En forêt du Frioul, le câble utilisé pour préserver les sols et la biodiversité

Située dans la basse vallée du Furan dans la Loire, aux portes de Saint-Etienne, la forêt du Frioul constitue le massif le plus récent de la ville avec l’acquisition, en 2003, des premières parcelles. Dans le cadre d'une coupe de bois, l'Office national des forêts (ONF) a choisi d'utiliser le débardage par câble-mât : une technique complexe qui présente de nombreux avantages.

Dans cette parcelle, le peuplement est une futaie régulière d’épicéa commun et d’épicéa de Sitka d’une soixantaine d’années. Ce sont des arbres ayant le même âge. Issue de plantation, ce peuplement, avec des tiges très serrées, n’a jamais pu faire l’objet de coupes d’éclaircies à cause des difficultés d’accès.  En effet, la parcelle se trouve en fond de vallon, sur un terrain très humide et donc sensible à la circulation des engins d'exploitation. Par conséquent, les arbres se sont développés en hauteur sans pouvoir acquérir un diamètre suffisant. Aujourd'hui, le peuplement est jugé très instable et pourrait s’effondrer en cas de vent fort.

Ce phénomène risque de s’aggraver avec les sécheresses estivales répétées. Les épicéas de Sitka (qui représentent la moitié du peuplement) commencent à présenter des signes de dépérissement, notamment des coulures de résine sur les troncs suite à des attaques d'insectes.

Zone en fond de vallon concernée par la coupe - ©Alain Thibaudet / ONF

Le saviez-vous ?

Pour cette forêt, le plan de gestion, validé pour la période 2012 – 2031 (qui doit être élaboré et renouvelé tous les 20 ans), prévoit la mise en œuvre d’une gestion multifonctionnelle ayant pour objectifs le développement de l’accueil du public, la protection de la biodiversité ainsi que la mise en place d’une sylviculture durable visant à produire du bois de qualité. C’est dans le cadre de ce plan que la coupe concernée est effectuée.

Comme prévu dans le document d’aménagement, il a été décidé par le propriétaire, avec l’appui de l’ONF, d’effectuer une coupe rase afin de restaurer la ripisylve (peuplement en bordure de cours d’eau) en replantant des essences spécifiques à ce milieu.

La coupe porte sur une surface de 2,6 hectares et représente un volume d’environ 1000 m3. Les nouvelles essences devront également être adaptées aux effets du changement climatique.

Le câble, une solution adaptée aux milieux inaccessibles

Chariot positionné sur le câble porteur - ©Alain Thibaudet / ONF

Située dans un fond de vallon très humide, il est impossible pour les engins nécessaires au débardage des bois d’accéder à la zone de la coupe sans dégrader fortement le terrain et donc le capital patrimonial de la forêt ainsi que la biodiversité.

Afin d’éviter d’abîmer les sols il existe une alternative : le débardage par câble-mât. Cette solution permet d’éviter la circulation d’engins en sortant les bois "entiers" de la zone via un tractage par câble. Un mât est placé sur la zone de sortie des bois et supporte un câble tiré à travers la forêt et arrimé au pied d’un arbre solide. Un charriot, placé sur le câble porteur, sert à tracter les bois d’un bout à l’autre.

Le débardage par câble est couteux et complexe à mettre en place car, selon Alain Thibaudet, technicien forestier territorial dans l’unité de la Loire à l'ONF, "il nécessite une excellente coordination entre tous les intervenants. Il faut, par exemple, concilier l’arrivée des bois sur la plateforme avec l’arrivée des transporteurs." Mais, dans le contexte de cette opération, les avantages l’emportent : le débardage par câble permet d’avoir un impact quasi nul sur le terrain.  

Bien qu’aucune espèce protégée n’ait été détectée sur le site, le vallon reste un milieu sensible et nous souhaitons limiter au maximum l’impact sur les sols

Alain Thibaudet, forestier à l'ONF.

L’ONF, en tant que coordinateur de cette opération, a fait appel à une entreprise extérieure qui possède le matériel adéquat pour réaliser ce type de chantier. La coupe est en cours et se poursuivra au minimum jusqu’à fin avril.

Financement

Cette coupe est subventionnée à hauteur de 2 240 euros par le FEADER (fonds européen agricole pour le développement rural) ainsi que par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation à parts égales.

Et aussi :