Un chantier d’envergure pour sécuriser l’exploitation d’un barrage EDF en zone humide

Dans la forêt alluviale qui borde le lac de Bouvante (Drôme) et son barrage hydro-électrique, la quantité de bois mort naturellement générée pose problème lors des périodes de crues en s’accumulant dans l’évacuateur du barrage. Pour garantir le bon fonctionnement de l’installation tout en respectant l’écosystème, EDF a confié à l’Office national des forêts les travaux identifiés dans le plan de gestion du site.

Cette forêt alluviale, d’une surface d’environ 17 hectares, présente un écosystème identifié comme zone humide majeure au cœur du Parc naturel régional du Vercors. L’enjeu du chantier était donc de limiter le bois mort avant la montée des eaux et de préserver le milieu. Pour cela, une équipe d’ouvriers ONF de l'Isère s’est associée à des entreprises spécialisées dans la traction animale et le broyage de la végétation. EDF a également fait appel au bureau d'études Ing'Europ afin de suivre l'avancement du chantier. 

Les travaux ont démarré le 1er septembre 2020 par des opérations d’abattage, d’élagage, de débardage et de démontage des embâcles (amas de débris qui obstruent un cours d’eau). L’objectif est de limiter tous les potentiels débris provenant de la végétation dépérissante avant les prochaines crues.

Barrage et lac de Bouvante hors période de crue. - ©ONF / Caroline Vivancos

Par chance, la météo a été très favorable durant la première étape du chantier. La pluie et l’humidité auraient fortement compliqué la circulation des engins. Nous bénéficions également du matériel adapté aux particularités du site : un microtracteur qui ne doit pas dépasser un certain tonnage afin de pouvoir traverser le pont de pierre qui permet l’accès aux lieux.

David Rozand, conducteur de travaux à l'ONF.

Dans les zones inaccessibles et sensibles d’un point de vue écologique, le débardage à cheval a été utilisé. Deux chevaux équipés d’un traineau tractent des bois de diamètre plus ou moins important. Cette technique présente l’avantage de limiter le travail de ramassage de menu bois, et de réduire les perturbations sur la faune et la flore de cet espace sensible. Les bois récoltés sont ensuite broyés sur place grâce à un broyeur à chenille.

Attelage d'un cheval de trait tirant le traineau sur lequel est chargé le bois. - ©ONF / Caroline Vivancos

Des plantations pour retenir le bois mort

Prochaine étape du projet : des plantations stratégiques sont prévues cet automne afin de créer un effet peigne et de retenir le bois mort en amont du barrage. Ces plantations, essentiellement composées d’essences locales de saules blancs et de saules drapés, auront lieu après la phase d’enlèvement du bois. Les pieux seront fournis par une entreprise ardéchoise qui effectue ses prélèvements sur ou à proximité des bassins versants concernés.

Avant la phase de plantation, nous avons posé une clôture afin de protéger les boutures des chevaux et des chèvres semi-sauvages vivant à proximité du site. Il faut savoir que le dépérissement responsable de la production de bois mort est en partie causé par ces animaux qui écorcent les troncs des saules et empêchent la reprise des jeunes pousses.

David Rozand, conducteur de travaux ONF.

Bien que l’afflux de débris soit limité par les nouvelles plantations, quelques travaux d’entretien réalisés chaque année permettront ensuite de préserver la sécurité du site d’exploitation du barrage avec un minimum d’impact sur le milieu.