Naturaliste avifaune, un métier de passion pour préserver les oiseaux

Jumelles à la main et oreilles en alerte, les forestiers naturalistes du réseau avifaune de l'ONF quadrillent les forêts françaises à la recherche du moindre signe attestant la présence d’un oiseau. Découvrez pourquoi !
©ONF / Digicomstory

Depuis 2004, certains forestiers de l’ONF ont une spécialisation en matière de faune ou de flore, ce sont des naturalistes. Ils sont près de 220 à l'Office national des forêts, répartis dans six réseaux spécialisés : entomologie (insectes), habitats-flore, herpétofaune (amphibiens et reptiles), mammifères, mycologie (champignons) et... avifaune (oiseaux). Voici les missions des naturalistes du réseau avifaune de l’Office qui interviennent à plusieurs moments clés de la gestion forestière.

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A l’écoute des oiseaux pour mieux gérer les forêts

Une des principales missions des naturalistes du réseau avifaune est de dresser un inventaire précis des espèces présentes sur un massif ou une parcelle forestière en amont d'un aménagement forestier (le document qui planifie les actions à mener sur 20 ans dans les forêts publiques qui relèvent du régime forestier). Cet inventaire permettra d’éclairer les équipes sur la gestion du site à adopter pour préserver au maximum les oiseaux.

Les spécialistes agissent également pour accompagner la création de réserves biologiques. Elles permettent de protéger des espèces et des habitats remarquables ou menacés et de suivre l’évolution des écosystèmes impactés, notamment par le réchauffement climatique. Pour orienter la décision de création d'une réserve, des inventaires sont alors réalisés au tout début, à "l’état zéro". Ils seront ensuite comparés à ceux fait dix ans plus tard.

Ces actions ont un objectif majeur : protéger l’habitat naturel des oiseaux pour préserver leur qualité de vie et la biodiversité des forêts publiques françaises.

Le saviez-vous ?

L’oiseau joue un rôle déterminant dans l’écosystème forestier. Il disperse beaucoup de graines et mange des insectes ravageurs. Par exemple, la mésange bleue se nourrit, elle et ses petits, de la chenille processionnaire. De plus, ce sont d'excellents indicateurs sur l'état de santé des écosystèmes.

Des partenaires essentiels

Véronique Vinot, membre du réseau avifaune - ©Giada Connestari / ONF

Les naturalistes du réseau avifaune travaillent en étroite collaboration au niveau national et local avec des associations telle que "La ligue pour la protection des oiseaux " ou  "Loiret Nature Environnement". Un moment de partage important dans leur travail de préservation de la biodiversité.

"Ces partenariats permettent de travailler ensemble sur la protection et l’étude d’espèces particulières. Par exemple, avec la LPO, il y a quelques années, s'est déroulé un important programme d'étude sur cinq ans, intitulé "Oiseaux des bois". Il intervenait sur trois forêts différentes (forêts domaniales de Moulière, d'Orléans et d'Orient) et ciblait des espèces patrimoniales. Ce fut un riche échange", témoigne Véronique Vinot, naturaliste avifaune à l’ONF.

Comment ça se passe sur le terrain ?

Entre la fin du mois de mars et le début du mois de juin, au moment de la période de reproduction et du retour des oiseaux migrateurs, les naturalistes du réseau avifaune se rendent dans les massifs forestiers et les parcelles pour plusieurs jours d'étude. Deux sessions espacées de plusieurs semaines sont nécessaires pour dresser un rapport. Leur travail débute une demi-heure après le lever du soleil. "A l'aube, tous les oiseaux chantent en même temps et c’est très difficile de les identifier !" explique Véronique Vinot.

Equipés de leurs jumelles et d’une cartographie GPS, les experts se fixent des points d’observation et d’écoute à l’oreille humaine de vingt minutes et notent tout ce qu’ils perçoivent. Les protocoles précis sont suivis à la lettre. Nids, petites traces et surtout chants, rien ne leur échappe. Les observations sont confirmées par le passage répété des naturalistes sur un même point. "Tout cela sert principalement à déterminer s’il y a des couples d’oiseaux nicheurs sur la parcelle. Si c’est le cas, c’est un signe de qualité en matière de biodiversité", affirme l'experte.

Pascal Denis, animateur du réseau avifaune, et Paul Tourneur, chef de projet biodiversité à l'ONF, étudient les données collectées. - ©Giada Connestari / ONF

Les informations récoltées sont scrupuleusement reportées dans la base de données naturalistes de l’ONF. Ce logiciel permet de regrouper toutes les données issues des inventaires des six réseaux naturalistes et également des observations réalisées par les forestiers de l'ONF. Le responsable de l'étude rédige ensuite un rapport de suggestions, validé par l'animateur du réseau avifaune, à destination des équipes locales, qui s’y référeront pour prendre des décisions de gestion.

Ces précieuses informations récoltées par les naturalistes du réseau avifaune dans les forêts publiques, ou dans les réserves biologiques, ne sont pas uniquement utilisées par l’ONF. Dans un souci de préservation des espèces, ces données publiques sont transmises à l'Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).

Le réseau avifaune participe également avec le Muséum national d'Histoire naturelle au programme de Suivi temporel des oiseaux communs (STOC). Il permet de suivre sur le long terme l'évolution des oiseaux communs, notamment forestiers.

Le saviez-vous ?

En 2019, plus d’un million de données, portant sur des milliers d’espèces forestières ou appartenant à des milieux associés à la forêt, ont été récoltées et partagées avec l’INPN. 

Comment se portent les oiseaux en France ?

Si l'on regarde la situation en générale, les oiseaux en France vont mal. Pascal Denis, animateur du réseau avifaune, évoque même une baisse de biodiversité chez les oiseaux en ville et en campagne. Les raisons sont multiples. L'utilisation des insecticides et des herbicides dans les cultures font disparaître les principaux éléments de nourriture des oiseaux, comme les graines ou les insectes. Les perturbations climatiques et la perte d'habitat sont également les causes de ce bilan négatif.

Et en forêt ? Fort heureusement, la situation de des oiseaux y est meilleure. Leurs populations se maintiennent, et augmentent même pour certaines espèces. Un point positif qui se justifie par une protection quotidienne. L'augmentation de la superficie des forêts en France joue également un rôle majeur dans la préservation des oiseaux.

Quelques chiffres-clés en France :

Et aussi :

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