Protéger notre filière chêne locale avec le label “Transformation U.E.”

Le label “Transformation U.E.” oblige les entreprises adhérentes à transformer le chêne ou à s’assurer de sa transformation au sein de l’Union européenne. Comment ça marche ? En neuf questions-réponses, l’Office national des forêts (ONF) vous en dit plus sur ce dispositif.

Face à l’intérêt international pour les chênes français, il n’y a pas de fatalité, mais le label "Transformation U.E" ! Depuis 2015, ce dispositif créé par l’ONF et l’Association pour la promotion des chênes et feuillus français (APECF) privilégie la vente de chênes issus des forêts françaises aux entreprises françaises et européennes. Comment ? Plus d’explications ci-dessous.

©Nathalie Pétrel / ONF

Qu’est-ce que le label “Transformation U.E." ?

Ce label oblige les entreprises adhérentes à transformer ou à s’assurer de sa transformation au sein de l’Union européenne (U.E.) les chênes achetés lors des ventes "chênes labellisés" organisées par l’ONF.

Autrement dit, ce bois labellisé quitte la forêt pour être ensuite transformé en France ou au sein de l’U.E. C’est un premier pas pour préserver les filières françaises de fabrication, comme celle du parquet par exemple.

Pourquoi avoir créé ce label ?

"L’objectif premier est d’approvisionner les entreprises françaises et européennes qui pourraient être en difficulté face à la concurrence internationale", explique Aymeric Albert, chef du département commercial bois à l’ONF. En effet, la France est riche en chênes de qualité, véritable trésor de nos forêts comme à Tronçais, Bercé ou Orléans.

Or cette matière première est très convoitée par de nombreux pays, notamment pour la construction en Asie et aux Etats-Unis. Ce label est un outil, dédié la filière forêt-bois française et européenne, pour faire face aux aléas du commerce international.

Le saviez-vous ? Le précédent du hêtre…

Lors de la création du label en 2015, la volonté affichée était d’assurer un avenir pour la filière chêne française et d’éviter ce qu’il s’est passé sur le hêtre dans les années 90. "A l’époque, des entreprises françaises n’ont pas pu faire face à la hausse des prix et à la pression internationale. Beaucoup ont dû fermer faute de matière première", rappelle Caroline Berwick, directrice générale adjointe à la Fédération nationale du bois (FNB).

©France Bois Forêt (FBF).

Quels sont les avantages pour les propriétaires forestiers ?

S’engager dans ce label en tant que propriétaire forestier, c’est prendre une décision écologique et responsable avant tout. "Avec ce label, les chênes récoltés sont transformés localement par l’industrie française et européenne. Ce qui réduit l’empreinte carbone avec moins de transport international. Des emplois français et locaux sont aussi préservés", énumère Aymeric Albert.

Choisir ce label, c’est aussi dire non à des ventes spéculatives uniquement guidées par les prix volatiles du marché international. C’est aussi s’assurer de débouchés commerciaux locaux à court, moyen et long terme. Autrement dit, maintenir des clients locaux et une concurrence bénéfique pour tous.

Ce dispositif permet concrètement de transformer le chêne issu des forêts en France et au sein de l’Union européenne. Pour l’ONF, c’est aussi une première étape pour consommer de manière éthique et locale.

Aymeric Albert, chef du département commercial bois à l’ONF.

©Giada Connestari/ONF

Quels sont les avantages pour ces entreprises (menuisiers, charpentiers, tonneliers…) ?

En s’engageant à transformer ou à faire transformer au sein de l’Union européenne, les entreprises adhérentes au label disposent d’un accès prioritaire aux ventes dites "Chênes labellisés". C’est-à-dire :

  • celles organisées par l’ONF. Ce qui correspond à 80% des chênes issus des forêts publiques vendus par l’Office. "C’est le dispositif principal pour acheter les beaux chênes issus des forêts publiques", rappelle Aymeric Albert, chef du département commercial bois à l’ONF.
  • celles organisées par les propriétaires forestiers privés ou les gestionnaires adhérents du label.

En chiffres, combien pèse ce label à l’ONF ?

Comment y adhérer ?

Il existe deux manières pour une entreprise d’adhérer au label "Transformation U.E' :

  • Adhérer via l’ONF en complétant un formulaire disponible ci-dessous. Ces entreprises représentent 5% environ des entreprises adhérentes.
  • Adhérer via l’APECF en complétant un formulaire disponible ci-dessous. Ces entreprises représentent environ 95% des entreprises adhérentes.  
©Foundation Picture / ONF

Quelles différences y’a-t-il entre une adhésion auprès de l’ONF et de l’APECF ?

Quelques nuances existent pour le label "Transformation U.E." entre sa version ONF et sa version APECF. Ces différences sont la conséquence d’un arrêt du Conseil d’Etat du 9 mars 2022. L’ONF a procédé à quelques ajustements votés en conseil d’administration le 16 mars 2022. Les voici ci-dessous.

Adhérer au label via l’APECF :

Adhérer au label via l’ONF :

Comment contrôler le respect du label ?

KPMG, Veritas… De grands cabinets d’audit contrôlent annuellement les entreprises signataires du label. En cas de suspicion (problèmes de comptabilité, présence de conteneurs suspects relevés par les forestiers, grumes rangées d’une certaine manière…), ces contrôles peuvent être inopinés et approfondis.

Une fois par an, comme tous les dispositifs de ce genre, ces cabinets vérifient le respect des engagements sur la base de documents comptables fournis par l’entreprise. Grâce à une analyse croisée par l’ONF et l’APECF, la méthodologie est améliorée du retour d’expériences des organismes de contrôle.

Caroline Berwick, directrice générale adjointe à la Fédération nationale du bois (FNB).

Le saviez-vous ? La confidentialité des informations transmises...

Les organismes de contrôle sont seuls à intervenir auprès des entreprises. Ce qui garantit la confidentialité des informations qu’elles transmettent.

©Alain Blumet / ONF

Quelles sont les sanctions en cas de non-respect de ses obligations pour l’entreprise ?

Selon les écarts constatés, les sanctions peuvent aller d’une suspension temporaire (semaines, mois…) à une exclusion définitive du dispositif.

Impose-t-on une traçabilité sur ces chênes ?

Le label "Transformation U.E." impose une traçabilité du chêne de la forêt au site de transformation européen en passant par la livraison. Un numéro unique sur chaque grume, de son abattage à sa transformation, est exigé par l’ONF. C’est la traçabilité physique "à la pièce".

La filière forêt-bois affiche cependant un retard à ce sujet. Il est très difficile d’opérer un tel suivi dans la mesure où le bois, lors de sa transformation, change d’état : grumes, planches, sciages, sciures… C’est un vrai chantier de modernisation à mener qui prendra plusieurs années !

Des contrats d’approvisionnement à développer

Le label "Transformation U.E." est un outil pour la filière forêt-bois française, mais ce n’est pas le seul dispositif existant… Face aux pénuries en bois de sciage, l’ONF s’engage plus encore en 2022 dans le développement des contrats d’approvisionnement, autre outil structurant pour le secteur. L’objectif ? Augmenter le nombre et le volume de ces contrats pluriannuels qui assurent un approvisionnement en bois défini à l’avance, gage de visibilité pour les propriétaires, gestionnaires forestiers et transformateurs face aux marchés fluctuants. En 2022, 1/3 des chênes récoltés en forêt domaniale seront vendus via ces contrats. L’objectif de l’Office est de passer à 50% en 2025.

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