La forêt du Gâvre, un site d'intérêt national pour les chauves-souris

La forêt domaniale du Gâvre abrite près de ¾ des espèces de chauves-souris connues en région Pays de la Loire. Un chiffre qui s’explique en partie par la présence de nombreux vestiges militaires, entretenus par l’ONF avec l'aide des associations naturalistes locales.

Le département de la Loire-Atlantique est pauvre en cavités naturelles. Pourtant, de nombreuses espèces de chauves-souris - comme le Grand Rhinolophe, le Grand Murin, le Murin de Bechstein ou encore la Barbastelle - ont su s’adapter à ces conditions géologiques a priori peu favorables à leur implantation. Leur astuce ? Se reporter massivement sur des gîtes anthropiques (ponts, caves, greniers, etc.) durant les différentes phases de leur cycle biologique. Dans ce contexte, l’occupation d’anciennes structures militaires, encore existantes en forêt domaniale du Gâvre, n’est pas surprenante.

Le patrimoine historique de la forêt du Gâvre participe activement à la préservation des chiroptères. Si les bâtiments datant de la Seconde Guerre mondiale ont aujourd'hui disparu, 26 caissons de dépôt de munitions en béton hébergent de nombreuses colonies de chauves-souris. Ils sont entretenus par les forestiers de l'ONF, et font l'objet d'un suivi régulier de la part des membres du réseau "Mammifères" de l'ONF et des associations naturalistes locales.

Dans 20 ans, les peuplements de pins abritant ces caissons en béton arriveront à maturité. Il sera alors temps pour les forestiers de l’ONF de les renouveler. Pour anticiper l’effet des futurs coupes sur le comportement de ces mammifères, l’ONF teste depuis deux ans - avec la participation des associations environnementales locales - l’impact de deux scénarios sylvicoles sur des sites d’hivernage de chauve-souris en forêt du Gâvre. Concrètement, ce dispositif vise à mesurer les répercussions d’une coupe de régénération à proximité de cinq premiers caissons en béton, en comparaison avec cinq autres où aucune récolte de bois aux alentours ne sera prévue.

Pour y parvenir, des enregistreurs seront placés en sortie des caissons pour mesurer l’activité des chauves-souris à l’automne. Ce travail est complété par un comptage annuel des chauves-souris en période hivernale et par des enregistreurs thermiques et hygrométriques permettant de détecter les modifications éventuelles des conditions de vie des chiroptères dans les caissons en béton . "En fonction des réponses qu’apporteront cette étude, l’objectif sera d’adapter notre gestion pour assurer la préservation de ces espèces sur le massif", explique Mickael Ricordel, chef de projet environnement à l’ONF Pays de la Loire.

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Une présence exceptionnelle

Grâce à de nombreux aménagements dédiés, la forêt du Gâvre est aujourd’hui devenue l’un des deux sites majeurs pour les chiroptères à l’échelle du département de la Loire-Atlantique. Après de nombreuses études et inventaires, les forestiers du réseau "Mammifères" de l’ONF et les associations environnementales locales ont pu prouver la présence de 19 espèces de chauves-souris en forêt du Gâvre, sur les 22 espèces connues en région Pays de la Loire.

Lenoir Yannick / Photographe privé

L'ONF mobilisé pour la préservation des chauves-souris

Depuis plus de vingt ans, les membres du réseau naturaliste "Mammifères" de l'ONF œuvrent à la prise en compte des chauves-souris dans la gestion forestière courante. En 2009 et 2010, avec l'aide financière du conseil départemental de Loire-Atlantique et du ministère de l’Écologie (dans le cadre du Plan National d’Actions "Chiroptères"), d’importants travaux d’aménagement et de mises en sécurité ont été entrepris en forêt du Gâvre. Ces opérations ont permis d’améliorer significativement la tranquillité et la capacité d’accueil des sites pour les colonies hivernales de chauves-souris, notamment grâce à l’installation de grilles métalliques leur permettant de sortir et de rentrer en toute sécurité.

Dans le cadre d’un mécénat avec l’entreprise IKEA, d’autres travaux réalisés en 2014 et en 2017 ont permis d’optimiser la surface d’accueil des caissons en béton. Enfin, en mai 2019, une opération de nettoyage de ces structures a été menée avec les salariés d’une entreprise ligérienne dans le cadre d’une action de teambuilding. Plusieurs kilos de déchets et bouteilles en tout genre ont été récoltés : un gain de place et une amélioration de la qualité de vie pour les petits mammifères volants !

Ensemble, soyons vigilants

Les caissons creux en béton où logent les chauves-souris sont toujours la cible d'actions indésirables (curieux, fêtard, chercheur de reliques militaires, géocatching). Ces incivilités perturbent gravement les colonies, ce qui est hautement préjudiciable en période d'hivernage. L'ONF invite donc chacun à respecter ces sites et les espèces qu'ils abritent. Indicateurs de la bonne santé des forêts, ces animaux jouent un rôle essentiel dans la régulation des insectes ravageurs (des cultures agricoles et peuplements forestiers) et des "vrais" suceurs de sang que sont les moustiques, capables de gâcher nos douces soirées d’été.

Ces mammifères inoffensifs sont encore victimes d'accusations farfelues ou injustifiées alors qu'elles sont quotidiennement utiles à la forêt et à l'Homme.

Mickaël Ricordel, Chef de projet environnement à l'ONF Pays de la Loire

Des espèces protégées par la loi

En France, toutes les espèces de chauves-souris sont protégées par la loi de 1976 sur la protection de la nature, article L.411-1 du Code de l’Environnement. Il est donc interdit des les détruire, de les mutiler, de les capturer, de les naturaliser, de les transporter, de les vendre et de les acheter. Depuis lors, cette protection a été renforcée par un arrêté ministériel qui protège les 34 espèces présentes actuellement sur le territoire métropolitain de façon nominative ainsi que leurs sites de reproduction et leurs aires de repos.

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