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Les forêts de Martinique, entre préservation des espaces naturels et accueil du public

Bien connue pour ses plages, la Martinique dispose également d’un patrimoine forestier avec un écosystème d’une très grande richesse. Ce territoire d’outre-mer doit ainsi faire face à plusieurs enjeux : préservation de la biodiversité, accueil du public, production de bois, gestions des risques naturels... L’ONF est en première ligne pour y répondre.
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Une île aux forêts publiques variées

L’ONF Martinique se consacre aux forêts publiques de l'île, soit environ un tiers des forêts. Ces espaces naturels sont situés majoritairement au nord de l'île mais aussi en bordure littorale.

D'un point de vue juridique, il existe en Martinique cinq types de forêts publiques :

  • les forêts domaniales littorales (1826 ha) bordant 240 km de côtes, soit 50% du littoral martiniquais ;
  • les forêts territorialo-domaniales (9720 ha) ;
  • les forêts territoriales (1464 ha), propriétés de la Collectivité territoriale ;
  • les forêts du Conservatoire du littoral (2491 ha) ;
  • les forêts du domaine public maritime boisé (635 ha), zones inondées par de l'eau douce ou salée, d'une grande valeur écologique.
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Le territoire en bref

41,3%
de couverture forestière
34,2 %
de forêts publiques
dont
21%
de forêts territorialo-domaniales
dont
4%
de forêts domaniales littorales
dont
3%
de forêts territoriales
65,7%
de forêts privées

D'un point de vue écologique, il existe également plusieurs types de forêts. En effet, il existe en Martinique une variété d'écosystèmes : 

  • La forêt hygrophile ou humide

La forêt hygrophile se caractérise par une forte densité et diversité dans les différentes strates. On la trouve entre 400 et 1000 mètres d'altitude. En Martinique, on la retrouve sur les flancs de la Montagne Pelée et des Pitons du Carbet. 

  • La forêt xérophile ou sèche

La forêt xérophile est un milieu où il y a peu de pluie mais au contraire beaucoup de soleil et de lumière. Les arbres y sont nombreux mais de taille moyenne. 

  • La forêt mésophile

La forêt mésophile est une forêt de transition entre la forêt sèche et la forêt humide. On la retrouve à partir de 200 mètres d'altitude. Il s'agit de la forêt la plus dégradée par l'homme. En effet, elle a été grandement défrichée au profit de l'agriculture et de l'urbanisation.

  • La forêt du littoral

La forêt du littoral se trouve en bord de mer. Sa végétation pousse sur le sable. 

  • La forêt d'altitude

On retrouve ce type de forêt sur les sommets de la Montagne Pelée et des Pitons du Carbet, à partir de 1000 mètres d'altitude. La pluviosité y est élevée et le vent y est permanent, ce qui explique que la végétation soit basse. 

  • La mangrove 

La mangrove pousse dans des milieux inondés, les pieds dans l'eau. La végétation pousse sur un sol instable, salé et asphyxiant. Ces forêts jouent un rôle essentiel dans la protection du littoral marin et terrestre. 

Les forêts emblématiques de Martinique

La Montagne-Pelée et les Pitons du Carbet sont des éléments structurants des paysages nord martiniquais. Ils s’intègrent dans des massifs forestiers qui présentent une grande diversité biologique, relativement épargnée en raison d’une accessibilité difficile et des mesures de protections prises. De nombreux sites majeurs pour l’accueil du public martiniquais s’y trouvent. En 2019, la « Forêt des Volcans de Martinique » reçoit le label Forêt d’Exception®. 

La Montagne-Pelée (1397 mètres) - ©ONF

3,757 millions d’euros ont été investis pour l’entretien des forêts en 2016 dont 1,5 millions d’euros par la Collectivité territoriale de Martinique.

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Concilier préservation de la biodiversité et accueil du public

La Martinique abrite une biodiversité exceptionnelle et riche qui lui revêt un rôle important en matière de conservation mais également de valorisation de cette dernière. 

Des réserves biologiques ont été créées, constituant un outil de gestion efficace des espaces naturels.

Il existe trois réserves biologiques intégrales (RBI)dans lesquelles aucune intervention sylvicole n’est réalisée :

  • la RBI de la Montagne-Pelée, qui abrite l'un des volcans les plus célèbres du monde, avec un patrimoine géologique et historique très fort ;
  • la RBI des Pitons du Carbet : la forêt territorialo-domaniale des Pitons du Carbet est un massif forestier très primitif qui procure l’essentiel de l’eau potable ;
  • la RBI Prêcheur/Grand'Rivière, un site aux paysages remarquablement sauvages, avec des massifs très denses.

Les RBI sont des espaces-témoins protégés voués à la libre évolution des forêts (landes, mares, tourbières, dunes). Ils sont un terrain privilégié pour les scientifiques, qui y étudient la dynamique spontanée des écosystèmes. 

Deux réserves biologiques dirigées (RBD)2 existent également, visant la sauvegarde d’espèces particulières à forte valeur patrimoniale : l’une pour la préservation des Sternes de Dougall, espèce remarquable nichant dans les forêts publiques, et l’autre pour la protection des sites de ponte de tortues marines.

Les RBD concernent des milieux ou espèces remarquables qui nécessitent en général une gestion conservatoire particulière visant la protection d’espèces et d’habitats remarquables ou menacés.

Les espèces emblématiques de Martinique

Les forêts de Martinique recèlent une faune et une flore très variées, avec près de 40 espèces endémiques, en particulier dans les zones d’altitude qui sont exposées à des conditions météo particulières (fortes humidités, basses températures, faible ensoleillement).

Aux côtés de leurs partenaires – État, communautés d’agglomération, communes, instances professionnelles et associations locales – les équipes de l’ONF ont pour objectif de concilier la préservation des espèces emblématiques de l’île avec les activités humaines courantes. Chaque année, plus d’1,5 million de personnes arpentent les sentiers et sites gérés par l’ONF. Face à cet afflux de visiteurs et de nouveaux habitants, l’Office a pour mission de mettre en œuvre des conditions d’accueil du public optimales en forêt, que ce soit sur le littoral ou dans les terres, tout en préservant le milieu naturel.

L’accueil du public en chiffres

32 sentiers pédestres
220 km de randonnées
13 sites d'accueil
+ de 800 mobiliers extérieurs

Le défrichement placé sous contrôle de l’ONF

La forêt fait partie intégrante du patrimoine culturel et écologique martiniquais. Elle protège les sols de l’érosion, préserve la qualité et la quantité d’eau, et abrite une faune et une flore mondialement reconnues. C’est pourquoi l’ONF entend limiter le défrichement, qui a pour effet de détruire l’état boisé d’un terrain et de mettre fin à sa destination forestière via l’arrachage d’arbres, le brûlage ou encore le pâturage.

En Martinique, il est strictement interdit de défricher ses bois sans autorisation. Missionné par l’Etat, l’ONF est chargé d'étudier les demandes de défrichement et de faire des propositions à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF) qui prononce les décisions.

Pour en savoir plus : L'autorisation de défrichement en Martinique

Des sanctions en cas de fraude

Un défrichement effectué sans autorisation est un délit sanctionné d’une amende pouvant s’élever à 150 euros/m2 défriché, et jusqu’à 450 euros/m2 si le maintien d’un boisement était imposé.

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Une production de bois d’œuvre et d’énergie

En Martinique, l'ONF gère près de 1 250 hectares de forêts publiques, avec comme objectif premier la production de bois. On compte environ 120 emplois liés à la filière bois. Le massif emblématique des Pitons du Carbet représente à lui seul environ 8% du patrimoine géré.

Les principales essences cultivées sont :

  • l’Acajou du Honduras, localement appelé Mahogany grandes feuilles
  • le Mahot bleu (< 5%).
Grand carbet - ©ONF

Un programme régional de la forêt et du bois (PRFB) en cours d’élaboration

Ce programme piloté et mis en œuvre par la Commission régionale de la forêt et du bois (CRFB) rassemble de nombreux acteurs, parmi lesquels la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt de la Martinique (DAAF), la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Deal), les représentants de la filière (utilisateurs et transformateurs du bois), les représentants des associations de protection de l’environnement et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). L'ONF y siège en tant que propriétaire mais également en tant qu'acteur central de la filière.

Trois axes de travail ont été définis :

  • développer une filière vertueuse pour le territoire (ressource, débouchés, techniques de mobilisation, visibilité de la filière, emploi et compétences) ;
  • assurer la continuité d’un patrimoine forestier multifonctionnel (connaissance et protection des habitats et du foncier, restauration des milieux fragiles et dégradés, prévention des risques naturels et du changement climatique, développer une filière à faible impact) ;
  • analyser le potentiel de l’agroforesterie (réfléchir sur les lieux propices, les modes de gestion et les méthodes incitatives).

ONF – Direction territoriale de Martinique

78, route de Moutte - BP 578
97207 Fort-de-France Cedex

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