Débardage par câble-long en forêt communale d’Arbas, un chantier impressionnant de technicité

Le 8 octobre 2021, en présence de nombreux partenaires locaux de la filière bois et de journalistes, les équipes de l’Office national des forêts (ONF) d’Occitanie ont présenté un chantier de débardage par câble-long. Le lieu : la forêt communale d’Arbas (Haute-Garonne). ce chantier portait majoritairement sur des chablis de hêtre issus de la tempête Barbara de 2020.

La forêt communale d’Arbas en Haute-Garonne, a été fortement touchée par la tempête Barbara d'octobre 2020. De nombreux arbres se sont retrouvés à terre sur une parcelle de 157 hectares composée d’une hêtraie pure.

Le chaos rocheux sur le terrain abrupt ne permet pas l’exploitation des bois par tracteur forestier. De plus, une partie de cette parcelle est concernée par un captage d’eau potable qui empêche la création d’une piste forestière.

En images, la visite du chantier câble...

Une forêt jamais éclaircie en 200 ans

La forêt d’Arbas, intégralement classée en forêt de protection contre les risques naturels, comporte une hêtraie issue du charbonnage, qui n’a jamais été éclaircie en 200 ans. Sur 437 hectares de superficie, moins de 80 hectares sont en production.

L’aménagement forestier qui date de 2016, prévoyait de créer des pistes depuis le village pour exploiter la hêtraie. Il y a deux ans, l’ONF avait fait passer des entreprises pour chiffrer le prix du bois sur pied et la création de pistes pour l’avenir de la forêt. Les acheteurs potentiels ont décliné l’offre et les projets de dessertes ont échoué du fait de la présence importante de lapiaz et de chaos rocheux qui rendaient l’exploitation trop chère pour des bois de faible valeur.

La tempête Barbara a changé la donne ! Près de 2 000 m3 de bois se sont retrouvés au sol, inaccessibles à l’exploitation. Sans intervention, ce bois aurait été perdu en l’espace de deux ans, un manque à gagner important pour la commune.

Les chablis : un arbre arraché par les vents et tombé dans la pente - ©Yovanka Ratkovic / ONF

L’ONF apporte une solution viable économiquement

L’opportunité d’exploiter cette parcelle à l’aide du câble-long s’est présentée grâce au concours de l'entreprise locale Aéro-Bois, spécialisée dans cette technique, et d’une possibilité de financement offerte par la région Occitanie, attachée à la promotion de la filière bois.

Le technicien forestier de l’ONF en charge de la gestion de la forêt d’Arbas et le conseil municipal se sont concertés et ont mis en place un dossier de subvention. La réalisation de ce projet complexe a abouti grâce à l’implication de la mairie d’Arbas, au savoir-faire de l’entrepreneur local, Milien Laisney - Aéro Bois, au financement de la région Occitanie et à l’acceptation du passage du câble dans leurs forêts par les propriétaires privés concernés.

Nous travaillons avec un technicien forestier de l’ONF compétent avec qui nous avons pu monter le dossier et le montage financier. Cela a permis à la commune de ne pas avancer d’argent et d’être subventionnée à 40 % par la Région. Sans l’ONF, nous n’aurions pas pu exploiter ces bois. La forêt maintenant va pouvoir repousser et être valorisée pour les générations à venir.

Sylvie Simpson, maire d’Arbas

La technique utilisée ? Le câble-long

L’entreprise Aéro-Bois, est spécialisée dans le débardage par câble aérien. Son dirigeant, Milien Laisney, est à ce jour le seul exploitant en France continuant à utiliser le câble-long.

Si le débardage par câble-mât est régulièrement pratiqué dans le massif pyrénéen, le recours au câble-long (treuil) est une technique peu mise en œuvre, et surtout employée pour résoudre des situations particulières.

Bien que coûteuse, cette technique présente de multiples avantages :

  • accéder à des secteurs qu’un tracteur ne pourrait pas atteindre, notamment avec des pentes de 60 - 80%.
  • éviter la création de pistes à l’intérieur du peuplement boisé en remontant les bois le long de la pente, suspendus à un câble tendu entre deux supports. Pour ce chantier, neuf lignes d’une ouverture de 5 à 10 mètres et espacées chacune de 70 mètres sont installées pour le passage du câble.

 470 m3 de bois ont déjà été exploitées sur la 1ère ligne. Le chantier durera un an.

En savoir plus sur le débardage par câble aérien

Milien Laisney, câbliste. Très utilisée dans les Alpes autrichiennes notamment, il ne reste qu'une seule équipe cabliste qui travaille dans les Pyrénées françaises d'Aérobois localisée dans les Pyrénées centrales. - ©Yovanka Ratkovic / ONF

Notre intérêt à tous est de développer ou du moins maintenir cette technique sur le massif Pyrénéen, afin de pouvoir y recourir lorsque cela est nécessaire. Certains chantiers ne pouvaient pas être réalisés faute de technique, ils pourront désormais être mis en œuvre grâce à cette méthode.

Jean-Lou Meunier, directeur ONF de l'agence Pyrénées Gascogne.

Valorisation locale des bois

En dehors des bois issus des chablis de la tempête de 2020, sont aussi récoltés les bois sur l’emprise des lignes de câble et des bois restés sur pied. Ces arbres sont vendus localement. Ils alimenteront principalement la filière bois-énergie, ainsi que la filière pâte à papier avec l’usine SEBSO Fibre Excellence de Saint-Gaudens et des entreprises de bois de chauffage locales avec qui l’ONF a des contrats d’approvisionnement. Dans la mesure du possible une valorisation en bois d’œuvre sera recherchée auprès des transformateurs locaux.

Grâce au principe des ventes groupées proposées par l'ONF, la commune bénéficie de l'avance de trésorerie liée aux frais d'exploitation et au délai d'obtention de la subvention.

Des partenaires de la filière bois satisfaits

Implantée dans toutes les régions du sud de la France, la société d'exploitation du Sud Ouest (SEBSO) mobilise durablement la ressource forestière auprès des propriétaires forestiers et valorise tous les types de bois issus des récoltes vers les industriels et les professionnels de la filière forêt-bois.

Son directeur a salué l’initiative de l’ONF d’exploiter des bois qui sont classiquement compliqués à trouver car il est difficile de créer des pistes sur des pentes à 60 %. Il faut penser avant tout à la sécurité des personnes qui travaillent en forêt. Cette coupe réalisée avec une maîtrise d’œuvre ONF permet de valoriser au mieux les bois des communes.

Lors de la visite du chantier, l'ensemble des partenaires s'est montré satisfait.

De nombreux élus de forêts communales nous disent qu'ils n'ont pas de budget pour créer une piste de débardage. Ils se demandent si le câble pourrait les aider. C’est le sens de cette journée de démonstration : montrer que des solutions existent ! Il est important que les élus nous fassent confiance.

Christian Vallet, directeur commercial bois à l'ONF.

Une forêt communale gérée durablement

La forêt d’Arbas, comme toutes les forêts publiques est gérée de façon multifonctionnelle. La surface en sylviculture de production est principalement gérée en futaie irrégulière. Sur la parcelle fortement touchée par la tempête, les forestiers de l’ONF martèlent les arbres qui sont encore sur pied pour améliorer le peuplement, par des petits bois, des bois moyens et des gros bois, avec des zones de trouées bien ensoleillées où les jeunes semis se développeront. Des arbres conservés pour la biodiversité sont très présents dans cette parcelle. Le bois mort est maintenu sur place.

La fonction sociale de la forêt d’Arbas est également importante avec la présence d’un périmètre rapproché de captage d’eau potable. Son intérêt paysager induit une fréquentation en forte croissance de la part des randonneurs, parapentistes et surtout des spéléologues (site d’intérêt mondial de 120 km et 57 entrées). Elle présente un enjeu écologique reconnu avec notamment la présence d’un couple nicheur d'un rapace rare, le Vautour percnoptère d’Egypte.

©ONF

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