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3 questions à... Dominique Messant, directeur Forêt à l’ONF Lorraine

Le changement climatique se remarque-t-il dans notre région ?

Dominique Messant : Le changement climatique se traduit déjà par une augmentation des températures moyennes depuis une cinquantaine d'années. Les arbres poussent plus vite aussi.

Mais il y a des effets négatifs : une amplification de phénomènes extrêmes comme les tempêtes (la Lorraine en a connu 3 en 25 ans), des sécheresses et canicules à intervalles de plus en plus rapprochés, et la remontée vers le Nord de ravageurs forestiers plus méridionaux comme la Processionnaire du chêne que les Lorrains connaissent bien depuis quelques années.

Le cumul de ces facteurs entraîne déjà des dépérissements sensibles. Notons en deux en Lorraine : celui du Chêne essentiellement pédonculé dans la région de Fénétrange en Moselle, et celui du Hêtre en bordure Ouest des Vosges.

Quelles sont les mesures déjà préconisées concernant les impacts du changement climatique sur les forêts ?

D. M. : L'impact des changements climatiques est largement abordé dans les directives de gestion des pouvoirs publics. Un certain nombre de mesures générales permettent d'ores et déjà d'anticiper les changements.

Il nous faut d'abord améliorer la stabilité et la résilience des peuplements forestiers surtout dans le contexte post tempête : faire le bon choix des essences selon les stations en privilégiant les essences climatiques et leur régénération naturelle.

Favoriser le mélange à tous les stades de vie des forêts nous amène par exemple à limiter l'hégémonie du Hêtre sur plateaux calcaires et en collines sous-vosgiennes, et à limiter l'expansion du Sapin hors de son aire. La plus grande vigilance sur l'équilibre faune flore garantira aussi notre travail en faveur de la biodiversité.

Comment cela ?

D. M. : Il est certain que les essences présentes en Lorraine sauront faire face et un remplacement naturel par les essences les plus adaptées est à prévoir.

Cependant l'état assez général de déséquilibre entre les grands ongulés et la flore ne permet pas cette expression de la dynamique naturelle, donc l'acquisition de la biodiversité, qui est en quelque sorte notre assurance face à l'avenir.

Cette acquisition de l'équilibre doit être acceptée par les différents acteurs de la manière la plus prioritaire, il en va de la pérennisation de notre système forestier face aux changements à venir.