La forêt de Montmorency dépérit, l'ONF organise des coupes et des plantations

La pétition "Tous mobilisés pour la forêt de Montmorency", adressée aux ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, soulève les inquiétudes d'une partie de la population. Pourquoi de telles coupes sanitaires et parfois rases ? Les équipes de l'Office national des forêts (ONF) expliquent leurs actions dans cette forêt du Val-d'Oise, qui souffre de plusieurs maux en raison du changement climatique.

En forêt de Montmorency, l'ONF a réalisé en 2019 et 2020 de nombreuses coupes et plantations, notamment en raison de problèmes sanitaires. Cette forêt domaniale du Val-d'Oise souffre, comme 34% des forêts de châtaigniers d'Île-de-France, de la maladie de l'encre.

Ce pathogène microscopique détruit le système racinaire des châtaigniers. Les arbres touchés se caractérisent par des feuilles jaunâtres et petites, un dessèchement des rameaux, des fructifications de petite taille puis un dépérissement général. Découvrez plus d'explications dans la vidéo ci-dessous.

©ONF

L'encre du châtaignier, à l’état latent, s’est propagée très rapidement ces dernières années au sein des châtaigniers en raison de printemps humides qui ont engorgé les terrains, favorisant sa multiplication et son déplacement dans le sol. Les périodes de sécheresse suivantes n’ont pas permis aux arbres nécrosés de réagir. Ce constat a été réalisé par l'ONF en collaboration avec le département santé des forêts (DSF) du ministère de l’Agriculture et l’INRA, grâce à des mesures d’analyse prises en laboratoire.

Les épicéas de cette forêt ont aussi subi des attaques de scolytes. Les larves de ces insectes, dits "ravageurs", se nourrissent de la sève des arbres et provoquent leur mort.

Carte de la programmation des coupes et plantations 2019-2020 - ©ONF

Aux origines de l'encre du châtaignier

Cette maladie est à l'origine des dégâts considérables dans la châtaigneraie française entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Puis elle est restée "silencieuse" pour réapparaître dans les années 1990-2000 dans les régions soumises au climat atlantique. On constate un développement de cette maladie en Île-de-France, notamment dû aux hivers doux et aux printemps pluvieux, favorables à la prolifération de ce pathogène qui se propage plus facilement dans l’eau. Cette maladie concerne toute la châtaigneraie du nord-ouest de la France.

Des coupes nécessaires

Face à la propagation très rapide de ces pathogènes, l'ONF doit trouver des solutions pour assurer la pérennité de la forêt. En l'absence de traitement, les châtaigniers malades sont coupés. Ces coupes sanitaires conduisent parfois à des coupes rases sur certaines parcelles. Elles sont programmées par l'ONF pour assurer la sécurité des usagers et la pérennité de la forêt non encore atteinte par la maladie.

Lors des exploitations, pour votre sécurité, ne rentrez pas dans les chantiers ! Certaines coupes font l'objet de communiqués de presse. Informez-vous ci-dessous ! 

Coupe de châtaigniers morts en forêt de Montmorency. - ©Ysatys Nadji / ONF

Des plantations prévues

Ces coupes sont et seront suivies de plantations d’essences mieux adaptées au sol et tolérantes au pathogène. L'ONF a lancé une campagne de plantations sur les années 2018/2019 sur les parcelles 108/109 (6 hectares), 140 (3,61 hectares), 162/163 (7,38 hectares), 220/221 (2 hectares).

Plus de 20 000 arbres, principalement des chênes sessiles, seront ainsi plantés. Ces plantations seront précédées d'opérations de préparation des sols. Les jeunes plants seront protégés de la dent du gibier par des protections individuelles.

©Ysatys Nadji / ONF

La forêt domaniale de Montmorency

Couvrant environ 2.000 hectares, située dans le Val d'Oise, cette forêt est composée majoritairement de châtaigniers (70%). Elle se caractérise par une biodiversité riche avec ses deux réserves biologiques dirigées (zones protégées) : la Cailleuse et le Nid d'aigle, qui permettent d’assurer la gestion conservatoire d’espèces rares ou menacées. Ses milieux humides (étang Godard et Marie, mares...) amènent par ailleurs une diversité de flore et de faune. Cette forêt est très fréquentée avec 5 millions de visites par an.

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©ONF