Une déclaration d’amour des Franciliens envers leurs forêts publiques

Les Franciliens ont-ils un besoin de forêts ? S’y rendent-ils souvent ? Pensent-ils qu’elles sont bien gérées ? Oui, selon l’enquête de l’institut Viavoice réalisée au printemps dernier en Île-de-France. L'ONF publie les résultats de cette étude.

Engagé à renforcer le dialogue avec les usagers, l’Office national des forêts a commandité une enquête auprès de l’institut Viavoice sur le rapport des Franciliens à la forêt et leurs attentes. Réalisée sur un échantillon représentatif de la population régionale, elle révèle des résultats inédits et parfois surprenants

Ce baromètre, dont c’est la première édition, met en évidence de nombreux points de satisfaction, mais révèle aussi les raisons de certaines crispations. Notamment lorsqu’il est question de la gestion durable des forêts ou de la coupe d’arbres qui produit pourtant du bois utile à la société.

 

Des forêts très fréquentées et bien gérées

Les Franciliens aiment se promener en forêt. S'y rendre régulièrement fait partie de leurs habitudes en Île-de-France. D’après l’enquête, une personne interrogée sur deux déclare se rendre une fois par mois en forêt.  Cette fréquentation est « sociale » car la sortie forestière se fait rarement en solitaire. Les usagers vont très majoritairement en forêt en famille ou entre amis.

Rechercher le calme, respirer l’air pur, être en contact avec la nature... La forêt représente tout ça à la fois. Comme lieu de ressourcement, elle est souvent synonyme de bien-être et d’apaisement. Les sensations éprouvées, qu’elles soient décuplées par l’environnement urbain ou le contexte postCovid, y sont positives : le passage en forêt est source de sérénité pour 9 Franciliens sur 10. 86 % d’entre eux s’y décrivent en symbiose avec la nature.

En Ile-de-France, les fonctions écologiques prennent plus encore qu’ailleurs en France, une grande importance. Réservoir de biodiversité de premier plan, la forêt joue un rôle inestimable dans la conservation de la biodiversité fragilisée par le voisinage urbain.

Cette fréquentation assidue se double d’un taux de satisfaction élevé, 74 % des Franciliens déclarent leurs forêts « bien gérées ». Des résultats qui dépassent la moyenne nationale. Une enquête menée par l’ONF en 2019 indiquait pour la même question 58 % de satisfaits contre 23 % d’insatisfaits.

Arnaud Zegierman, directeur de l’Institut Viavoice, retrouve dans ces résultats des mécanismes observés dans d’autres études. « Plus on fréquente la forêt, plus on la connaît, plus on apprécie la façon dont elle est gérée », résume-t-il.

 

 

Des sentiments contradictoires

D’après l’enquête, les Franciliens semblent par ailleurs ouverts à l’exploitation des forêts.

La récolte de bois constitue l’un des moteurs de la contestation en Île-de-France. Elle est souvent décriée et parfois considérée comme injustifiée. À ce sujet, le baromètre révèle une perception contrastée. Si 68 % des Franciliens jugent utile de couper des arbres pour fournir du bois, comme matériau écologique et renouvelable utile à la société, ils sont aussi 46 % à ressentir de la tristesse. Sur cette question, l’étude révèle toutefois un écart de perception entre les moins de 35 ans et les aînés qui y sont plus favorables.

L’enquête mesure également la connaissance des Franciliens sur le milieu et l’exploitation forestière. Elle illustre la persistance de certaines idées reçues :

  • 61 % des Franciliens pensent que la forêt française est un espace sauvage et ignorent qu’elle est issue du travail de l’homme depuis plusieurs siècles ;
  • à peine 26 % savent que la coupe d’arbres ne réduit pas la surface des forêts.

La nécessité de renforcer le dialogue avec les franciliens

"Si la forte satisfaction exprimée est une source de fierté pour nous ", précise Michel Béal, directeur de l’agence Île-de-France Ouest à l’ONF, "certains indicateurs du baromètre nous incitent à poursuivre et renforcer le dialogue pour conserver la confiance des Franciliens".

En Île-de-France, l’ONF déploie depuis plusieurs années des dispositifs de rencontres et d’échanges entre forestiers et grand public. C’est le cas notamment dans ses 4 centres d’éducation à l’environnement : l’Hamadryade à Port-Royal, les Faisanderies de Fontainebleau et Sénart et l’Ecole de la Campagne et de la Forêt à Marly-le-Roi.

Ces structures pédagogiques accueillent chaque année plus de 16 000 personnes - de la maternelle à l’université, ainsi que de nombreuses autres structures (entreprises, institutions, associations, centres sociaux...) en les sensibilisant aux problématiques forestières et liées à la biodiversité.

Plus de 700 chantiers participatifs sont également organisés chaque année. Des actions d’arrachage de plantes invasives, de travaux écologiques (réouverture de lande, nettoyage de mares...), de ramassage de déchets et de plantation sont autant d’occasions pour les usagers et riverains de découvrir certains aspects du métier de forestier ou de rencontrer celles et ceux qui gèrent les forêts au quotidien.

Enfin, des événements destinés au grand public sont aussi régulièrement organisés comme par exemple l’opération Tous en forêt qui a réuni en septembre dernier plus de 1 000 participants dans les forêts franciliennes lors de balades pédagogiques et d’échanges avec les forestiers. Sans oublier la journée internationale des forêts, dont la prochaine édition aura lieu le 21 mars 2023.

La majorité des usagers aime les forêts publiques et déclare qu’elle est également satisfaite de la façon dont nous les gérons. Les critiques parfois vives exprimées par une minorité d’opposants le font trop souvent oublier.

Michel Béal, directeur de l’agence Île-de-France Ouest à l’ONF