécessaires au regard de l’état de certains cours d’eau. Le débit d’étiage de la Clauge, petit affluent du Doubs long de 23 kilomètres, était en effet devenu faible, voire nul, dès sa partie médiane. En trente ans, le cours pérenne de ce ruisseau a même diminué de 7km. Parmi les raisons de ce phénomène :

  • L’hydrologie naturelle et le contexte géologique.
  • Des travaux de drainage réalisés des années 1950 à 1970 dans la forêt afin de faciliter le reboisement de parcelles surexploitées et ruinées.

Au final, 80% des ruisseaux temporaires avaient été linéarisés (technique d’ingénierie fluviale pour limiter l’espace des rivières et gagner des zones constructibles ou agricoles), entraînant avec le temps une érosion active accompagnée de l’enfoncement du lit ainsi que de la diminution des longueurs de ruisseau et du temps de présence d’eau. En parallèle, les gestionnaires forestiers constataient un début de dépérissement de certains peuplements de chêne.

Redonner leurs courbes aux cours d'eau

Face à ce constat, il fallait restaurer ces milieux aquatiques, tout en réalisant un suivi technico-scientifique des impacts des travaux entrepris sur plus de 40 km de ruisseaux temporaires. Les solutions mises en œuvre ont tenu compte de l’état de dégradation de chaque tronçon de cours d’eau. Différentes techniques adaptées ont été utilisées, tels que le comblement du lit, le positionnement d’embâcles afin de lutter contre l’érosion, ou encore l’installation de bouchons afin de guider l’eau vers son ancien méandre.

En parallèle, des reméandrages (technique consistant à allonger le tracé et à réduire la pente d'un cours d'eau pour rendre sa morphologie plus sinueuse et lui faire ainsi retrouver ses fonctions hydrobiologiques) et la création d’épis dans les fossés bordiers de routes forestières ont permis d’améliorer le caractère humide des parcelles, en détournant les écoulements vers la parcelle plutôt que vers le fossé. Afin de préserver les ruisseaux restaurés lors des exploitations forestières, différents travaux de voirie forestière ont été mis en place. Ils alternent l’installation d’ouvrages de franchissement, busages ou ponceaux, et la création de pistes empierrées permettant de desservir un ensemble de parcelles.

Travaux de chevauchement du cours d'eau - ©ONF Jura

Présentation des résultats encourageants

En février 2019, l’ONF et ses partenaires ont organisé une « Journée technique et scientifique » rassemblant 150 personnes (élus, chercheurs étudiants, journalistes...) autour du directeur territorial de l'ONF Bourgogne-Franche-Comté et du directeur de la délégation de Besançon de l'agence de l'eau. L'objectif : partager un premier retour d'expérience sur les travaux engagés.

Les premiers résultats, après trois tranches annuelles de travaux concernant chacune 15 kilomètres de ruisseaux, se sont révélés très encourageants, tant pour les milieux aquatiques que pour l'évolution de l'humidité des sols.

Deux enseignants-chercheurs de l'Université de Franche-Comté ont par ailleurs fait état des premiers effets des travaux de restauration des ruisseaux sur le fonctionnement hydrique des sols, sur la végétation, et ont présenté les intérêts, les spécificités, et la vulnérabilité des ruisseaux forestiers sur le plan de leur potentiel hydrobiologique. A suivre dans les années qui viennent avec de nouvelles opérations prévues !

Une convention pour la préservation et la restauration des milieux humides en forêt de Chaux

Le vendredi 29 mai 2015 à Ranchot, l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse (financeur principal du projet), l’Université de Franche-Comté (assistance technique et suivi scientifique) et la Délégation territoriale de l'ONF Franche-Comté (maître d’œuvre, opérateur et co-financeur) ont signé une convention de travaux de préservation et de restauration des milieux humides en forêt de Chaux.

Ce projet de restauration concerne 45 kilomètres de cours d’eau, et de 7 bassins versants. Cette convention vise en particulier le massif de la Forêt domaniale de Chaux, vaste milieu humide situé en zone Natura 2000, et traversé par la Clauge (un affluent du Doubs).

Et aussi :