63 000 arbres plantés cet hiver dans le massif de Fontainebleau

Sur le massif de Fontainebleau, certains arbres sont plus touchés que d’autres par le changement climatique. Si l’ONF privilégie systématiquement la régénération naturelle dans sa gestion courante, le recours aux plantations est parfois nécessaire. Durant la campagne hivernale 2022-2023, l’ONF va planter 63 000 arbres.

Soumis à un climat de plus en plus chaud et sec, confronté à une quatrième année de sécheresse en cinq ans, le massif forestier de Fontainebleau est mis à rude épreuve. Les effets du changement climatique, amplifiés par des sols pauvres et sableux peu capables de stocker l’eau, se ressentent. Pins sylvestres aux épines rougies, chênes pédonculés et hêtres aux cimes rabougries, sont des signes visibles qui ne trompent pas.

Pour parer ces dépérissements précoces, l’ONF applique une gestion privilégiant la régénération naturelle. C’est-à-dire que le renouvellement de la forêt se fait à partir des fruits des arbres présents qui poussent naturellement. Comme les évolutions climatiques s’accélèrent vite, certaines essences risquent de ne pas avoir le temps de s’adapter, de mourir précocement ou d'éprouver des difficultés pour se renouveler. Ces situations conduisent l’ONF à recourir aux plantations, avec l'objectif d’accompagner la régénération naturelle.

Hêtres dépérissants - Forêt de Fontainebleau

63 000 arbres plantés durant l’hiver 2022-2023

Durant l’hiver 2022-2023, les forestiers mettront en terre 63 000 plants dans 44 parcelles, répartie sur le massif, couvrant une surface de 160 hectares. Privilégiant la diversification, l'ONF a choisi d'implanter pas moins de 10 essences différentes. Du chêne en majorité, car cette essence est réputé pour être plus résistante au stress hydrique.

Aux côtés des 32% de chênes sessiles, des 23% de chênes pubescents et des 8% de chênes tauzin, ce seront également 24% de bouleaux et 1,5% de charmes pour aider les chênes à se développer. Et enfin des essences comme l'Alisier torminal, le Pommier, le Poirier, l'Alisier blanc, le Cormier, le Pin maritime et le Noyer pour apporter plus de diversité.

Aujourd’hui, les forestiers favorisent la diversité d’essences, dans un souci d’avoir une forêt plus résiliente au dérèglement climatique. Une des clés pour l’avenir sera d’avoir des forêts mélangées où les arbres d’âges, d’essences et de tailles variés cohabiteront.

Plantation manuelle de chêne

Le choix des essences ne se fait au hasard

Toutes les essences qui sont plantées par l’ONF sont choisies sur la base d’un diagnostic poussé et d’une réglementation stricte : on ne plante pas ce que l’on veut. Sensibilité du sol au tassement ou à l’érosion, réserve en eau, contraintes et potentialités pour les essences, adaptation aux évolutions des températures… autant d’éléments que les forestiers analysent pour choisir les espèces d’arbres à planter.

Donner à ces plantations toutes les chances pour qu’elles durent

La connaissance du sol et les travaux préalables à la plantation constituent des étapes déterminantes qui conditionnent le développement des jeunes arbres. Ces derniers quittent la pépinière, milieu très favorable à leur croissance, pour rejoindre une parcelle forestière, milieu plus hostile. Dès leurs premières années de vie en forêt, divers stress conditionnent leur survie : météorologiques (fortes températures, gels, sécheresses), biotiques (insectes, champignons, bactéries, grands mammifères) et activités humaines (préparation du sol, stockage et entretien des plants…).

Raison pour lesquelles, avant chaque plantation, les forestiers effectuent des travaux préparatoires aux emplacements prévus pour recevoir les jeunes arbres. Du broyage de la végétation gênante (ronces, fougères), au décompactage du sol en passant par la mise en place de protections contre le gibier sont autant d’actions qui facilitent leur croissance.

Jeunes chênes préprarés pour la plantation

Protéger ces jeunes arbres contre la dent du gibier

Les jeunes plants mis en terre sont la proie de l’appétit des chevreuils mais aussi des cerfs et biches. Pour les protéger, l’ONF installe le plus souvent des protections individuelles (tubes) ou des petits placeaux fermés par un filet (photo). Ces protections sont enlevées plusieurs années après la plantation lorsque les jeunes arbres atteignent une certaine hauteur et ne craignent plus d’être consommés par ces animaux.

L'Etat et la Région Île-de-France aux côtés de l’ONF

En Île-de-France, l’État, avec le plan France Relance et la Région Île-de-France soutiennent financièrement l’ONF en aidant à reconstituer les forêts domaniales qui connaissent des peuplements détruits ou dépérissant : crises sanitaires, maladies, incendies, sécheresse.

Aujourd’hui, le climat change. Si des incertitudes existent encore quant à son ampleur, il faut s'adapter à cette nouvelle donne. A l'ONF, nous faisons le pari d'une forêt diversifiée avec différentes essences. Une manière de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. Si une nouvelle maladie ou un insecte ravageur devait s’abattre sur telle essence, une autre sera là pour prendre sa place.

Alexandre Butin, responsable adjoint de l'Unité territoriale de Fontainebleau